Girona : L’orgueil comme seule arme face au Barça ?

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Coincée entre la Costa Brava et Barcelone, Girona commence à sortir de sa coquille pour tenter de devenir une place forte en Catalogne et en Espagne. Pour leur première saison en Liga, les rojiblancos sont éblouissants et se mettent même à rêver d’Europe. Et s’ils étaient les premiers à faire chuter le Barça en championnat cette saison ? 

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« C’est un message qui englobe beaucoup de choses. Je m’y suis identifié parce que je sais ce que c’est que de faire des efforts et des sacrifices  » La légende Eloi Amagat

A Girona, l’orgueil s’affiche avec fierté sur le devant des maillots . A l’emplacement habituel du sponsor principal, le club catalan a décidé d’afficher l’expression « Orgull Gironi » (Orgueil Gironais en VF). Résultat d’un sondage auprès des socios, 60% des sondés ont choisi cette maxime pour définir leur club. L’expression prendra place pour la première fois ce soir sur le maillot rojiblancos, pour le derbi catalan, mais Girona va se battre avec bien plus que de l’orgueil face au Barça.

« Il n’y a pas de meilleure façon de démontrer la fierté de Girona que de la mettre dans l’endroit le plus visible sur notre chemise. Ils pourront voir cela partout, dans toutes les stades où nous jouerons  » Delfí Geli, président du Girona FC

 

Rien n’est simple à Girona

Entre le Girona de 2014, sauvé par Machin et celui de 2018 qui va se dresser plein d’assurance et de fierté face au Barça, il y a un monde. Cet écart incroyable a été comblé grâce au travail et à l’abnégation de tout un club mais surtout d’un coach, le beau Pablo Machin. Sous sa houlette, le club à la dérive et largué financièrement se retrouve à rêver d’Europe et joue un des footballs les plus agréable à voir en Espagne. Ce n’est pas pour rien si Pablo a des Penya à sa gloire à l’Estadi Montivili.

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Son premier coup de maître est le sauvetage du club en 2014. Quand il récupère le club en début d’année, Girona est dernier de Segunda, largué, proche d’un retour en Segunda B qui pourrait conduire à la disparition du club. Le natif de Soria va imposer sa patte, son style, son 3-5-2 mais surtout remettre tout un club au travail. Après l’opération sauvetage réussi, le club débute la saison 2014-2015 avec le plus petit budget de deuxième division. On ne donne vraiment pas cher de la peau des Gironais, mais le foot est fait de surprise et Girona va la créer. En étant dans le rythme des 2 premières places qui offrent le sésame pour la Liga directement, on se dit qu’un conte de fée débute en Catalogne. Mais rien ne va se passer comme prévu. Concédant le nul face à Lugo lors de la dernière journée, Girona doit jouer les play-offs. Un second tournoi qui brisera tous les espoirs du club de monter en Liga cette année là.

« A Gérone, nous sommes maintenant à des années lumière de ce que j’ai trouvé, c’est fou, il y a un script pour écrire un thriller et gagner des récompenses » Pablo Machin 

La saison suivante, Girona est attendu mais les débuts sont très poussif. Le club a dû mal à se remettre de la déconvenue subit la saison passée. Pour beaucoup le club était déjà en Liga, et les voilà qui doivent se déplacer dans des bourbiers et jouer 42 matchs de championnat. L’orgueuil qui avait permis de sauver le club lors de la prise de fonction de Machin se remet à marcher. La deuxième partie de saison est de très bonne facture, le club ne perd plus un match et se retrouve à rejouer les play-off. Le résultat est identique à la saison passée, les catalans ne montent pas, une nouvelle saison en segunda se profile. On les voit mal se re-remettre d’une nouvelle déconvenue et pourtant … Le club va une nouvelle fois sortie des enfers pour enfin connaître la promotion et la Liga.

