El Niño retrouve sa victime préférée, pour la dernière fois ?

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Fernando Torres a pris l’habitude marquer contre le Barça plus que contre les autres équipes. Cet après-midi, il retrouvera son rival préféré peut-être pour la dernière fois. 

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De prime abord, Fernando Torres ne fait peur à personne. Un visage timide, constellé de taches de rousseur, une tignasse blonde, un verbe timide, et surtout, un éternel air d’enfant. Quand il se dépense, ses joues rougissent comme celles d’un gamin peu habitué aux classes de sport. Récemment encore, Torres s’entretenait avec le philosophe José Antonio Marina au sujet de l’éducation des enfants, de la défaite, des valeurs. La faciès attentif, poli, le numéro 9 de l’Atlético ne paie pas de mine. Jusqu’à ce qu’il entre sur le terrain.

Le Goleador de l’Atlético

Là alors, El Niño effraie les défenses. C’est vrai, cela fait longtemps que sa menace n’est plus permanente. Le Torres de Liverpool vit seulement dans les mémoires. Pourtant, le talent ne l’a pas quitté. Ce talent qui lui permet tout à coup de surprendre son monde et de marquer un but spectaculaire, ou presque. Un contrôle de la poitrine, un crochet, un deuxième avant de frapper complètement hors du cadre. L’inconstance, mélange entre éclairs de brillance et lamentables ratés. Être titulaire en finale de Ligue des Champions et apprendre que son entraîneur se passerait bien de lui dans les mois suivants. Malgré cela, l’enfant rojiblanco s’accroche à sa bonne étoile. Marquer un doublé contre le Real en Coupe du Roi, éliminer le Barça en Ligue des Champions avec Chelsea par son but, être meilleur buteur d’un Euro sans être titulaire, signer un doublé lors du dernier match au Vicente Calderón. La légende se renforce au fil de ces brèves apparitions lors des grands matches. On lui pardonne tout. Ses ratés les plus grands, ses mois d’errance. Les Colchoneros savent qu’il réapparaîtra au meilleur moment, guidés par la spéculation des sentiments. Pour preuve, il régnait une certaine confiance quant au fait que ce serait lui le premier buteur de l’histoire du Wanda Metropolitano. Il n’en fut rien. L’histoire se répète à chaque fois que Torres rentre en cours de match. Et s’il marquait ? Il marque, et on a eu raison de croire. Il ne marque même pas en rêve, et alors on oublie sans problème. Ce sera pour une prochaine. Comme contre le Barça par exemple ?

11 buts en 22 confrontations contre les Blaugranas, voilà le bilan de l’attaquant madrilène. L’idylle commence en 2003. Aragonés est sur le banc, Mono Burgos dans les cages et Torres a 18 ans. Le style est le même : une bonne technique, pas exempte de toute imperfection pour autant. Souvent, le ballon s’échappe de son pied. Il rattrape la situation avec son physique puissant. Il attaque les espaces, emmène les défenseurs dans ses feintes de corps aussi efficaces que peu gracieuses. S’il le faut, il s’aide du bras. Ça passe et Puyol a tendance à faire les frais de toute cette affaire. Il faut dire que pour attaquer un espace, Torres est une référence. Le Barça l’apprend à ses dépens. En 2005, il signe son premier doublé au Camp Nou. Au sens propre, le maillot est trop grand. Il flotte, comme une chemise du XVIIe siècle. A titre d’accessoire dans cet ensemble rouge et blanc, le brassard de capitaine orne son bras. L’Atlético a trouvé son héros, ce qui revient à dire qu’au sens figuré, le chandail lui va comme un gant. Un an plus tard, nouveau doublé au même endroit. Deux fois par an, Torres et le Barça ont un rendez-vous spécial.

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De retour quand il le faut 

Quand il quitte les terres espagnoles en 2007, le Barça peut souffler pendant cinq ans. Jusqu’à ce que son ombre réapparaisse à nouveau sous les projecteurs du Camp Nou. A l’instar de Batman, il accourt sitôt que l’on fait appel à ses services. A Chelsea, The Kid vit une histoire compliquée avec le but. Un jour, il a commencé à rater des buts tout faits. L’insouciance s’est rapiécée dans un coin de sa tête blonde, écrasée par un doute de tous les instants. Sauf qu’en ce soir d’avril 2012 face à Victor Valdés. Les choses n’ont jamais été aussi claires pour lui. Muette, l’antre barcelonaise est témoin du retour d’un vieil ennemi, vêtu de blanc qui plus est. Le fantôme du meilleur Torres a retrouvé un corps pour une nuit.

Depuis son retour à la maison en 2014, El Niño ne joue plus que des bouts de matches contre le Barça. Quelques scories ponctuées ça et là d’un but. Oui, encore. Il dévore toujours l’espace, son meilleur allié. Pour se glisser entre le central et le latéral avec une course légèrement en diagonale, Torres n’a toujours pas son pareil. Batman a beau être fatigué et aveuglé par la lumière, quand il est en vol, il ne tombe jamais. Faillir, c’est possible, mais pas en mission.

A chaque mercato, le peuple colchonero est forcé de se préparer à lui dire au revoir et merci. Ce qu’on dit pour ses potentiels buts, on le dit pour ses adieux. « Si ce n’est pas pour cette fois, ce sera forcément la prochaine ». Cet après-midi, l’histoire contre Barcelone pourrait prendre fin. Reste à savoir si Batman peut se sortir de sa léthargie et répondre une dernière fois à l’appel. Pour autant qu’on ait besoin de lui.

Elias Baillif

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