Titulaire indiscutable en Premier League après l’avoir été en Italie, Marcos Alonso trainera toujours un lourd fardeau. En 2011, le joueur issu du centre de formation du Real Madrid a eu un accident de voiture fatal pour une amie. Alors conducteur, le joueur a évité la prison. Explications.
Aujourd’hui, Marcos Alonso est un élément clé du Chelsea d’Antonio Conte, vainqueur de la Premier League la saison dernière. Contre l’Argentine en amical, le latéral a également fait ses débuts avec la Roja devenant la 3e génération familiale à porter le maillot de la sélection espagnole. Après son grand-père Marcos Alonso Imaz « Marquitos » et son papa Marcos Alonso Peña « el Pichón », le joueur des Blues a permis à la famille d’établir un record national. Julen Lopetegui a une nouvelle fois croisé son chemin. Il l’avait déjà fait débuter avec le Real Madrid Castilla quand il avait 18 ans. Tout va bien en ce moment pour le natif de Madrid qui a vécu le pire moment de sa vie en mai 2011 dans sa ville natale. À 20 ans, Marcos Alonso débutait tout juste sa carrière professionnelle après un court passage au centre de formation du grand Real Madrid. Après une nuit arrosée, la vie du défenseur des Blues aurait pu (dû ?) basculer. De l’alcool, de la pluie, de la fatigue et un excès de vitesse, un horrible cocktail qui ne peut que mener au drame.
Le mur de la calle Ribadavia
Nous sommes le 2 mai 2011, jour de la Communauté de Madrid pour commémorer la levée du 2 mai 1808 lors de laquelle le peuple madrilène s’est rebellé contre l’occupation française. Il est entre 7h15 et 7h30 du matin. Prêté à Bolton, en Premier League, par le Real Madrid, Marcos Alonso est de retour dans la capitale pour profiter de quelques jours de repos. Avec son ami Jaime Navarro, lui aussi issu du centre de formation merengue et évoluant alors à Pescara en deuxième division italienne, ils décident de sortir boire un coup. La soirée se prolonge jusqu’à une célèbre discothèque madrilène, Buddha, où se retrouvaient très souvent des joueurs du Real Madrid sur les rives de la voie rapide qui mène à La Corogne (A6). Les deux joueurs quittent les lieux au petit matin accompagnés de Miguel Alonso et de deux jeunes filles, Teresa et Barbara. Les cinq ont entre 18 et 20 ans. Au volant de sa BMW, le défenseur merengue prend la direction du centre de la capitale espagnole. Finalement, le trajet de la voiture totalement pleine ne durera pas plus de 15 minutes…
Au carrefour entre les rues Sinieso Delgado et Ribadavia, le joueur des Trotters perd le contrôle du véhicule qui vient s’écraser contre le mur d’un parking privé. À 112,8 km/h au lieu de 50 km/h (selon La Razón), la BMW de Marcos Alonso part en aquaplaning avant de traverser la voie contiguë, de se retourner et terminer sa course sur le petit muret. Rapidement les secours et la police débarquent sur les lieux. Trois passagers doivent être libérés de la voiture par les pompiers dont une, Barbara, dans un état critique après avoir subi un traumatisme crânien sévère. La jeune femme de 19 ans était alors en arrêt cardiaque et s’est éteinte moins de 30 minutes plus tard à l’hôpital de La Paz. Les quatre autres passagers, dont Alonso, ont également été blessés (côtes cassées, fracture de la clavicule, traumatisme thoracique…) et deux d’entre eux resteront quelques jours à l’hôpital. Le taux d’alcoolémie du joueur, lui très légèrement blessé, était de 0,93 mg par millilitre de sang, quasiment le double du taux maximal permis. Alonso est alors arrêté et sera remis en liberté le lendemain en attente de son procès après le retrait de son permis.
Accusé de quatre délits, il évite la prison
Marcos Alonso est alors accusé de quatre délits : contre la sécurité routière, conduite en état d’ivresse, homicide par imprudence et lésions par imprudence. Un procès rapide n’est donc pas possible. Quatre ans de prison ont été alors requis par le parquet pour le latéral. Une demande qui est finalement passée à un an, neuf mois et un jour de prison. L’avocat du joueur Luis Romero, fit notamment partie de l’accusation contre Ortega Cano. Le célèbre torero est lui entré en prison en 2013 pour avoir provoqué un accident mortel également en état d’ivresse moins d’un mois après celui d’Alonso. Pour Marcos Alonso, la résolution du cas est finalement tombée en 2016, quasiment cinq ans plus tard. La peine de prison requise s’est transformée en une amende qui double la durée de la peine. 50 euros par jour pendant 42 mois (61 000€) qui viennent s’ajouter aux 200 000 euros que le joueur a volontairement versé aux parents et frères et sœurs de Barbara plus les 300 000 euros accordés peu après. Un peu plus de 500 000 euros en plus des 109 000 que l’assurance a payé à la famille.

Cette histoire a logiquement fait parler. Le néo-international a évité la prison malgré le décès de l’un des passagers présents dans sa voiture qui doublait la limitation de vitesse et avec quasiment un gramme d’alcool dans le sang. Certains ont du mal à comprendre et restent sceptiques à l’idée de le voir porter le maillot de l’Espagne. Officiellement, le paiement volontaire à la famille a été considéré comme circonstance atténuante tout comme des délais dans le procès qui a duré quatre ans au lieu d’un an ou un an et demi en moyenne. Certains ont mis en avant l’amitié qui lie Marcos Alonso à Felipe de Marichalar y de Borbón, le fils de l’Infanta Elena, qui n’est autre que la sœur du Roi Felipe VI. D’autres rappellent que selon plusieurs médias, qui reprennent les déclarations des amis du joueur, Barbara n’avait pas mis sa ceinture, ce qui n’a toujours pas été confirmé. Beaucoup de questions se sont et se posent encore. La réalité est qu’une jeune fille de 19 ans a payé de sa vie plusieurs imprudences en ce 2 mai 2011 mais que finalement toutes les parties sont tombées d’accord pour tenter de refermer une plaie qui restera surement ouverte à jamais.
Nicolas Faure
@Nicommentator