 « Quand je suis venu de Soria, ils ont instillé en moi des valeurs qui me plaisaient. Je me sens très fier d’être ici » Pablo Machin 

L’orgueil se retrouve aussi dans la façon dont Girona aborde ses matchs. Que ce soit face à Malaga ou l’Atleti, Girona va toujours essayer de jouer son jeu, son football. Les bases sont posées d’entrée quand le petit club est tenu en échec en menant 2-0 assez facilement l’Atleti pour le premier match de Liga disputé au Montivili. Machin ne se dégonfle jamais, c’est avec ce mental qu’il réussit à mener Girona aussi haut. Il a réussi à créer un vrai collectif, créer des automatismes et un groupe qui va parfaitement. Les joueurs ont conscience de la chance qu’ils ont d’être là. Le groupe est extrêmement soudé, et les remplaçant sont souvent décisifs et apportent un vrai plus.

« Je suis convaincu que nous sortirons avec la tête haute. J’espère que nous continuerons à être cette équipe avec des identités claires qui ne se renient devant aucun rival.  » Pablo Machin

Pour Machin aussi, cette saison est un baptême du feu. Il n’avait jamais coaché à ce niveau. Cependant avoir peur, très peu pour lui. Jamais gâté par la vie, ii a lui aussi conscience de le chance qu’il a d’être dans un club sain, soutenu par des investisseurs solides et qui lui fait confiance. Il se sent très bien ici, c’est devenu sa deuxième maison. Dans cette ville si particulière, il est comme un poisson dans l’eau. Machin est réellement adulé ici, réellement.

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Quand un entraîneur comme Machin se sent bien dans un club, il lui rend au centuple. Et pour sa première saison en Liga, l’entraîneur a donné une dose de bonheur assez folle à ses supporters. Entre le 2-2 en ouverture face à l’Atleti au Montivili, la victoire face au Real, le nul au Wanda ou encore le très bon match aller face au Barca. Machin a déjà une flopée de matchs références, avec de très nombreux coups tactiques qui ont fonctionné.

Mais ça donne quoi sur le terrain le Girona FC?

Jouer son jeu c’est bien mais il faut quand même que ce jeu rapporte des points et fasse gagner des matchs. Machin a 42 ans et est considéré encore comme un espoir dans le métier mais l’ancien de Numancia a déjà presque 20 ans d’expérience sur les bancs de touche. Que ce soit avec les jeunes, en adjoint (notamment d’Unzué, l’actuel coach du Celta) ou en numéro 1 à Numancia et Girona, Machin a pas mal de bouteille. Il est avec Bordalas et Garitano les coachs qui découvrent la Liga après avoir bien écumé les basses divisions espagnoles. Les 3 ont une vision bien différentes mais chamboulent très clairement la Liga avec des styles très claires. Machin pense que le jeu apporte le résultat et non que le résultat apporte le jeu. Cela ne veut pas dire qu’il est encré dans un seul style, il sait s’adapter à son effectif. Par exemple, au début son Girona était une équipe de contre maintenant les catalans adorent tenir le ballon et sont clairement une équipe de possession.

La défense à 3 ou rien

Dans les choses qui ne changent jamais dans la vision du football de Machin c’est avoir 3 défenseurs centraux. Ne cachant pas son inspiration de l’Allemagne de Low ou de Conte, avoir une défense à 3 est quelques d’immuable chez lui. Pourquoi vous me direz ? Et bah parce que 3 défenseurs c’est toujours mieux que 2 non ? Plus sérieusement les défenseurs centraux ont une part très importante dans le football de Pablo. Avoir 3 centraux lui permet de sécuriser son axe mais surtout de ne pas avoir besoin de redescendre un milieu pour la relance. Les 3 sont auto-suffisant et sont les premiers pions de la relance gironiste.

Ensuite, avoir 3 défenseurs permet aussi de libérer les latéraux des taches défensives. C’est le deuxième point clé du Girona FC. Les latéraux doivent se situer très haut pour étirer le bloc adverse et créer le danger en apportant des ballons dans la surface adverse. Beaucoup de situations dangereuses des hommes de Machin passent par les côtés.

« C’est une référence, même si ce sont des équipes différentes, mais elles sont marquées par une manière jouer très spéciale. Il y a quelque chose qui attire mon attention en regardant les vidéos c’est qu’il y a beaucoup d’équipes qui adaptent leur jeu pour jouer contre Chelsea ou Girona. Vous devez vous adapter » Valverde et la comparaison entre Chelsea et Girona. 

