Betis : le mariage raté de Gustavo Poyet à Heliópolis

Analyse Betis En avant Liga Santander

A la surprise générale, les Girondins de Bordeaux ont nommé Gustavo Poyet pour succéder à Jocelyn Gourvennec. Passé par le Betis la saison dernière, l’Uruguayen devait relancer la politique sportive des Verdiblancos, à la peine depuis plusieurs années. Le résultat a été loin des attentes et l’expérience n’a duré que quelques mois.

Une afición incandescente, une grande histoire et un nouveau cycle pour retrouver le haut du tableau : quand Gustavo Poyet est nommé entraîneur du Real Betis Balompié, les attentes sont immenses. Nous sommes les 10 mai 2016 et le club sévillan officialise l’arrivée du technicien uruguayen pour 2 saisons. Pour ceux qui ont connu le Chelsea d’avant Roman Abramovitch, Poyet représente une sorte de mix entre la garra et l’élégance balle au pied: L’Angleterre, c’est la seconde patrie du Charrua. L’unique buteur de la SuperCoupe d’Europe 1998 a d’ailleurs appris le métier de coach en Albion (Swindon Town, adjoint de son ex-coéquipier Dennis Wise à Leeds et Juande Ramos à Tottenham, Brighton & Hove, Sunderland).

Annoncé comme Gustavo Simeone

Après son passage mouvementé à Sunderland malgré une finale de League Cup et quelques mois en Grèce à l’AEK, son arrivée était attendue, que ce soit de la part des dirigeants et des supporters béticos, mais aussi par Poyet lui-même. Légende du Real Zaragoza avec qui il avait soulevé la Coupe des Coupes 1995 (ah ! le lob de Nahim à la dernière seconde !), l’Uruguayen retrouvait l’Espagne avec un projet dont il était la pierre angulaire. Le nouveau directeur sportif Miguel Torrecilla avait même dû employer les grands moyens pour convaincre le président Ángel Haro. Le modèle du Betis lors de l’annonce de la signature, c’était évidemment l’Atlético du Cholo Simeone. Ça peut faire un brin court comme introduction mais, après tout, si la greffe prend… D’ailleurs, celui qui est surnommé « Radio » en raison de sa langue bien pendue ne reniait pas la filiation lors de sa présentation : « nous pouvons nous ressemble en ce qui concerne notre façon de transmettre au joueur, cette envie de toujours se battre. On nous a comparés de nombreuses fois. Sans aucun doute, je veux une équipe avec du caractère mais qui sache aussi prendre soin du ballon ».

Torts partagés

Sauf que le mariage ne prend. En guise de nuit de noces, les Verdiblancos sont fessés 6-2 au Camp Nou contre le Barça. Le Betis devait réapprendre à regarder vers le haut après une saison des plus difficiles, passée avec de l’eau jusqu’à la gorge, proche de la noyade. Après 11 journées, Poyet est démis de ses fonctions. Son bilan n’est guère reluisant : 3 victoires, 2 nuls, 6 défaites, à peine 11 buts inscrits pour 22 encaissés et une piteuse 14e place au classement. Cependant, il faut relativiser la statistique défensive : sur les 22 buts, 12 sont à mettre à l’actif du Barça et du Real Madrid. Pour autant, avec seulement deux portería a cero (contre le Depor et Málaga), sa base arrière était beaucoup trop perméable à ce niveau de la compétition.

Crédits : dalymail.co.uk

Au final, deux choses resteront de son passage à Heliópolis, le quartier de Séville où se trouve le stade Benito-Villamarín. La première c’est son sketch en conférence de presse d’après-Granderbi de Séville où, muni d’un PC portable, il avait incriminé le corps arbitral, coupable d’avoir refusé un but valable à Álex Alegría. La seconde c’est d’avoir relégué Dani Ceballos sur le banc des remplaçants. Le milieu de terrain a été le principal bénéficiaire du départ de Poyet puisque c’est après le limogeage de l’Uruguayen qu’il devient un titulaire inamovible.

Mais plus largement, Poyet n’a pas su précisément quel schéma employer, lui qui apprécie le jeu de possession et la contribution continue des latéraux. Il a commencé son mandat en 5-3-2, est passé au 4-3-3, a tenté le 4-2-3-1 avant d’essayer un 4-4-2 qui semblait se pérenniser puisque ses trois derniers matches ont été débutés avec ce système de jeu. Une indécision tactique dont il n’est pas l’unique responsable. Son successeur, Víctor Sánchez del Amo, n’a pas davantage trouvé la solution, la faute aussi à un effectif qui n’a pas été en mesure de trouver ses repères tout au long de la saison. Betis-Bordeaux : deux monuments en péril qui ne sont pas si éloignés que ça l’un de l’autre. Gustavo Poyet sera-t-il capable de réaliser aux Girondins ce qu’il n’a pas réussi à faire en Andalousie ? Le pari est risqué et les derniers exemples de clubs qui ont opté pour un coach espagnol ou sud-américain démontrent qu’il sera épié et critiqué très rapidement s’il n’obtient pas des résultats.

François Miguel Boudet
@fmboudet

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