Real Madrid 1-3 Juventus : Comment les Vikingos ont repris le contrôle du match

Coupes d'Europe En avant Real Madrid

Dans un match rythmé, la Juve a touché l’exploit du doigt… mais le Real Madrdi a profité d’une des seules erreurs des Bianconeri pour les punir. La Juve se sent spoliée, la Casa Blanca se sent pousser des ailes. Autopsie d’un match pas comme les autres mais avec une conclusion qui ne surprend personne.

Pour cette deuxième manche, beaucoup ne retiennent que la prestation de l’arbitre et ce penalty sifflé en toute fin de match. Nous ne sommes pas là pour parler de ça, dire s’il a eu tort ou raison. Nous allons simplement revenir sur le déroulement de ce match incroyable. Comment la Juve a fait déjouer le Real ? Comment le Real a repris la main et a fini en boulet de canon. L’arbitre n’est qu’une variable dans un match bien trop riche pour ne le résumer qu’à cela.

Un Real Madrid devant ses lacunes

On était curieux de voir quel plan allait sortir Max Allegri de son chapeau. Faire dérailler le Real Madrid à Santigao-Bernabéu en Ligue des Champions semblait tellement improbable. Pourtant, la Juve a fait vaciller les fondations de la Casa Blanca. Durant 45 minutes, le Real a semblé totalement à côté de ses pompes, comme groggy par le rythme et l’intensité imprimée par les Juventini. Le XI merengue a pris l’eau et dans des proportions modèle géant.

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Blaise Matuidi est devenu une des clés de cette première mi-temps. En partant de très loin, quasiment tout le temps de son camp, pour recevoir le ballon lancé ou simplement pour ouvrir des brèches, il a fait un mal fou à l’organisation madrilène. Cette liberté a eu des conséquences : Casemiro ne pouvait pas le suivre, dans la mesure où il n’était pas dans sa zone au début du match. Matuidi était donc servi régulièrement par Miralem Pjanic qui a régné au milieu de terrain. Et quand il n’était pas servi, rien que ses déplacements entre les lignes, l’ex-Parisien a ouvert des espaces à ses coéquipiers, notamment Douglas Costa et Gonzalo Higuain.

« Sans Dybala, nous avons réussi à faire un bon match. Avec lui, nous avons besoin de quatre joueurs offensifs. Désormais, nous avons une fin de saison où il faudra beaucoup de technique » Max Allegri

Par la suite, la sentinelle brésilienne est logiquement montée d’un cran pour pouvoir couper les appels du Français. Ce changement a conduit le milieu madrilène à être à plat alors qu’au début du match il était en losange. Sauf que ce milieu à plat avec un Casemiro à hauteur de Kroos et Modric a donné des libertés à Higuain. L’ancien Madridista a pu dicter le jeu et orienter comme il fallait sans être réellement encadré.

« Je suis content, on méritait de passer après les 180 minutes. On a eu beaucoup d’occasions, c’était difficile de ne pas marquer, mais c’est le football. Mon équipe a fait un grand match là-bas, aujourd’hui c’était l’inverse, c’est comme ça. On a eu des occasions, mais ça ne voulait pas rentrer » Zinedine Zidane

Le Real Madrid ont perdu le contrôle au milieu et recule sous les coups de boutoir des Bianconeri. De plus, les Vikingos ont pris l’eau sur le côté de Marcelo. Le latéral brésilien, excellent dans les tâches de création offensive devient très fébrile quand il faut défendre en reculant. Les deux premiers buts viennent de son couloir, incapable de tenir son poste comme il faut. Par ailleurs, le Real a manqué de vice sans Ramos, son leader défensif, pour éponger l’hémorragie et n’a fait que subir durant 45 minutes.

La non défense de Marcelo couplée à un Casemiro focus sur Matuidi a aussi donné des libertés à Douglas Costa. Heureusement pour le Real que l’ancien du Bayern a fait quasiment tout le temps les mauvais choix dans le dernier geste. Il avait de telles libertés, surtout en première mi-temps, qu’il aurait pu abattre le Real sans sommation. Cette accumulation de petites choses ont fait sortir totalement le Real du match et permis à la Juve de mener 2-0. Elle a commencé à réellement y croire.

