Aujourd’hui, l’Atlético Madrid se déplace au Camp Nou pour ce qui sera sûrement un tournant de la course au titre. Un résultat favorable aux madrilènes passera comme toujours par une performance de l’infranchissable Jan Oblak.

« Obi-Oblak, cada día te quiero más » (« Obi-Oblak, chaque jour je t’aime plus »), entonnent les socios de l’Atlético Madrid pour rendre hommage à leur dernier rempart. Dans la tribune présidentielle, qui n’est pas du genre à reprendre les chants des supporters, il y en a un qui doit garder la musique en tête en ce moment. Enrique Cerezo, président de l’Atléti, avait annoncé fin février la prolongation de Jan Oblak avant de se raviser quelques jours plus tard et de plaider la blague. Pas sûr que le Slovène se soit bidonné, lui qui n’a donc pas signé de nouveau bail et qui refuse de s’exprimer sur le sujet. Généralement, ce n’est pas bon signe. Un départ donnerait une sérieuse taloche derrière la nuque des Matelassiers.

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Jan Barthez
Depuis plusieurs années, l’Atlético est rangé parmi les meilleurs défenses d’Europe. L’importance d’Oblak dans cette réputation est telle qu’il est difficile de déterminer qui du portier ou de la défense qu’il a devant lui est le plus important pour l’autre. La liste est longue, trop longue, de tous les déçus qui ont vu leur frappe parfaite partir s’endormir au fond des ficelles. Puis détournée par un géant qui n’en est pas physiquement un (1m89). Au dernier moment le ballon disparaît. Pile à l’instant où il s’apprête à faire bouger le score. Pile à l’endroit où Oblak devient roi. Plus le gardien colchonero est proche de sa ligne blanche, plus il est à l’aise. Oblak n’aime pas la modernité. Ces gardiens 2.0 à la Manuel Neuer qui se prennent pour des libéros, très peu pour lui. Il n’est pas du genre à s’aventurer trop loin de sa cage. À l’ancienne. Jan Barthez. De toute façon, dans la famille Oblak, le ballon, on le préfère entre les mains. Sa sœur, Teja, est basketteuse professionnelle au Good Angels Košice, en Slovaquie.

Sur les traces de la meilleure version de lui-même
Et comme au basket-ball, les statistiques sont les bien venues chez les gardiens de but. Si le choc entre le Barça et l’Atlético ne devait cacher qu’un seul « match dans le match », ce serait celui entre Oblak et ter Stegen. Depuis le début de la saison, les deux se livrent un vrai concours de décimales en vue du trophée Zamora, qui récompense le meilleur ratio de but encaissé par match en Liga. À l’aube de la bataille, c’est l’ancien du Benfica qui est en tête avec un ratio de 0,42 contre 0,5 pour l’Allemand. En Europe, les seuls qui ont encaissé moins de buts que lui en championnat n’ont pas joué plus de 13 matchs. Lui en est à 26. Pendant 21 ans, c’était Francisco Liaño qui détenait le record. Il ne s’était fait tromper que 18 fois en 38 matchs (0,47) lors de la saison 1993-1994 avec le Deportivo La Corogne. Le score semblait inaccessible lorsqu’Oblak l’a égalé en 2016. Cette année, il semble parti sur les traces de la meilleure version de lui-même. Ses statistiques sont exactement les mêmes qu’au cours de la saison record au même moment : 0,42 buts encaissé par match (11) et 17 cleen sheets.
Il n’est plus possible de fermer les yeux sur les performances du double tenant du titre du Zamora. Parfait dans son rôle, Oblak mériterait le César du meilleur gardien. Jan Balibar.
Victor Massias
@victor_massias