Unzué – Sacristán : le Barça loin du Barça (1re partie)

Analyse Celta En avant

Juan Carlos Unzué et Eusebio Sacristán sont arrivés au Barça en 1988, en même temps que Johan Cruijff. Si Sacristán a plus marqué l’histoire du club sur le terrain, leurs parcours d’entraîneurs sont fortement marqués par leur passage en Catalogne. Recruté lui aussi en 1988, Ernesto Valverde retrouve coup sur coup ses deux anciens coéquipiers, forcément moins connus de l’autre côté des Pyrénées. La première partie est consacrée à Juan Carlos Unzué, novice au sein de l’élite avec le Celta de Vigo.

Celta – Barça jeudi en Copa, Real Sociedad – Barça en Liga : deux matches et trois anciens coéquipiers du Barça devenus entraîneurs. Ernesto Valverde, Juan Carlos Unzué et Eusebio Sacristán sont tous les trois arrivés chez les Blaugranas en 1988, recruté par le nouvel entraîneur du club, un certain Johan Cruijff. Trente ans plus tard, ils sont des techniciens cotés et respectés en Espagne. Nommé coach du FC Barcelone cet été, Valverde est certainement l’un des meilleurs tacticiens en Europe, capable de hisser l’Espanyol en finale de la Coupe de l’UEFA, de laisser une trace marquante à l’Olympiakos, de relancer un Valencia moribond en quelques semaines et de pulvériser les Culés en SuperCoupe d’Espagne avec l’Athletic Club.

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Unzué et Sacristán sont moins expérimentés mais ils ont été à bonne école. L’actuel coach du Celta a été membre du staff de Frank Rijkaard, de Pep Guardiola et de Luis Enrique. Entraîneur des gardiens et adjoint, le Navarrais a tenté deux fois sa chance comme numéro 1, entre 2010 et 2012, période durant laquelle il s’est occupé de Numancia et du Racing Santander. C’est certainement ce manque de vécu comme coach principal qu’il a été recalé par le board culé au moment de choisir un successeur à Lucho. Un choix que n’a pas dû comprendre Jimmy Álvarez, le second d’Unzué à Santander. « Juan Carlos est un entraîneur compétent et connaisseur des rouages du Barça, expliquait-il au micro de la SER en mars 2017. Vu ce qu’il a fait ces dernières années, c’est la personne adéquate pour suivre les traces de Luis Enrique et la philosophie du club ».

Las, son ancien coéquipier Valverde lui a grillé la politesse et Unzué est retourné au Celta de Vigo où il avait été l’adjoint de Luis Enrique. La mission n’a rien de la sinécure. Succéder à Toto Berizzo quelques semaines après une demi-finale de Ligue Europa, difficile de faire plus risqué, d’autant que les étiquettes se collent toujours plus vite qu’elles ne se décollent. Novice à ce niveau, c’est évidemment son passé au Barça qui a convaincu les Galiciens. « Son talent et la cordialité qu’il entretient avec les joueurs collent parfaitement, en plus de ses connaissances tactiques et de sa grande implication, détaillait Álvarez. Il est très proche des joueurs. Il a aussi le caractère pour corriger ce qui ne lui plaît pas mais il sait aussi relâcher la pression et gérer la psychologie des joueurs ».

Du Rijkaard, du Guardiola mais surtout du Luis Enrique

Dans une interview accordée au quotidien catalan Sport en 2009, Unzué décrivait les grandes lignes de son apprentissage et son envie de se lancer en solo : « Ma chance, c’est que Rijkaard et Guardiola m’ont tous les deux laissé être davantage que l’entraîneur des gardiens. Ils ont vu mes inquiétudes, mes ambitions et mes possibilités de leur donner une opinion différente. Il y avait parfois besoin de ça. Ensuite, c’étaient eux qui décidaient ». Une confiance quotidienne qui lui a donné l’envie de concrétiser son envie de voler de ses propres ailes : « j’ai envie d’entraîner depuis que je suis joueur. J’ai obtenu mon diplôme pour le faire mais j’ai eu l’opportunité de devenir coach des gardiens. Cela m’a permis de grandir comme professionnel et comme personne. Un ami m’a dit qu’au Barça, je peux faire le meilleur Master possible et en plus je suis payé ».

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Après son interlude dans des divisions inférieures, celui qui se qualifiait « d’un peu masochiste vu les difficultés qui m’attendent » a parfait son apprentissage en devenant l’adjoint de Luis Enrique au Celta et au Barça, deux expériences couronnées de succès et qui ont validé sa promotion en Liga. Pour son premier poste au sein de l’élite, Unzué a conservé la structure qu’il côtoyait depuis plusieurs saisons, tout en y ajoutant une touche familiale. Il a donc composé son staff de personnes de confiance : Roberto Moreno est devenu son adjoint après avoir été analyste, Rafael Pol (préparateur physique) et Joaquín Valdés (psychologue) ont suivi le frère cadet d’Eusebio, directeur sportif de la Banesto quand Miguel Indurain, Navarrais comme eux, a remporté ses 5 Tours de France. Enfin, son fils Aitor a raccroché les crampons (il jouait en Segunda B) et fait office de tacticien.

S’affranchir et s’émanciper

Actuellement 15e en championnat, le Celta est irrégulier (6 victoires, 4 nuls et 8 défaites), malgré la présence dans ses rangs d’Iago Aspas (11 buts) et Pione Sisto (9 passes décisives). Les problèmes en défense n’ont pas été résolus alors qu’en termes d’effectif, les Galiciens ont largement de quoi viser l’Europe. Stanislav Lobotka, Daniel Wass, Tucu Hernández, Emre Mor, Maxi Gómez : Unzué a de la qualité à disposition, peut-être plus que Berizzo. Le 1/8 de finale retour de Copa contre le Barça constitue le moment parfait pour lancer la 2e partie de saison après une période d’acclimatation.

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Lors de sa présentation, Unzué établissait un parallèle entre l’école blaugrana et celle du Celta, notamment en termes économiques. Sur le plan du jeu, il est évident que les Galiciens l’ont choisi pour son passé en Catalogne afin de perpétuer la lignée initiée par Luis Enrique et le Bielsista Berizzo. Au-delà de ces considérations, l’ancien gardien de but doit dépasser l’héritage d’El Toto qui reste très populaire du côté de Balaídos. L’émancipation n’est pas un travail qui se concrétise en quelques semaines mais Unzué a choisi le bon endroit pour s’affirmer en tant que numéro un et faire oublier, malgré sa réussite, son long passé d’adjoint. Et peut-être que le prochaine fois, les dirigeants culés ne douteront plus et lui feront confiance pour tenir les rênes du Barça.

François Miguel Boudet
@fmboudet

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