Arrivé lors du mercato d’été 2016, Denis Suárez peine à s’imposer chez les Catalans. Le sureffectif au milieu de terrain ainsi que des prestations en demi-teinte ont quelque peu assombri son bon début de saison. Pourtant nombreux sont les supporteurs à croire encore en lui et en son potentiel. Alors, son avenir s’inscrit-il vraiment en blaugrana?

ADN Barça ?
Si Denis Suárez n’a pas été formé à la Masia et n’a évolué qu’une saison au Barça B, difficile de ne pas remarquer que son jeu porte pourtant une empreinte bien Barça-compatible. L’explication à cela on la trouve du côté du Celta. C’est là-bas qu’il rencontre l’entraîneur qui l’a le plus marqué jusqu’à aujourd’hui : Eusebio Sacristán. Le coach remarque tout de suite le potentiel du joueur et c’est quand leurs chemins vont se rencontrer à nouveau au Barça B 3 ans plus tard, que le coach espagnol va façonner le futur Denis Suárez.
En conférence de presse la saison dernière il expliquait : « J’étais habitué a jouer neuf et demi et je bougeais partout sur le terrain, cherchant toujours le ballon, un jour il m’a assis dans son bureau, m’a mis une vidéo et m’a dit : ça ce sont tes zones, ici tu bouges et tu attends que les ballons t’arrivent et à partir de là tu agis. » En plus de modifier son placement le coach lui apprend la patience, la confiance en ses coéquipiers et surtout l’art de ne pas s’éparpiller et de s’épuiser, Eusebio lui disait : « Ici (au Barça B) tout le monde est bon et ce n’est pas nécessaire que tu ailles partout chercher la balle. »
Un première partie de saison en dent de scie
Cette saison le natif de Salceda de Caselas a eu quelques occasions de démontrer ses qualités. Après la claque en Supercoupe contre le Real, les Blaugranas entament bien leur saison en Liga : 3 victoires et 0 but encaissé. C’est donc un Barça légèrement revigoré qui se déplace lors de la 4ème journée au Coliseum Alfonso Pérez pour y défier Getafe. Il n’a joué que 27 petites minutes jusque-là, mais Denis Suarez va être le sauveur. Rentré à la mi-temps il va illuminer de sa classe cette rencontre et sortir le Barça d’un bien mauvais pas. Mené 1-0 après un golazo de Shibasaki, Denis égalise d’une belle frappe dans la surface. Toujours collectif, il parvient à casser les lignes adverses et se mêle aux offensives avec souvent les bons choix à la clé. Les Catalans l’emporteront 2 buts à 1.
Ernesto Valverde lui accorde sa confiance le match suivant contre Eibar. Il marque un but et offre une passe décisive. Il est de nouveau titularisé au Camp Nou 2 semaines plus tard face à Las Palmas. Depuis, son temps de jeu a quelque peu diminué et ses bonnes prestations sont devenues moyennes voir inquiétantes. C’est le cas par exemple lors du 16è retour de Copa contre le Real Murcia ou quelques semaines plus tard contre le Celta puis face à l’Espanyol dans cette même compétition. Pertes de balle, individualisme, déchet technique… Denis semble perdre le fil de ses matchs.
Une comparaison difficile à gérer

« Denis Suarez peut être notre nouvel Iniesta. » Cette phrase c’est Luis Enrique qui l’a prononcée la saison dernière en conférence de presse. Depuis la comparaison revient sans cesse non sans la pression qui l’accompagne. Si les deux joueurs n’ont pas exactement les mêmes qualités, ils se rejoignent sur une chose essentielle : ce sont des incroyables accélérateurs de jeu. Par une passe ou une course ils changent le cours d’une action. Comme son coéquipier, il sait aussi éliminer et même déclencher ou suivre un pressing. Ce dernier point était d’ailleurs l’une de ses forces au sein du Villarreal de Marcelino. Alors en quoi Denis se distingue-t-il de son illustre aîné ? L’intelligence de jeu. Difficile pour n’importe qui de rivaliser sur ce point-là face à l’immense Iniesta. Mais c’est un fait, Denis à trop souvent tendance à jouer tête baissée cette saison, cherchant à faire la différence tout seul, provoquant des pertes de balles. Un énorme handicap pour évoluer au Barça.
Pourtant ça n’a pas toujours été le cas et ses anciennes performances avec l’équipe B le démontrent. À cette époque la tête était bien levée et elle marchait à merveille. Avec un temps d’avance sur ses adversaires et une bonne lecture du jeu de ses coéquipiers, Denis rayonnait. Jouer au Barça, il en est donc capable. Est-il probable qu’il surjoue afin de prouver à son coach ses capacités ? C’est possible. Ce type de joueur hybride dont le profil se situe entre celui d’ailier et de milieu est courant en Espagne, et leur positionnement final s’établit souvent au milieu. Pour ça, ils ont su épurer leur jeu. Si le joueur est le principal acteur de son évolution, le rôle d’Ernesto Valverde est lui aussi prépondérant. On le sait, faire passer un cap aussi important est souvent le résultat d’une association de travail joueur-coach.
Un joueur convoité
Malgré des prestations de plus en plus moyennes, Denis conserve une bonne côte en Europe. Naples qui s’était par exemple déjà présente lors du mercato estival pour s’attacher ses services, est revenu à la charge cet hiver. En novembre le joueur avait déclaré à ce propos au journal Marca : « JE NE VEUX PAS PARTIR ! Je le dis depuis longtemps. Mes compagnons m’ont encouragé à continuer cet été et je n’ai pas l’intention de bouger d’ici, je veux réussir au Barça. »
La situation s’est encore plus compliqué récemment avec l’arrivée de Coutinho. Malgré ça et la perspective d’un temps de jeu encore plus famélique, Denis semble vouloir continuer. Selon la presse catalane ni le joueur ni le club n’envisagent une vente cet hiver. Rafinha parti, des joueurs comme Aleix Vidal ou Gerard Deulofeu semble les principaux candidats à un départ, afin de soulager l’effectif à des postes où peut évoluer le Galicien. Si cela se confirme, Denis a 5 mois pour faire pencher la balance en sa faveur. À tout juste 24 ans, le temps joue contre lui et il doit prouver dès cette deuxième partie de cette saison qu’il peut se dessiner un véritable futur en Blaugrana.
Tracy Rodrigo