Thaïlande, Indonésie, Autriche, Roumanie, Jordanie : entretien avec José Galán, l’aventurier du football espagnol

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José Pedrosa Galán, 32 ans et une carrière faite de voyages et de sauts dans l’inconnu, pour une seule chose : jouer au football. Pour FuriaLiga, l’aventurier du football espagnol raconte ses débuts, les grands entraîneurs qui l’ont marqué, la vie au bout du monde. 

Faire ce que l’on aime, sous des projecteurs à la lumière capricieuse. Seuls de rares privilégiés peuvent profiter du halo des lampes du football de premier plan. Mais la lumière est universelle, il suffit de se déplacer pour aller la trouver. Alors, certains franchissent le pas d’aller la poursuivre autre part. Là-bas, pour leur plus grand bonheur ils se rendent compte qu’elle n’éclaire pas moins. Pour Galán, 32 ans et 14 clubs défendus de par le monde, l’illumination du football aura été une bienveillante accompagnatrice, et ce depuis ses débuts à l’Atlético de Madrid.

Quelles valeurs étaient enseignées dans le centre de formation de l’Atlético de Madrid? Quelle était la philosophie ?

Les valeurs, c’étaient les mêmes que celles de l’Atlético aujourd’hui. Même si c’était un grand club, c’était un club très familial. Le côté humain était en-dessus de tout. J’ai eu la chance d’avoir des entraîneurs qui aimaient le bon football : Quique Estebaranz qui venait du Barça de Cruyff, Milinko Pantic qui a été un joueur de grande qualité. C’est à partir de ma signature à l’Atlético que je me suis rendu compte que je voulais être professionnel.

En étant dans l’Atlético B, je suppose que des joueurs montaient en première équipe, mais pas toi. Est-ce là un premier moment difficile dans la carrière d’un jeune footballeur ?

Mario Suárez était mon coéquipier. Nous jouions les deux au milieu, et d’un jour à l’autre, tu le vois avec la première équipe, séparée de nous seulement par un grillage. Il y a un peu de saine jalousie. Tu te dis « pu****, si lui il y est, moi je peux aussi. Il y a deux jours nous jouions ensemble ». Mais ça te motive aussi. On t’enseigne très tôt que la concurrence sera là tous les jours. Ça te fait mûrir vite et ça te rend plus exigeant envers toi-même pour arriver là où sont arrivés tes coéquipiers.

Ensuite, tu pars à Toledo en 2007. Se sent-on moins protégé quand on sort du centre de formation ? Dans ces clubs, certains ne sont plus tous jeunes et jouent leur carrière…

À Toledo, ça a été le meilleur vestiaire que j’ai côtoyé dans ma carrière, et celui dans lequel on m’a le plus enseigné. Des joueurs vétérans qui avaient joué en première ou deuxième division, des joueurs au-dessus de la trentaine m’ont accueilli un peu comme une mascotte, parce que j’étais le plus jeune. Ils me respectaient comme joueur et voulaient que je progresse.

Je peux te dire que ça a été une de mes années les plus utiles. J’ai joué comme ailier gauche, ailier droit, milieu offensif, milieu et latéral. Aujourd’hui, je remercie les entraîneurs et les joueurs vétérans pour l’attention qu’ils m’ont portée.

« J’ai passé huit mois entièrement seul. Tu te rends compte du côté sombre du football »

Comment vit-on le fait de jouer dans une position qui n’est pas la sienne ?

À ce moment, toi ce que tu veux, c’est jouer. C’est vrai que parfois je me fâchais. Peut-être, à cet instant, en étant si jeune, tu ne valorises pas que l’entraîneur te fasses jouer toi plutôt que d’autres. À Almería, avec la première équipe, j’ai joué en tant que latéral droit, et ça s’est bien passé justement parce que j’avais déjà joué là à Toledo. À la longue, tout fait sens et te sert à quelque chose.

Le premier Espagnol à avoir joué en Thaïlande, à l’interview pour une chaîne de TV de son pays.    /Crédits : www.jpgalan10.com

À Almería, tu te blesses gravement et on te vire du club malgré une année de contrat restante. Dans ce moment difficile pourquoi revenir de blessure plutôt que de tout abandonner ?

Pour commencer, j’ai passé quatre ans à Almería. Possiblement, ce furent mes meilleures années comme footballeur en Espagne : capitaine d’Almería B, Unai Emery me fait monter dans la première équipe, me donne un numéro en Liga. Ensuite, Hugo Sánchez me fait confiance et je fais la pré-saison avec la première équipe. Jusqu’à la blessure, j’avais montré que je pouvais être un joueur professionnel. Puis, arrive la pire blessure dans le football, celle du ligament croisé.

