Joaquin Caparros : Quand Seville se souvient d’où il vient

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A la suite d’un été compliqué et d’une saison plutôt mal gérée, Seville se retrouve à 3 longueurs de la fin de saison hors des places européennes et pourrait donc ne pas disputer de Coupe d’Europe la saison prochaine. Après 15 années de progressions constantes ponctuées de succès, les Andalous entrent dans une tempête qui peut être dévastatrice. Montella a été mis dehors et la légende Caparros a été appelé en renfort. Un moyen pour Seville de se souvenir d’où il vient.

Joaquin Caparros, un nom connu et reconnu par tous les amateurs de Liga et les supporters du FC Seville tout particulièrement. L’Andalou qui n’a jamais été un joueur de football de grand niveau est assis sur les bancs depuis ses 26 ans. 62 ans plus tard, il revient dans une zone technique pour une dernière mission avant d’entrée dans l’organigramme du Nervion. Sa carrière a été faite de haut mais surtout de bas, et Seville lui doit beaucoup comme lui doit beaucoup à Seville. Les Andalous sont actuellement dans une situation très dangereuse. Avec une trésorerie saine mais pas des possibilités pharamineuses, Seville a toujours été connu pour bien acheter et surtout bien vendre sous la houlette de Monchi. Cet été, Seville a réalisé son plus grand investissement sur un mercato avec en tête de gondole des Luis Muriel et autre Nolito, mais moins d’une saison plus tard le club n’est pas en position européenne. Seville peut tout perdre et surtout sa crédibilité, ce qui aurait des conséquences dramatiques  pour un projet comme le leur et surtout des entrés d’argent importantes pour la suite.

Caparros, une institution au FC Seville.

Caparros arrive donc dans un Seville morose qui a besoin d’un guide pour se remettre à l’endroit. Une situation qu’il connaît que trop bien. En 2000, quand il signe pour la première fois dans ce club, l’Andalou trouve un Nervion en deuxième division, miné par des problèmes financiers et à deux doigts de la disparition. Le club est en train de se restructurer et doit apprendre à survivre sans argent pour se remettre à flot.

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C’est une période particulière pour l’ensemble du football espagnol, énormément de clubs sont dans des situations compliquées financièrement à la suite d’une reforme sur leurs statuts administratifs. Seville est un des clubs les plus en difficultés avec d’autres comme l’Atleti par exemples. Les deux vont se côtoyer en Segunda durant cette période par exemple.

Au début du millénaire, Caparros est un petit entraîneur qui monte. Il a écumé les basses divisions espagnoles dans différents clubs amateurs et a connu ses premiers succès avec le Recreativo Huelva. Ce qui a lui a permis d’être recruté par Villarreal mais l’expérience tourne court après moins d’une semaine de fait de dissensions importantes. En parallèle Joaquin est devenu coach de la sélection andalouse, preuve que l’entraîneur est reconnu dans sa région natale. En 2000, Seville est donc relégué en Segunda après avoir fini dernier de Liga. Le club n’est pas l’institution que l’on connaît aujourd’hui. Le nervion possède un encrage fort en Andalousie mais dispose d’un rayonnement limité en Espagne et en Liga. Le club va très mal et doit s’appuyer fortement sur sa Cantera pour grandir sans débourser beaucoup d’argent.

Le XI de Seville face à Parme en 2004, en Coupe de l’UEFA, pas mal non ?

Avec Seville ça va matcher tout de suite. Sans réellement savoir pourquoi Joaquin se sent tout de suite chez lui au Nervion. Il s’appuie sur la Cantera et rapidement de bons joueurs rejoignent le mouvement. Les résultats s’enchaînent et le club gravit les échelons. Très vite il atteint la barre des 200 matchs dirigés avec la maison andalouse. Caparros apporte une dose de sérénité dans un club qui en avait terriblement besoin. 3 ans après son arrivée, il parvient à qualifier le club pour l’Europe. Un résultat que personne n’imaginait à sa signature. Il est le deuxième entraîneur qui a connu le plus de victoires avec les rojiblancos juste derrière … Unai Emery. Son tandem avec Monchi marche de très belle manière. C’est ensemble qu’ils vont théoriser et mettre en place la politique de recrutement qui va emmener Seville vers les succès et les titres que l’on connait. Si Seville a gagné plus de titre entre 2000 et 2017 que sur toute la période antérieur, ce n’est pas pour rien et Caparros y est pour beaucoup.

