Ce soir contre Liverpool, Iker Casillas pourrait bien disputer le dernier match de Ligue des Champions de sa carrière. Dans un huitième de finale retour sans suspense après la manita des Reds à Porto, le gardien devrait vivre dans l’écrin d’Anfield sa 171e rencontre de C1, compétition qu’il a remporté 3 fois.
A moins d’un improbable retournement de situation, le FC Porto sera éliminé de la Ligue des Champions ce soir. Il sera aux alentours de 22h30 et au milieu de la pelouse, un gardien iconique pourrait bien tirer sa révérence à la C1. Il ne s’agit de n’importe qui : Iker Casillas, alias San Iker. Le gardien référence du Real Madrid des 20 dernières années, le champion du monde, le mari de Sara Carbonero, le gendre idéal, celui qui fait vendre du shampooing à la télé et des assurances sur des 4×3.
The final countdown. @IkerCasillas pic.twitter.com/aTqlYX9Ase
— Fútbol en Movistar+ (@MovistarFutbol) March 6, 2018
Quand on parle de Casillas, on évoque un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas tout à fait connaître. La première convocation du natif de Móstoles dans la périphérie de Madrid remonte au… 27 novembre 1997 contre Rosenborg. A l’époque, il n’a que 16 ans. Il doit attendre 2 ans pour débuter dans la prestigieuse compétition européenne, le 15 septembre 1999 sur la pelouse de l’Olympiakos. 169 autres matches suivront, un record absolu.
Une histoire de blessures
Cette saison 1999-2000 l’installe dans la hiérarchie madridiste, lui qui est déjà numéro 2 depuis un an. Doublure de Bodo Illgner, champion du Monde 1990, il profite d’une blessure de l’Allemand pour être titulaire en finale de la Ligue des Champions et contribuer au succès Merengue au dépens du Valencia CF, pourtant annoncé favori avant le match. Ce 24 mai 2000, outre le fait qu’il garde sa cage inviolée (3-0), Casillas devient le plus jeune joueur à remporter la coupe aux grandes oreilles, à 19 ans et 4 jours.
Mais la conquête de la Octava ne lui garantit pas rien. César Sánchez lui ravit sa place dans les cages lors de la saison 2001-2002 et c’est depuis le banc de touche qu’il regarde le début de la finale de Glasgow contre le Bayer Leverkusen. Mais San Iker a toujours eu un rapport étroit avec le Ciel ou, à tout le moins, le Destin. César se blesse et le Madrilène au prénom basque entre en jeu. Quatre paradones plus tard, le Real Madrid l’emporte 2-1 et Casillas débute une décennie de titulaire indiscutable. Avec la Roja, il profite d’une autre blessure, celle de Santiago Cañizares avec sa bouteille de parfum, pour devenir le numéro 1 lors du Mondial 2002. Douze ans plus tard, il pourra céder ses gants à David De Gea avec deux Euros et un Mondial dans la poche.
Monsieur C1
La fin de parcours d’Iker Casillas n’est pas à la hauteur de ce qu’il a représenté pour le Madridisme et pour l’Espagne tout entière. Le courant passe très mal avec José Mourinho qui lui préfère Diego López. Carlo Ancelotti coupe la poire en deux et « refourgue » les matches de Ligue des Champions à Monsieur Carbonero. Le Míster fait le bon calcul. Car si Casillas a, comme Raúl González Blanco, du mal à perdre son leadership dans le vestiaire merengue, ce qui lui coûte de nombreuses inimitiés, il a toujours le mojo en C1. C’est lui le titulaire lors de la Décima. Fautif sur le but de Diego Godín, le sort lui sourit une nouvelle fois et au lieu d’être le responsable de la défaite contre « el eterno rival », Sergio Ramos égalise à la dernière seconde et fait basculer la rencontre.
La 3e Champion’s de Casillas. La plus désirée par l’afición merengue. La vraie fin de Casillas, avant son « C’est fini » dans la langue de Molière un an plus tard. Le polémique éditorialiste Tomás Roncero a écrit un vibrant hommage au gardien dans les colonnes du Diario AS : « D’Iker, nous garderons ses parades miraculeuses lors de la finale de Glasgow. Une anse de la Novena est pour lui. Et ses arrêts qui nous (sic) ont valu la Décima : celle face à Huntelaar contre Schalke, celle devant Mkhitaryan à Dortmund, celle face à Götze en demi contre le Bayern. Beaucoup préfèrent se rappeler de son erreur à Lisbonne (en finale, ndlr). Moi, j’opte pour être juste envers le gardien qui m’a rendu le plus heureux dans mon existence blanche. Avec Iker, nous (re-sic) avons gagné 3 Champion’s. Et un Mondial. Et 2 Euros. Et 5 Ligas. Et 2 Copas. Et aujourd’hui, il dispute son 171e match en C1. Iker, nous sommes fiers de toi ».
Baroud d’honneur
Après 725 matches avec le maillot immaculé du Real Madrid, Iker Casillas a posé son sac à Porto. Une étape faite de hauts et de bas, mais tout de même 105 parties au compteur. Cette saison 2017-2018 n’est assurément pas la plus reluisante de son imposante carrière. Après 2 saisons pleines, quoique marquées par quelques errements, le Madrilène a perdu sa place mais il est redevenu titulaire depuis une poignée de matches. C’est lui qui était dans le XI du Dragon vainqueur du Sporting CP. Et c’est lui qui devrait aussi être titulaire ce soir à Anfield. Pour dire adieu à la compétition qui l’a fait roi ? Une chose est certaine, l’Espagnol quittera le FCP en fin de saison, son salaire étant trop élevé pour l’institution portugaise. On évoque son arrivée au Betis où il serait en concurrence avec Antonio Adán, son ancienne doublure au Real Madrid. Mais peu importe sa destination, cela restera anecdotique. La dernière grande page de la carrière d’Iker Casillas devrait s’écrire ce 6 mars 2018. Un match pour dire au revoir. Un match pour conforter encore un peu plus son empreinte dans l’histoire de la Ligue des Champions.
François Miguel Boudet