J’ai passé huit mois entièrement seul. Tu te rends compte du côté sombre du football. Quand tu es dans la première équipe, tout le monde se soucie de toi, il n’y a que des louanges. Mais après trois mois blessés, personne ne se soucie de toi. D’un côté, ça a été un peu triste mais ça m’a rendu plus fort. Dans ma tête, tout ce que je voulais faire c’était de revenir de blessure et montrer au président, la seule personne qui a décidé de se passer de moi, que j’allais être professionnel de ce sport malgré une dure blessure.

Après un passage par la Cultural Leonesa, tu vas à Chaïnat, en Thaïlande. Pourquoi ne pas être resté en Espagne ?

En Espagne, j’étais passé en un an de l’équipe de première division de l’Almería à signer avec la Cultural, qui était en Segunda B. Mais cet été-là [en 2011 nldr.], ils ont relégué l’équipe administrativement pour des raisons économiques. J’étais passé de première division à quatrième. Je me suis rendu compte que cette catégorie n’était pas pour moi, à cause de mon style. Je voulais partir à l’étranger dès septembre. Des agents m’ont parlé de la Thaïlande. Ils m’envoyaient des vidéos, des infos. J’ai demandé comment étaient les stades, le pays et on a parlé de la question économique. Je me suis dit que c’était une bonne destination. J’ai été faire un essai là-bas. ça n’a pas été facile comme cela paraissait. Je leur ai plu, et j’ai eu de la chance car après un seul match, j’ai obtenu un contrat de deux ans. C’était dur de refuser.

« En Thaïlande, en Indonésie on m’appelle Xavi. Pour moi, c’est un honneur. Pour lui, c’est une insulte »

À cette époque, le football espagnol était en vogue. Avec quel bagage un joueur formé en Espagne part-il à l’étranger ?

J’ai été dans beaucoup de pays, et là où on est au-dessus c’est 1) la compétitivité et la rigueur tactique. Ça paraît fou parce qu’en Espagne on joue beaucoup avec le ballon, mais ces mouvements sans ballon pour recevoir en bonne position, ou recevoir en étant seul, sont ceux qui se notent le plus. Et 2) le professionnalisme. Si on peut s’enorgueillir de quelque chose, c’est d’être professionnel. Des joueurs de Segunda B, Segunda prennent soin de leur alimentation, des entraînements, du repos. On se rend de plus en plus compte du type de vie qu’il faut mener pour être professionnel et vivre du football longtemps.

L’entraîneur du Dreams FC ne veut que des étrangers espagnols. /Crédits : www.jpgalan10.com

Il y a un mouvement que tu fais : le giro de Xavi. As-tu appris cette feinte en Espagne ?

En Thaïlande, en Indonésie on m’appelle Xavi. Pour moi, c’est un honneur. Pour lui, c’est une insulte (rires). On n’est pas très grand, pas très physiques, mais au final, on doit vivre de la qualité. La rapidité mentale, l’intelligence tactique c’est ce qui fait la différence au final. Sans ça, avec le physique que j’ai, je n’aurais pas pu jouer autant de matches en Autriche, en Jordanie ou en Finlande, des championnats très physiques.

« Je jouerais gratuitement pour cette sensation d’avoir un stade plein »

En Thaïlande, tu as vécu une anecdote assez drôle à propos des hôtels…

Là-bas, c’est incroyable comme les gens cultivés croient au surnaturel. En Thaïlande, ils croient qu’il y a des fantômes, et qu’ils sont concentrés près des fleuves. Nous étions dans un hôtel à côté d’un fleuve et on nous a transféré dans un autre hôtel, bien pire. On nous a dit que les joueurs locaux ne pouvaient pas dormir à cause des fantômes. Ça m’est aussi arrivé en Indonésie. À Jakarta, c’est interdit d’aller en vert à la plage parce que le vert attire un monstre marin qui peux t’enlever et c’est déjà arrivé à beaucoup de monde.

Tu as toujours eu des paroles bienveillantes à l’égard du football indonésien. Comment vit-on ce sport dans cette partie du monde ?