Une carrière plus mitigée par la suite

En 2005, Seville est alors à son apogée, le club est restructuré et prêt à jouer les troubles fêtes en Liga. Financièrement le gros de la crise est passé. Cependant Caparros ne prolonge pas et file au Depor. Une succession de (mauvais) choix vont emmener le bon Joaquin dans de très nombreux clubs. Il devient rapidement l’entraîneur en activité avec le plus de match de Liga dirigés (près de 500). Sauf que le temps des succès nervion est loin et il enchaîne les passages mi figue mi raisin. Cependant il réussit à garder une côte très importante en Espagne. C’est un des entraîneurs les plus écoutés en Liga. Joaquin anime régulièrement des conférences pour parler football et tactique. Il est même sondé pour prendre la Roja en 2016, preuve de sa côte toujours très importante. Ses dernières expériences ont été vraiment moyenne à Osasuna ou Grenade par exemple.

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Son idée du football semble trop éloignée de la Liga et du foot actuel. Il sait s’adapter à l’adversaire et aux données du match. Pour lui il n’y a pas vraiment de schéma prédéfini, à part un précepte clair, protéger coute que coute l’axe défensif. Pour lui, les joueurs doivent avoir un bagage tactique individuel et collectif assez important pour être en mesure de reprendre eux même aux difficultés qu’ils vont rencontrer sur le terrain. Il va donc mettre régulièrement ses joueurs dans des situations incongrus à l’entrainement pour les pousser à réfléchir et à trouver des solutions par eux mêmes. Il a fait évolué de très nombreux joueurs sous sa houlette, Navas était l’un des premiers à vraiment exploser sous sa coupe. C’est aussi lui qui a promu Ramos et Reyes et les a lancé en pro, une aubaine pour les jeunes andalous ?

Caparros avec le costume du sauveur, mais pas que

Joaquin retrouve un peu le club qu’il a connu en 2000, les problèmes financiers en moins. En coulisse ça manque d’ordre, le président Castro a du mal à faire figure d’autorité. La gestion du cas Montella, du cas N’Zonzi ou d’Arias sacrifié pour l’exemple interroge. Seville se doit d’être européen, c’est au delà de l’aspect financier. Caparros a signé pour 4 journées, il doit très vite remettre tout un effectif à l’endroit pour accrocher cette 7e place synonyme de barrage européen

« Joaquín la première chose qu’il m’a dite, c’est qu’il ne veut pas parler d’argent. » Castro, le président de Seville lors de l’animation de Caparros.

Après cette opération suicide, Caparros va enfiler le costume de directeur sportif. On ne sait pas si il sera seul ou accompagner d’une personnage qui a déjà connu ce rôle. Cordon est régulièrement envoyé à Seville, l’ancien DS de Villarreal et Monaco plait énormément à la direction andalouse. Sa nomination dans l’organigramme du Nervion fait sens cependant. Seville a totalement oublié ce début d’années 2000 où le club était au plus bas. Les palanganas doivent se rappeler de ce passé pour construire leur avenir, et rappeler que rien n’est acquis et qu’il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Cela fait deux saisons que Seville est en transition. Le changement de cycle est compliqué à appréhender. Surtout qu’en place de bien changer au niveau de l’organisation Seville veut changer d’objectif sportif. La volonté à terme est de jouer la LDC régulièrement et ne plus se contenter de l’EL.

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Ce changement d’objectif n’a cependant pas conduit à un changement de méthode. Seville n’a pas fait évoluer son logiciel de recrutement et en plus ils se sont coupé de leur Cantera qui a pourtant de très bon résultat. Lors du mercato estival, Seville a investi énormément d’argent mais combien de top joueurs ont été acheté ? 0… Seville doit grandir mais aussi changer de méthode tout en oubliant pas d’où le club vient. Cette équation est un casse tête et Caparros semble être l’homme capable d’allier tout ça pour le plus grand bonheur du club andalou. Avant de préparer la saison prochaine avec la cellule de recrutement, l’institution Caparros doit finir celle ci en pompier avec une autre légende, Carlos Marchena en adjoint. Premier élément de réponse avec le choc contre la Real ce week-end au Pizjuan, loin d’être un sinécure pour Seville…

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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