En phase défensive, avoir 3 défenseurs est un vrai plus pour les catalans. Ils poussent leurs adversaires à passer par les côtés et à centrer. Avec 3 centraux ils sont assez facilement en supériorité à la retombé des centres surtout que les défenseurs de Girona ont de très jolis gabarits. De plus, pousser les adversaires à exploiter les cotes permet de générer des espaces dans le dos de ces dits défenseurs. Des espaces qui sont de vrai cadeau pour les joueurs catalans.

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Dans l’esprit de Machin tout est calculé, tout est prévu, c’est un méticuleux, un perfectionniste, rien n’est laissé au hasard. En bon fou des détails, il prépare chaque match parfaitement à coups d’analyse vidéo. Il essaye constamment d’avoir un coup d’avance voir deux sur ses adversaires mais surtout il responsabilise un maximum ses joueurs pour qu’ils puissent trouver des réponses seuls quand le plan de base est mis en échec.

Portu-Stuani, les monsieurs plus de Girona

C’est simple, à eux deux ils ont marqué 64% des buts de Girona en Liga. Stuani a déjà égalisé son meilleur total sur une saison avec 13 buts et Portu est à un niveau stratosphérique et a déjà marqué 9 buts en liga, pour un milieu offensif c’est plutôt pas mal.

En phase offensive, Girona s’organise en 3-4-2-1. Portu est très haut sur un terrain mais dézone beaucoup, il ne peut donc pas être considéré comme un buteur même si il sait faire parler la poudre quand il faut. Son rôle est double, il doit proposer des solutions à son latéral mais aussi tourner autour de Stuani pour récupérer les seconds ballons. Son petit gabarit est parfait pour mettre le feu aux défenses adverses. Il a une vraie qualité technique au dessus de la moyenne et une science du jeu excellente. A coté de l’ancien de Valence, il y a Borja Garcia. Moins en vue devant les bois, il est tout aussi utile. Son rôle est de faire le lien entre les milieux et l’attaque.

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Stuani est le point d’encrage des Catalans. Tireur de penalty attitré (il n’en a raté aucun cette saison), il est aussi l’homme vers qui on allonge le jeu quand il n’y a pas de solution au milieu. Même si Girona aime avoir le cuir et jouer au sol, il n’apprécie guère de le conserver pour rien. Pour Machin chaque phase de possession doit se conclure par une situation dangereuse.

Au milieu de terrain, les hommes de l’ombre sont Granell et Pere Pons. Moins en vue dans le jeu mis en place par Pablo, ils sont tous aussi important. Pons est le ratisseur de ballon, celui qui récupère tout les ballons qui traîne, véritable chien fou il est partout. A ses côtés, Granell est une machine à laver, chaque ballon qu’il touche ressort tout propre.

« Par le succès et pour ce qu’ils ont accompli, ils font une campagne incroyable dans leur première saison en Primera et c’est peut-être l’équipe révélation de la saison. » Valverde 

Girona est une équipe surprise, le genre d’équipe pas du tout préparée pour la Liga. Dans un stade en préfabriqué, rien ne nous laissait croire qu’il pourrait se retrouver à ce niveau là si vite. Ce club est rempli de joueurs revanchards. L’exemple de Granell représente parfaitement ce qu’est Girona. Le milieu de terrain était proche d’une descente en D4 quand il est repéré par Girona en 2014. A quasiment 30 ans, rien ne le prédisposait à jouer en Liga et pourtant c’est un des tous meilleur à son poste cette saison. Des joueurs comme ça, il y en a pléthore dans l’effectif des catalans. Ce mélange de joueurs revanchards qui croquent cette saison à pleines dents et de jeunes comme Maffeo ou Mojica qui ont tout à prouver à créer une émulation plus qu’intéressante. Ce derbi Catalan devrait tenir toutes ses promesses et Girona a toutes les cartes en mains pour continuer de créer la surprise, et pourquoi pas réussir un Eurogirona ?

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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