Terminer un entraînement et avoir cinquante ou cent enfants qui t’attendent pout un autographe ou un selfie, et que deux heures avant le match le stade soit pratiquement plein avec 20’000 personnes chantant ton nom, c’est digne de remerciements. Je suis un footballeur humble qui n’a pas pu jouer en première division espagnole. Mais l’affection qu’ils te donnent, comment tu te sens en Thaïlande et Indonésie – j’ai pu profiter de stade avec 80.000 spectateurs -, ça n’a pas de prix. Oui, je gagne de l’argent pour jouer au foot, mais je jouerais gratuitement pour cette sensation d’avoir un stade plein. C’est ce dont j’ai toujours rêvé en étant enfant. Là où j’ai été le plus valorisé, où j’ai le plus reçu d’affection, c’était en Indonésie et en Thaïlande.

Des entraîneurs européens qui sont allés en Asie disent que le footballeur asiatique est très bon techniquement mais qu’il manque de spontanéité. Tu confirmes ou on ne peut pas généraliser ?

Je suis totalement d’accord avec cette description. Techniquement, ils sont assez bons. Ils n’ont peut-être pas cette base tactique, cette manière de savoir lire les matches,et ça leur coûte de prendre la meilleure décision au moment adéquat. Le footballeur thaïlandais est l’un des meilleurs que j’aie vu techniquement. Meilleur qu’en Autriche par exemple.

Pour voir jouer Persela Lamongan, club indonésien, il y a foule. /Crédits: www.jpgalan10.com

 « Avec un ballon au milieu de nous, il n’existe pas de religion »

En 2014, tu atterris à Sankt Pölten, en Autriche. Quel est l’élément le plus choquant résultant du passage de l’Indonésie à la première division autrichienne ?

En Autriche, tout est très strict, très professionnel. Au niveau de l’organisation, presque plus qu’en Espagne. Par exemple, après un entraînement, l’entraîneur te disait : « tu dois courir 40 minutes à un rythme X ». Dans les autres pays, les joueurs se défaussent, parce que personne ne les surveille. Mais les joueurs autrichiens, ils donnaient le meilleur d’eux-mêmes. Ils savent que le travail leur sert.

Dans le football espagnol, on insiste beaucoup sur l’entraînement avec le ballon. Courir sans ballon est mal vu. Quelle est ta réaction quand on te fait courir sans ballon ?

Ça, c’est le plus dur. Je me rappelle d’une année en Thaïlande où nous avons perdu un derby 5-2. Le président s’est fâché et nous a enlevé les ballons pour toute la semaine. Il nous faisait uniquement courir. Les matins, tu devais faire dix kilomètres en courant, et lui il était en voiture derrière nous. Ensuite, l’après-midi, entraînement de deux ou trois heures. Je parlais avec les entraîneurs. Je devenais fou, c’était inconcevable pour moi. Eux ils me regardaient en disant « on sait, mais celui qui commande, c’est le président ».

Ici en Asie, ils ont cette culture de no pain no gain. Ils pensent que le plus, c’est le mieux. Souvent, on double les entraînements, on fait une tonne de physique, et ensuite les joueurs sont fatigués. Mais ça, ils ne le voient pas. Si tu perds un match, ils disent que tu dois t’entraîner plus. Peut-être tu as perdu parce que tu es arrivé fatigué au match… Pour moi, ils devraient être plus ouverts dans ce domaine. Ces pratiques, ce sont celles qui étaient de mise en Europe il y a 30 ans.

« Si seulement les gens valorisaient davantage la profession et ne nous prenaient pas pour des gens incultes, des gamins qui jouent au ballon et qui ont la vie facile… »

On dit que la magie d’un vestiaire de football réside dans le fait qu’une fois le maillot enfilé, les différences de langue, de religion, de salaire n’importent plus. As-tu pu sentir cette magie en Jordanie ?

J’ai beaucoup aimé la Jordanie. J’ai même apprécié la prière aux différentes heures de la journée. Eux savaient que j’étais catholique et je n’ai eu de problème à aucun moment. Je leur demandais des choses à propos de la religion et ils me respectaient toujours. Dans notre équipe cohabitaient des gens de Palestine, de Jordanie, moi qui était chrétien, et il n’y avait aucun problème. Avec un ballon au milieu de nous, il n’existe pas de religion. C’est la plus belle chose que j’emmène.

En mission sauvetage du club Shabab Al-Ordon, un historique du football jordanien. /Crédits : www. galanjp10.com

Il y a des joueurs au chômage, d’autres qui luttent pour leur survie à cause de bas salaires et d’autres qui ne sont pas payés. Est-ce une cause perdue de faire comprendre aux gens que vous n’êtes pas tous millionnaires ?

