L’Atleti avait refermé l’année 2017 sur une défaite symbole de tout ce qui n’allait pas chez les Matelassiers. Deux mois plus tard, les hommes du Cholo sont de retour au premier plan et peuvent relancer la course au titre lors de cette 28e journée en cas de succès contre le Barça. Le retour de Diego Costa chez lui, là ou tout à commencé, y est pour beaucoup dans cette renaissance des Indios. Explications
On joue la 88e minute à Cornella pour ce match de la 17e journée de Liga entre l’Espanyol et l’Atleti. Le match est terne, haché, personne ne semble vouloir gagner mais surtout personne ne veut perdre. Dans la froideur de Barcelone, un coup de canon part. Sans coup de semonce et au terme d’un contre rondement mené, le sergent Sergio García crucifie le géant Oblak. L’Atleti subit sa première défaite en championnat et est renvoyé à ses vieux démons.

Pour beaucoup, cette défaite est le symbole de tout ce qu’il n’allait pas chez les Colchoneros : une équipe à bout de souffle, un Griezmann sans génie, écrasé par la pression d’être l’unique référent offensif de son équipe, d’être le joueur qui doit créer le décalage et marquer. Sans envie particulière, les matchs de l’Atleti étaient une succession de purges plus mauvaises les unes que les autres. C’étaient des matchs gagnés à l’expérience par des matelassiers devenus une caricature d’eux-mêmes. Bref, le Cholismo était face aux démons d’une fin de cycle.
« Quand je l’ai vu s’entraîner avec le groupe, j’ai eu envie de pleurer de joie. ‘Quel barbare ! Il va tous les massacrer ! Ce type est imparable !’ me suis-je dit. Ce que tout le monde a vu plus tard sur les terrains, moi, je le voyais aux entraînements. (…) En un sens, Diego Costa a été le reflet de l’histoire du caractère de l’Atlético de Madrid. Il s’est battu pour réussir et repousser tous les obstacles » Diego Simeone, amoureux de Diego Costa
Les hommes de Simeone étaient clairement à bout de souffle à la fin décembre. Sans allant, sans caractère, sans réel envie, les Colchoneros semblaient à deux doigts de craquer. L’arrivée de l’hispano-brésilien a tout changé. De retour sur les terrains après plusieurs mois d’inactivité, l’ancien de Chelsea a réveillé tout le monde. L’équipe morne se retrouve comme transformée sous l’impulsion de l’attaquant qui incarne le mieux la pensée du Cholo.
« Celui qui m’a donné le plus de titres, c’est Diego Costa. Il marque toujours le but du 1-0. C’est une chose de mettre 30 buts avec des triplés et des gifles en score finaux. Mais c’est autre chose quand parmi ces 30 buts, 20 d’entre eux te font gagner 1-0. Ça, personne ne le fait aussi bien que Diego Costa. » Filipe Luis, amoureux lui aussi
Buteur incroyable, il aime autant souffrir que célébrer après avoir fait ficelle. Il y a un réel lien entre Simeone et l’attaquant. L’entraîneur argentin est réellement amoureux de Costa et Costa est amoureux de ce club et du Cholo. Cette union et ce mental ont permis à tout un club de retrouver un second souffle. Diego Costa est un leader incroyable, il aimante la pression et libère ses coéquipiers. Tous ses coéquipiers profitent de son arrivée. Koke retrouve son attaquant fétiche, le circuit de passes entre les deux recommence à faire des étincelles.
80% – El Atlético de Madrid ha ganado el 80% de sus partidos con Diego Costa esta temporada en todas las competiciones (ocho de 10) mientras que solo el 53,3% sin él (16 de 30). Bestial. pic.twitter.com/GqBLn7Ufgj
— OptaJose (@OptaJose) March 2, 2018
« La présence de Costa n’a pas seulement amélioré la forme de Griezmann, mais aussi celle de l’équipe, pour sa ténacité, son courage et ce qu’il transmet à l’équipe » Diego Simeone
¡Bienvenido marzo! Griezmann, Quini, Neymar, la Liga y el Arsenal-Manchester City, en #LasPortadas del día https://t.co/pZ4VMtQTtn #FelizJueves pic.twitter.com/o8dXvFdBy1
— MARCA (@marca) March 1, 2018
Le joueur qui a le plus profité du retour de la Bestia est bien sûr Antoine Griezmann. Après un été compliqué et des prestations sportives plus que moyennes, le Français était sous le feu des critiques et pris en grippe par une grande partie de l’afición colchonera. Ecrasé par la pression d’être LE leader offensif, de devoir tout faire et surtout d’être regardé voire épié, Griezmann déjouait. A contre-courant, « Grizi » marquait moins et autour de lui c’était très calme, à la limite du discret. Yannick Carrasco loin de son niveau et physiquement à la cave, Ángel Correa toujours aussi irrégulier, Kevin Gameiro toujours trop cyclique, Griezmann devait tout faire tout seul et c’était bien trop compliqué.
