Aimar c’est ce qu’il y a de plus beau

Analyse En avant Liga Santander Retro Valencia

La semaine dernière, Pablo Aimar a définitivement raccroché les crampons après avoir joué un dernier match avec l’Estudiantes de Río Cuarto, le club de sa ville, dans la province argentine de Córdoba. Idole de Lionel Messi, El Payasito s’est révélé à River Plate avant de suivre les traces de Mario Kempes et Claudio López à Valencia. 

Il n’est pas bien grand mais au centre du cercle formé par ses coéquipiers, il est écouté religieusement : « Je vais vous dire une chose : ces 9 ou 10.000 personnes qui sont là veulent être des vôtres. Demain, moi aussi je vais vouloir être l’un des vôtres. Vous vous lèverez pour vous entraîner et je vais méchamment vous envier. La sensation que nous allons ressentir à présent en arrivant sur un terrain plein n’existe nulle part ailleurs. Nulle part. Cherchez là où vous voulez : elle n’est ni dans la poudre, ni dans la nuit, ni dans les nanas, ni ailleurs. Arriver sur un terrain plein n’a pas d’égal. Profitez-en. Et faites m’en profiter ». Ce n’est qu’un petit match de Coupe d’Argentine mais il revêt bien plus d’importance qu’une simple qualification au tour suivant. Celui qui parle et motive n’est pas n’importe qui. Il s’appelle Pablo Aimar et c’est son dernier match en tant que joueur. Le sélection de la sub17 argentine retrouve le maillot de l’Estudiantes Río Cuarto, là où tout a commencé pour lui, avant que Daniel Passarella ne parviennent à convaincre le père de laisser son fils revenir à River Plate, quelques temps après un essai concluant chez les Millonarios.

Pablo Aimar c’est la quintessence du joueur offensif argentin tel qu’on se l’imagine. Racé, rapide, élégant. El Payasito a débuté à River Plate avant son 17e anniversaire, quelques mois après la victoire gallina en Libertadores. Jusqu’en 2000, il remporte 5 tournois (Apertura 1996, Apertura et Clausura 1997, Apertura 1999 et Clausura 2000) ainsi que 2 Sudaméricano sub20 (1997 et 1999) et le Mondial sub20 (1999) lors duquel il est associé à un certain Juan Roman Riquelme, son alter ego de Boca Juniors. A River, il joue avec El Burrito Ariel Ortega, passé lui aussi par Valencia avec moins de succès. L’Uruguayen Enzo Francescoli , El Príncipe, l’adoube comme son digne successeur. Diego Maradona a dit aux débuts des années 2000 qu’Aimar est le seul joueur pour lequel il paierait pour le voir. César Luis Menotti l’a comparé à Michael Laudrup, hommage d’autant plus fort que le père a donné à son fils César comme deuxième prénom en hommage au génial entraîneur. Marcelo Bielsa était dans les tribunes pour son tout dernier match avec l’Estudiantes Río Cuarto. Difficile de faire meilleure synthèse de tout ce que l’Argentine a fait de mieux en matière de football depuis 40 ans.

À Valencia, il devient une idole, un « otro pibe inmortal », à l’instar d’El Matador Mario Kempes et d’El Piojo Claudio López, natif comme lui de la région Córdoba. Arrivé lors du mercato d’hiver 2001 pour 3.500 millions de pesetas (environ 25M€, un record pour le club che), El Payasito est de la campagne européenne qui s’achève dans les larmes contre le Bayern. Avec Rafa Benítez, il devient le créateur attitré de l’équipe (4 buts et 9 passes décisives en 33 matches de championnat). Valencia remporte la Liga en 2002 et, malgré une saison 2003-2004 en partie pourrie par les blessures, il est aussi de l’équipe qui fait le triplé Liga-Coupe de l’UEFA-SuperCoupe d’Europe. 240 matches, 40 buts et 49 passes décisives en blanquinegro : Pablo Aimar a marqué son époque, au même titre qu’un Ratón Roberto Ayala, un Pipo Rubén Baraja, un David Albelda ou un Guaje David Villa.

Au faîte de sa carrière à 27 ans, « Pablito »n’a pas eu une meilleure carrière en raison de blessures récurrentes. C’est la mort dans l’âme que Mestalla l’a vu partir. Au Real Zaragoza puis à Benfica, El Payito est moins régulier. Après une descente en Segunda avec le club maño en 2008, il rebondit au SLB, gagne un titre de champion du Portugal (2010) et 4 fois la Coupe de la Ligue (de 2009 à 2012). Un passage anecdotique en Malaisie, au Johor Rarul Takzim, une pige à River Plate avant de raccrocher en 2015 : Aimar méritait meilleure fin. Finalement, il l’a eu près de 3 ans plus tard, en reportant son tout premier maillot. En 2002, devant les caméras de Barça TV, Lionel Messi confiait toute son admiration pour El Payasito : « chaque joueur est différent, mais moi j’ai le style d’Aimar. Il joue vite, avant de recevoir la balle il sait déjà ce qu’il va faire. La vitesse qu’il a est impressionnante, la façon dont il distribue le jeu, les ballons qu’il donne… ». Fils de Kempes, père de Messi. Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’Aimar.

François Miguel Boudet
@fmboudet

 

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