Que les gens pensent que parce que tu es footballeur, tu aimes la fête, les belles voitures, tu es millionnaire, sont des gens qui se trompent sur les footballeurs. Si tu es dans l’élite, tu gagnes de plus en plus d’argent. Pour le footballeur moyen, c’est le contraire. Il y a toujours plus de différences entre le footballeur d’élite et le footballeur de deuxième division espagnole, qui gagne à chaque fois moins. 95% des professionnels n’allons pas pouvoir vivre de cela dans le futur. Les gens ne se rendent pas compte de cela. Ils ne se rendent pas compte qu’on a sacrifié beaucoup de choses, que nous sommes, – du moins, c’est mon cas – à beaucoup de kilomètres de notre famille. C’est beaucoup plus dur que ce que les gens pensent. Le métier est très beau mais aussi très dur. Ce n’est pas rare de ne pas avoir d’équipe, d’offre, de ne pas savoir quelle décision prendre. Si seulement les gens valorisaient davantage la profession et ne nous prenaient pas pour des gens incultes, des gamins qui jouent au ballon et qui ont la vie facile…

Au long de ta carrière, tu as eu des présidents qui t’ont viré, qui ne t’ont pas payé. Comment vois-tu la figure du président ?

Il y a des bons présidents, des bonnes personnes, mais c’est vrai que parfois, il y a des personnes mafieuses qui voient une voient dans le football un moyen de faire des affaires, sans se préoccuper des footballeurs. Je me rappelle qu’en Roumanie, un coéquipier local m’a dit durant un entraînement : « J’ai mal au cœur. Ça fait deux jour que je ne dîne pas et je n’ai pas déjeuné parce que ça fait quatre mois que je ne suis pas payé ». Ça te fend le cœur. Comment penser qu’un mafieux qui a volé de l’argent ne soit pas en prison ? On est en train de profiter de joueurs nobles, qui sont loin de chez eux, qui souffrent des impayés et qui veulent quand même jouer au cas où une meilleure équipe les repérerait. J’ai été là-bas trois mois, à 3000 kilomètres de la maison, sans recevoir un seul euro. Pas un seul ! Six à huit coéquipiers espagnols étaient dans mon cas.

Après avoir vu tous ces style de football, es-tu d’accord sur le fait que le milieu de terrain est celui qui doit s’adapter le plus à ces différents styles ?

Oui. Avant, j’étais milieu offensif, même en Autriche. En Asie, j’ai été un milieu organisateur, mais ensuite on m’a demandé d’être plus box to box, dans ce football d’aller-retours qu’il y a en Indonésie. En Jordanie, je devais être plus défensif, et c’est aussi le cas à Hong-Kong. Il y a eu beaucoup de changements, et au final, tu n’as pas d’autres choix que de t’adapter. Si tu as huit mois ou un an de contrat, tu dois t’adapter rapidement.

Galán sous les couleurs de Romanievi, en D1 finlandaise. /Crédits: http://www.galanjp10.com

« On est en train de convertir les joueurs en des nombres »

Après la Finlande, tu reviens en Espagne, à l’Hospitalet en 2017. Comment a changé la Segunda B depuis que tu l’as quittée ?

Maintenant, ça a un peu baissé au niveau économique, pour ne pas dire beaucoup. Mais à l’Hospitalet, le vestiaire était impressionnant. Le 70% des joueurs avaient de l’expérience en première ou deuxième division. Des CV incroyables ! Ça m’a fait plaisir de retrouver cette ambiance de vestiaire, de quotidien avec des joueurs espagnols, ces rires, ces blagues. Je me suis aussi testé moi-même. Des fois, on a dit de moi « ce joueur a été longtemps à l’étranger, il n’a peut-être plus le niveau pour être en Espagne ». J’ai montré que j’avais le niveau et que je pouvais jouer en Espagne. Il y a des cas d’autres joueurs qui étaient en Asie et qui sont revenus en Espagne, étant capables de jouer au meilleur niveau. Des gens comme Javi Lara, Xisco ou même Paulinho. Tu n’oublies pas comment jouer. Tu reviens même plus mature et avec plus de variantes dans ton jeu. Ne nous regardons pas autant le nombril. Hors de l’Espagne, il y a des gens avec un bon niveau et des ligues qu’on peut valoriser.

