Pour succéder à Eduardo Berizzo, Séville a fait le choix de la surprise et de l’originalité en nommant l’Italien Vincenzo Montella. Épaulé par Enzo Maresca, ancien joueur palangana, l’Aeroplanino peut-il proposer un jeu plus ambitieux que l’Argentin ? C’est loin d’être fait.
Et si le banc de Séville était redevenu un des plus instables d’Espagne ? Pendant la décennie 2000-2010, le club andalou n’avait « consommé » que 3 entraîneurs : Joaquín Caparrós (2000-2005), Juande Ramos (2005-octobre 2007) et Manuel Jiménez (octobre 2007-mars 2010). Depuis lors, les Palanganas ont usé 8 coaches, le 4e en 18 mois. Après le cycle Unai Emery magnifié par un triplé historique en Ligue Europa, Séville a fait le choix de choisir des profils étrangers : Jorge Sampaoli, Eduardo Berizzo et depuis quelques heures Vincenzo Montella.
Cela faisait près de 20 ans et le retour de Carlos Bilardo en 1997 que le Sevilla FC n’avait pas signé d’étrangers. Historiquement, cette orientation hors d’Espagne n’a jamais été concluante sur la durée. Il faut remonter à la période 1989-1991 pour retrouver trace d’un technicien non-Espagnol qui est resté deux saisons plaines à Nervión en la personne de l’Argentin Vicente Cantatore. Et seulement trois sont parvenus à durer plus longtemps : le Franco-Argentin Helenio Herrera (1953-1957), l’Irlandais Patrick O’Connell (1942-1945) et le Hongrois Lippo Hertzka (1927-1930).
Jorge Sampaoli aurait pu appartenir à cette catégorie mais le Sabio de Casilda a préféré les sirènes de l’Albiceleste après une agonie footballistique de 6 mois. Dans un sens, la signature de Toto Berizzo répondait à une double volonté : un Argentin comme Sampaoli qui connaît la Liga comme un Espagnol. Une cinquième place en championnat et une qualification en huitièmes de finale de la Ligue des Champions : en termes de résultats, l’ex-Mister du Celta de Vigo a répondu aux attentes. Mais pas au niveau du jeu, et encore moins en matière de gestion de vestiaire, culpabilité qu’il partage avec le président Pepe Castro et le directeur sportif Óscar Arias, pâle successeur de Monchi.
Bref, Vincenzo Montella s’attaque à un sacré chantier.
Le Montella de la Fio… ou l’autre ?
Buteur d’une élégance rare, Montella est un jeune entraîneur (43 ans) mais déjà expérimenté puisque Séville est son 6e club depuis ses débuts « officiels » en 2011 (il a commencé avec les U15 de la Roma en 2009). Son fait d’arme le plus notoire, c’est son passage de 3 saisons à la Fiorentina, club qui cultive l’élégance et l’immobilisme, à la fois proche et loin des ambitions des top clubs. De 2012 à 2015, Montella a bien fait jouer son équipe avec Borja Valero à la baguette et a obtenu des résultats probants (4e de Serie A en 2012-13 puis 13-14, finale de Coppa perdue contre Naples et demi de Ligue Europa perdue contre… Séville). Sans pour autant franchir un cap mental, éternel problème des Gigliati.

Mais cette aventure toscane a tout de la parenthèse enchantée pour l’Aeroplanino. Roma, Catane, Sampdoria et Milan : Montella a vécu au mieux des demi-échecs. Séville peut être assimilé à la Roma, la Samp’ et au Milan en termes de pression populaire, des endroits où il n’a guère brillé. Guère encourageant, y compris accolé d’Enzo Maresca qui n’a comme valeur ajoutée que son passage de 4 ans en Andalousie (2005-2009). Montella ne parle pas espagnol, n’a pas joué en Liga au cours de sa carrière de joueur et doit donc découvrir un nouveau monde en plein milieu de saison. Ça fait beaucoup. Tout ça a des faux airs d’armée mexicaine, d’autant que le club a perdu trop de cadres en début de saison. Le fait que l’agent de Montella soit le même que celui de Luis Muriel n’encourage pas à l’optimisme car ça sent le placement forcé plus que le véritable recrutement. A peine un mois après son licenciement, l’Italien se remet dans le jus, sans sas de décompression. Ce choix laisse songeur, même si Castro a juré que le Transalpin était son premier choix.
@VMontella : "Je suis reconnaissant envers le président du Sevilla FC pour l'opportunité incroyable d'entraîner ici. Je veux découvrir l'esprit de la ville et du club. Mon objectif est de gagner. C'est le Club parfait pour exprimer mes idées"
— Sevilla FC France 🇫🇷 (@SevillaFCFrance) December 30, 2017
Du provisoire ou un nouveau cycle ?
Vincenzo Montella doit donc restaurer la confiance des Nervionenses et bien faire jouer au ballon. Il a été critiqué à Milan pour avoir fait trop tourner son équipe et changé plusieurs fois de systèmes tactiques, à l’instar d’Unai Emery, Jorge Sampaoli et Eduardo Berizzo. La courbe continuera-t-elle à décroître avec l’Italien ? Les retours de Nico Pareja et Daniel Carriço sont espérés pour remettre le vestiaire d’aplomb mais quel sera leur apport sur le terrain ? La bouderie de Steven N’Zonzi sera sûrement l’une des clefs des 6 prochains mois. Le milieu français a été mis sur la touche par Berizzo. L’arrivée de Montella empêchera-t-elle un départ au rabais cet hiver ? Surtout, la nomination d’un nouveau coach doit relancer un collectif qui n’a pas le rendement requis pour s’installer durablement dans le quatuor de tête de Liga et devenir un invité régulier des phases finales de Ligue des Champions. Initier un nouveau cycle après plus mois chaotiques, Emery y était arrivé en partant de plus bas. L’Aeroplanino en a t-il les facultés ? L’interrogation est de taille et reste en suspens. Montella et Maresca ont du boulot et pour une première expérience hors de la Botte, ils n’ont pas choisi la facilité. Surtout que le 6 janvier, leur baptême de Liga sera un granderbi à Sánchez-Pizjuan contre le Betis.
François Miguel Boudet
@fmboudet