Depuis plusieurs mois, le football féminin gagne du terrain médiatique en Espagne. Plusieurs fois dans la saison, des matches de la Liga sont organisés dans des enceintes d’ordinaire dévolues à leurs homologues masculins. Samedi après-midi, la Ciutat de València accueillait le derbi valenciano qui met aux prises Levante au Valencia CF. ¡Furia Liga! y était.
Un samedi ensoleillé, une petite brise pour rafraîchir et un match de football gratuit : difficile de faire mieux. Au lendemain de l’officialisation du maintien de Levante en Liga grâce à un succès de prestige contre Séville (2-1), la Ciutat de València, située dans le quartier d’Oriolls, est le théâtre d’un nouveau duel, cette fois en Liga Iberdrola, le championnat féminin. Et pas n’importe quel duel ! C’est un derbi valenciano, un match à forte portée symbolique qui détermine si la ville est azulgrana ou blanquinegra.
Au classement, Valencia est 6e au coup d’envoi avec 3 points d’avance sur Levante, 7e. Les deux équipes n’ont plus grand-chose à jouer cette saison et ce derbi est avant tout un match de gala qu’il faut remporter sí o sí. Dans un weekend particulièrement chargé à Oriolls puisque la finale de la Copa del Rey de rugby a lieu le lendemain, la Ciutat a ouvert ses portes gratuitement aux supporters des deux clans et 14.000 personnes ont donc investi les travées de l’enceinte granota. Ce n’est pas le record de l’Atlético-Barça disputé au Wanda Metropolitano (22.000 spectateurs) mais l’affluence demeure conséquente. La senyera coronada, le drapeau de la Communauté Valencienne, est distribuée à l’entrée à chaque spectateur pour être agitée très exactement à la minute 19:09 du match, 1909 comme l’année de naissance de Levante, d’une décennie l’aîné du Valencia CF. Si chez les hommes, le seul titre remporté par Levante est une Copa de la España libre en 1937 qui n’a toujours pas été reconnu par la Liga espagnole, chez les femmes en revanche, les Granotas peuvent s’enorgueillir d’avoir un palmarès supérieur au VCF avec 4 titres de championnes (1997 quand le club s’appelait encore le San Vicente Valencia, 2001, 2002 et 2008), 6 Copas de la Reina (2000, 2001, 2002, 2004, 2005 et 2007) et 2 Supercopas (1997 et 2000).
No conseguimos ganar el derbi, sin embargo agradecemos de todo corazón el apoyo recibido. Jugar con más de 14,000 aficionados no pasa todos los días. Una vez más GRACIAS!! pic.twitter.com/0iAsjf6kQ4
— Charlyn Corral (@CharlynCorral) April 29, 2018
Si les deux équipes jouent leur hégémonie dans la capitale du Turia plus qu’une place au classement, deux joueuses ont un autre objectif en tête. Verónica Charlyn Corral et Mari Paz Vilas se disputent en effet le titre de Pichichi de la Liga et la Mexicaine de Levante dispose de 5 réalisations d’avance sur la Galicienne (24 buts contre 19). Charlyn, (26 ans) détient déjà un record, celui la plus jeune joueuse à avoir disputer un Mondial Sub-20 à l’âge de… 14 ans ! Après un passage d’un an en Finlande, au Merilappi United, elle porte le maillot de Levante depuis 2015. De son côté, Mari Paz Vilas n’est pas une inconnue en Espagne puisqu’elle a récemment disputé le dernier Euro lors duquel la Roja a été sortie en 1/4 de finale. Joueuse complète, elle est le fer de lance des Blanquinegras.
Après leur défaite à domicile lors du derbi de la phase aller, les Chés ne veulent pas rater l’opportunité de rendre la pareille à leurs rivales. Elles mettent le pied sur le ballon et se procurent les meilleures occasions, même si leur manque de précision et une Noelia Ramos vigilante, les empêche de trouver l’ouverture. Levante procède principalement par contre et Charlyn est le détonateur, ses accélérations fulgurantes sollicitent constamment une prise à deux car en une contre une, l’ancienne étudiante de Louisville est imparable. Mais à force de presser, Valencia trouve la faille et de quelle manière ! Jeu en une touche de balle, talonnade, passe en profondeur et centre impeccable : Mari Paz Vilas n’augmente pas son capital but mais délivre une assist limpide sur la tête d’Anair Lomba alias Lombi. Entre natives de la région de Pontevedra, on sait se comprendre !
Esto se llama TIKI-TAKA… 😍
👏 @VCF_Femenino 👏#LigaIberdrola pic.twitter.com/VT0DXlYVXk
— LaLiga (@LaLiga) April 28, 2018
Dans les gradins, l’ambiance est bon enfant. Les deux clans se répondent pas chants interposés et le jeu sur le terrain est plaisant, principalement au sol. En deuxième période, Valencia maintient sa domination, sans pour autant accroître son avance. Les Granotas ne parviennent pas à inquiéter Jennifer Vreugdenhil, la gardienne néerlandaise qui, sur deux relances, à tout de même donné quelques sueurs froides à son afición. « Valencia es blanquinegra » scande la hinchada che quand le coup de sifflet est donné. Les joueuses de Jesús Oliva se tombent dans les bras, les deux équipes remercient les spectateurs venus en nombre, ce qui démontre une nouvelle fois que le football féminin prend de plus en plus d’envergure, d’autant que le match était diffusé gratuitement sur Gol TV. Avec cette victoire couplée aux défaites du Betis et de la Real Sociedad, le Valencia CF est assuré de disputer la Copa del Reina en fin de saison, tandis que Levante doit encore attendre jouer les 2 derniers matches à fond pour se qualifier. Qui sait, peut-être qu’il y aura un autre derbi valenciano dans quelques semaines pour aller chercher la Copa !
TRIUNFO 🏆 LUD 0⃣-1⃣ VCF
¡Así han celebrado las nuestras la victoria en el #DerbiValenciano 🐸🦇 de la #LigaIberdrola! 🔥 #AmuntVCFfem 🔳 pic.twitter.com/eiYL15GtqK— Valencia CF Femenino 🦇 (@VCF_Femenino) April 28, 2018
François Miguel Boudet