Le Real Madrid en quête de réajustement

Vous le comprenez bien, le Real et Zidane se devaient de changer quelque chose. Menés 2-0, pas du tout souverains dans le jeu, bien trop inoffensifs et hors tempo, les Vikingos ont commencé à douter. Au contraire d’un Valverde qui a subi et a vu le match lui filer entre les doigts, le double Z a pris le taureau par les cornes dès le retour des vestiaires. Exit le fantôme Gareth Bale et Casemiro devenu inutile au vu du scénario et bonjour à Marco Asensio et Lucas Vázquez.

« Nous avons souffert et fait quelques erreurs, leur tactique était parfaite. Il fallait rectifier à la pause » Zinedine Zidane

Ces changements ont plusieurs objectifs : tenter de reprendre le contrôle du milieu en ajoutant des jugones qui manient le cuir avec qualité, profiter des espaces que laisse la Juve quand elle attaque pour contrer et surtout filer un coup de main aux latéraux du Real, vraiment à la peine, en ajoutant des milieux excentrés qui font le boulot à la perte de balle.

« Lucas et Asensio nous ont donnés un peu plus d’énergie. Bale et Casemiro n’étaient pas coupables. Lucas, Asensio puis Kovacic nous ont donné un peu plus de tranquillité » Zinedine Zidane

La deuxième mi-temps devient bien plus équilibrée. Le Real Madrid redevient (presque) souverain, les latéraux sont protégés, Cristiano Ronaldo est seul devant pour lutter dans les airs, une ligne de 5 voit le jour au milieu et les deux centraux sont bien mieux sollicités et ne jouent que vers l’avant ou presque. La Juve continue d’être dangereuse mais le Real reprend pied. Sauf que voilà, quand Raphaël Varane trouve la transversale, Blaise Matuidi profite d’une erreur de Keylor Navas pour inscrire le 0-3 et égaliser sur l’ensemble des deux matches.

Le Real Madrid tueur

Ce but assomme tout le monde. Alors qu’on voyait le Real reprendre le dessus, il se fait gifler sur une erreur individuelle. Les Vinkingos vont alors tenter de passer la surmultipliée sans réellement réussir à se monter vraiment inquiétants. Cependant, ce changement d’attitude est important. Le Real se montre conquérant et joue en avançant quand la Juve rentre dans une gestion et attaque beaucoup moins les espaces. Le match change et les turinous, sous les coups de boutoirs espagnols, reculent et déjouent totalement alors qu’ils avaient été impériaux tout du long. Les changements en deuxième période sont un marqueur important. La Juve n’en fait pas, se préparant sûrement à la prolongation, quand le Real jette toutes ses forces dans la bataille.

« Contre eux, tu ne peux jamais laisser passer ta chance sinon ils te sanctionnent direct. Le pire, c’est ce qu’ils arrivent à faire à leur adversaire avec un rien. Une contre-attaque, un corner leur suffit pour reprendre les choses en main » Xavi

À trop vouloir gérer, en refusant quasiment le jeu, la Juve s’est pris le pied dans le tapis. Il n’est pas question de savoir si le penalty est justifié ou non mais comment on arrive à ce stade avec des Juventini qui reculent alors qu’ils ont le match en main ? Le mental des tauliers italiens a craqué sous le poids du Bernabéu, sous le poids de l’exploit et des muscles saillants de Cristiano.

« J’avais confiance au vu de la première manche, mais que dire ? L’équipe méritait au moins la prolongation, il nous restait deux changements et de bonnes chances de nous qualifier. Mais pleurer ne sert à rien, même si ce sont des moments tristes. Nous repartons avec un goût amer » Max Allegri

Regarder le penalty est facile pour ne pas voir tout ce que la Juve n’a pas bien fait dans cette dernière demi-heure. Pour réaliser une remontada, il faut réaliser un match parfait. Les Italiens ne l’ont fait que durant une heure avant d’être sûrement submergés par leurs émotions. La Juve n’est pas une inconnue à ce stade, la voir céder comme ça pose question et renforce l’impression de supériorité du Real Madrid. Laisser espérer le Real, le laisser en vie, c’est certainement là que la qualification s’est perdus coté bianconero. À l’aller, les Vikingos ont gagné avec les pieds ; au retour, ils se sont qualifiés avec la tête.

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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