Ce samedi soir, Andrés Iniesta devrait disputer sa toute dernière finale avec le Barça avant de finir sa carrière en pente douce en Chine. Il nous manque déjà.
Ce ne sera pas une finale, ce sera un jubilé. Ce soir, Andrés Iniesta foulera la pelouse du Wanda Metropolitano brassard accroché fermement au biceps, leader exemplaire et symbole même de la sportivité. Le sort du match n’a qu’une portée anecdotique : il s’agira avant tout de saluer un Grand d’Espagne.
Andrés Iniesta est l’archétype du joueur qui n’a pas changé malgré le succès. Sa simplicité est devenue sa marque de fabrique. Il aurait été le même s’il n’était pas devenu une star du football. S’il n’avait pas régalé le Camp Nou avec ses inspirations divines, on l’imaginerait volontiers entraîneur d’équipes de gamins, chez lui, à Fuentealbilla. Mais à 10 ans, ses entraîneurs savaient déjà l’évidence : ce gamin à la peau diaphane tutoierait les étoiles. Il en a même décroché une, la plus belle de toute, celle qu’il a offerte à tout un pays au bout de la nuit sud-africaine et qu’il a dédié à son ami Dani Jarque. Manchego par la terre, Catalan par le foot : Iniesta rassemble l’Espagne. Ce but ne pouvait venir que de son pied magique. Une déflagration, un séisme, à l’image de son « Iniestazo » à la dernière seconde dans un Stanford Bridge devenu subitement aphone après un derechazo aussi puissant qu’instinctif.
Quel joueur au monde sort à chaque match sous les applaudissements et les standing ovations ? L’Espagne remercie Iniesta pour cette Coupe du Monde bien sûr, mais elle salue aussi ce discret et modeste ambassadeur de la péninsule. Car Iniesta ne brille que par son jeu et rien d’autre. Il est une des dernières réminiscences du football comme on le fantasme encore, loin des mirages du business actuel qui dorlotent et fourvoient, un football qui disparaît inéluctablement et condamne, déjà, à la nostalgie.
Ce samedi soir sur la pelouse du Wanda Metropolitano, Don Andrés Iniesta disputera sa dernière finale avec le Barça. Il ne raccrochera pas les crampons mais ce sera tout comme. On se rend souvent compte des belles choses quand on ne les a plus. Alors avant de se demander si nous avons suffisamment su profiter du génie d’Andrés Iniesta, on va s’installer dans le canapé, s’ouvrir une cerveza bien helada et savourer les croquetas du chef. Peu importe le résultat : quand il sortira sous les acclamations ou qu’il soulèvera la Copa del Rey, on écrasera une larme, on se lèvera, on applaudira et on dira merci pour tout ce bonheur qu’il a offert. ¡Hasta siempre Don Andrés!
François Miguel Boudet