On dit que la Segunda B est une division difficile à cause de l’instabilité, des impayés, des clubs qui disparaissent. On ressent ce suspense dans la quotidien ?

En Espagne, on respecte beaucoup les contrats, surtout au jour d’aujourd’hui avec la AFE. Le syndicat des joueurs travaille très bien. Ce qui se passe – je connais le cas d’équipes de Segunda B -, c’est que si tu te blesses, il se peut qu’on ne te paie pas la physio. Quand bien même la Segunda B est une ligue semi-professionnelle, c’est inadmissible ! J’aimerais bien que cette ligue soit plus forte au niveau économique comme c’est le cas en Allemagne, en Angleterre ou en Italie, où les salaires sont plus hauts. Il faudrait faire quelque chose pour que la Segunda B soit totalement professionnelle.

Un tour à Mestalla, avec l’Hospitalet, pour y affronter la deuxième équipe de Valence. /Crédits : www.galanjp10.com

La Cultural Leonesa est dirigée par le Qatar, récemment, un accord avec l’Arabie Saoudite a été signé par la Liga, quelle est ta vision du foot-business ?

Ça me paraît bien que la Liga s’ouvre à un joueur s’il est réellement bon, mais pas qu’il soit imposé dans le cadre d’un investissement résultant d’un accord entre fédérations. Ce poste qu’il est en train d’occuper, peut-être qu’un Équatorien, un Chinois le mériterait plus, parce qu’il l’aurait gagné sur le terrain. Je n’aime pas le foot-business, et chaque jour il est plus important. On regarde beaucoup les intérêts économiques qu’il y a entre agents, clubs, directeurs sportifs. On regarde aussi les affaires que l’on pourrait faire dans le futur avec un joueur. Je connais des joueurs qui se sont blessés, qui n’ont pas eu de chance ou de bonnes relations avec un entraîneur et à qui les portes se sont fermées, uniquement à cause du fait de ne pas avoir de stats’ sur les six derniers mois. Au final, ça fait comme avec les réseaux sociaux. On est en train de convertir les joueurs en des nombres. « Tu as combien de followers ? Tu vaux combien sur transfermarkt ? ». Ça ne devrait pas être comme ça. Regarde le joueur, ses vidéos, ce que tu recherches pour ton équipe, ce que veut l’entraîneur. Ça, c’est le vrai foot pour moi !

Dans le monde du football, à quoi t’ont servi des études en psychologie ?

Si seulement ça m’avait servi davantage… Pour avoir plus de patience, ne pas montrer autant mes émotions, mais bon, ce n’est pas si facile d’appliquer cela à toi-même. J’ai aimé étudier mais je ne crois pas que ça ait été vital pour être professionnel.

« Lillo, c’est un professeur de la vie »

Comment était Unai Emery, que tu as eu comme entraîneur à Almería ?

En parlant de psychologie, lui est beaucoup plus psychologue que moi. C’est un entraîneur qui obtient le maximum de5 ses joueurs. Comment le fait-il ? Il te demande le maximum. À l’entraînement parfois, il est plus à fond que les joueurs, mais il t’envoie toujours des messages positifs. Évidemment, le footballeur fait des erreurs, mais il en est conscient, et il t’encourage toujours quand tu faillis. Il peut te demander davantage d’attitude, peut te corriger tactiquement, mais il ne se fâche jamais avec ton erreur. Pour moi, c’est vital chez un entraîneur. Il te donne toujours de l’énergie positive à l’entraînement. Et de cette façon, il obtient le meilleur de ses joueurs, comme il l’a fait à Almería.

Tu as aussi côtoyé Lillo. Est-il ce professeur de football tel qu’on le dit ?

C’est un professeur de la vie. Je pourrais l’écouter des heures parce qu’il t’enseigne des concepts footballistiques mais aussi des choses qui peuvent t’aider en dehors du football. C’est aussi une personne avec des valeurs éthiques et professionnelles très hautes. Parfois, il n’a peut-être pas eu toute la chance qu’il méritait au niveau du football. Il a été le professeur de Guardiola, de Jokanovic, de Ruben de la Barrera. Peut-être qu’au niveau professionnel il n’a pas réussi dans un grand club comme il l’aurait mérité mais son succès réside dans le fait que pour la majorité des joueurs professionnels, c’est un exemple et un professeur, comme tout le monde le dit. J’ai regardé ses conférences de presse en Colombie pour apprendre des choses de lui. Je le respecte énormément comme entraîneur et comme personne.

Propos recueillis par Elias Baillif

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