« Ne vous habituez pas trop à ce que je mette trois ou quatre buts à chaque fois » Griezmann, modeste
Cependant, depuis 1 bon mois, le Français est libéré. Il a retrouvé une belle forme et régale. Il reste « simplement « sur 7 buts en 2 matchs (et même sur 13 buts en 13 matchs), une broutille hein ? Mais qui est à l’origine de ce retour de flamme ? Vous vous en doutez bien, c’est Diego Costa. Libéré de n’être plus le numéro 9 référence des Madrilènes, le français peut dézoner et se balader sur les ailes pour rentrer dans le surface et délivrer un caviar ou scorer. Il adore être à la récupération des seconds ballons grattés par Costa. Griezmann vient de passer la barre des 100 buts avec l’Atleti, est devenu le premier Français a avoir marqué 4 buts en Liga. Mieux : il a aussi fait son mea culpa quant à quelques déclarations et gestes à l’égard du public du Metropolitano. Il semble libéré, délivré.
« J’essaye de donner du plaisir aux gens. J’ai pu faire des erreurs, mais je crois que sur le terrain je ne me trompe jamais. J’ai pu commettre des erreurs avec certaines déclarations ou en demandant au public de se taire mais sur le terrain je n’ai jamais triché. Maintenant, c’est du passé. » Griezmann, mea culpa
Griezmann est un avaleur d’espaces, un attaquant qui adore partir de plus loin pour crucifier le gardien adverse. Il n’est pas un 9 pur, il a un palette beaucoup plus étoffée. Bon dribbleur, centreur avec une belle VMA, le Français ressemble plus à un neuf et demi. Un peu comme Portu ou Messi. Il bouge tellement qu’on l’oublie et c’est là qu’il frappe. Associé à un attaquant qui prend autant de place que Costa, Griezmann est donc beaucoup plus libre de ses mouvements. Le duo est déjà rodé. Eux qui s’étaient croisé à l’été 2014 ont pu parfaire leur routine durant 6 mois durant les exercices quotidiens à la Ciudad Deportiva de l’Atleti.
« Le fait de l’avoir là-bas me donne beaucoup de liberté, et je peux faire ce que j’aime le plus, savoir recevoir sur les ailes et rentrer. Ça me donne aussi une référence en attaque : c’est Costa qui est en conflit avec les défenseurs et j’attends le rebond. » Griezmann, mi-footballeur mi-NBAer sur Onda Cero
Le but face à Girona est un exemple parfait pour illustrer comment les deux sont complémentaires. Même si l’Atleti n’était pas encore dans sa forme actuelle et que le match s’est soldé par un nul, la performance des deux comparses a été remarquée. Pour leur deuxième titularisation ensemble, ils ont régaler. Sur ce but qui va permettre à l’Atleti d’ouvrir le score avant de tenter de fermer le jeu, Costa se jette, se sacrifie même devant Bono. L’ancien de Chelsea donne tout dans ce duel aérien avec le gardien marocain, le ballon est contré et retombe dans les pieds de Griezmann qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets. Le Français explose, sourit, célèbre pendant que la Bestia se tord de douleur sur le pré.
« Je n’y ai jamais marqué et j’ai très envie d’y fêter un but » Griezmann, ambitieux au Camp Nou
Ce duo c’est ça : Diego Costa n’existe en tant que footballeur que par le prisme du dépassement de soi, de la souffrance et du sacrifice collectif ; Griezmann c’est la dose de folie, le talent qui doit permettre aux Rojiblancos de forcer des résultats. Un duo assez complémentaire pour permettre à l’Atleti de se rapprocher encore plus du Barça, de relancer la Liga et surtout de permettre à Grizi de lever les bras pour la première fois au Camp Nou ?
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13