Le licenciement d’Eduardo Berizzo par la direction de Séville la semaine dernière a suscité de vives réactions. Chez Furia Liga, on va tenter d’analyser la situation en prenant un peu de recul.
La démission de Berizzo a surtout relancé un débat qu’on a principalement l’habitude d’avoir lorsque l’on évoque des clubs de très haut niveau : le jeu ou les résultats ? Rares sont ceux qui parviennent à cumuler les deux. Ernesto Valverde – qui obtient d’excellents résultats – a ainsi été la cible de certaines critiques, minoritaires certes, à Barcelone. Mais dans les clubs d’un standing inférieur en termes d’exigences, Séville entrant dans cette catégorie, on a l’habitude d’être moins bourgeois et donc un peu moins regardant sur le contenu tant que les objectifs sont plus ou moins atteints – et l’argent des droits TV qui va avec. Diego Simeone n’a par exemple que très rarement été critiqué par ses supporters lors de ses premières saisons à la tête de l’Atleti, et ce malgré un jeu pas forcément chatoyant si on peut dire ainsi. Même à Séville, Unai Emery et le sacro-saint Jorge Sampaoli ont été très (très très) loin de nous offrir du spectacle tous les week-ends… Il faut donc bien admettre que la décision est surprenante dans la mesure où le jeu proposé par un coach n’avait jamais été un aspect forcément très important et que tant que la boutique tournait – et que l’argent entrait, encore une fois – la direction n’était pas forcément inquiété par la pauvreté du jeu proposé par l’équipe.

Et oui, Eduardo Berizzo a justement été pris pour sa philosophie de jeu, ce qui n’était pas le cas pour ses prédécesseurs, qui avaient eux quelques petites lignes intéressantes sur leur CV. Même Sampaoli – véritable coup médiatique – n’avait pas généré autant d’attentes. « L’année dernière on avait changé de modèle en cherchant un style plus agressif avec Sampaoli. Face à son départ, on a pensé qu’il fallait continuer avec un entraîneur de la même école, avec une mentalité très spéciale », confiait le directeur sportif Oscar Arias après l’officialisation de la nomination de l’ancien joueur de l’OM. De l’extérieur, on a d’ailleurs l’impression que Berizzo n’était autre que Sampaoli aux commandes pour sa deuxième saison à Séville, et qu’on attendait directement une équipe totalement rodée et en pleine bourre. Et ça, cette équipe sévillane en était très loin. Jeu pour le moins indigeste, bon nombre de victoires à l’arrachée, turn-over très douteux et choix contestables, tel est le bilan de l’ancien coach galicien.
Berizzo a-t-il été mis dans les bonnes conditions ?
Méritait-il d’être licencié au vu de sa cinquième position et de sa qualification pour les huitièmes ? Chacun aura son avis, mais après-tout, continuer d’aligner Gaby Mercado match après match ne relève-t-il pas là d’une faute grave méritant un licenciement ? Plus sérieusement, lorsqu’un employé ne répond pas à la feuille de route attribuée par son employeur, et en est bien loin même, n’est pas le choix le plus logique que de s’en séparer ? On attendait de lui certaines choses qui ne se sont pas produites. D’autres doutes subsistaient également sur sa gestion du vestiaire, avec l’épisode N’Zonzi en tête de liste, et les informations parues dans la presse concernant l’épisode avec le milieu français lors de la mi-temps seraient plus favorable à l’Argentin que la réalité des faits. Et on le sait, c’est plus simple de mettre l’entraîneur dehors que de se séparer d’un joueur, voire de plusieurs joueurs dans ce cas-ci. Quant au mauvais timing dénoncé par certains en raison de son cancer, les personnes atteintes de graves maladies expliquent souvent qu’elles souhaitent être traitées comme quelqu’un de « normal » (comprendre par là, non malade), et le cancer de la prostate de l’Argentin était par ailleurs déjà derrière lui.
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Une autre question se pose, qui concerne cette fois plutôt la direction sportive de Séville. Si le président Pepe Castro a déjà prouvé avec ses éternels discours ambitieux être un sacré illusionniste et connaître aussi bien le football que la crosse, qu’en est-il du nouveau directeur sportif Oscar Arias, bras droit d’un Monchi dont le bilan a d’ailleurs été largement surestimé (mais c’est un autre débat) ? Comment un coach avec un système où les ailiers sont aussi importants peut-il se retrouver avec les pré-retraités Navas et Nolito comme seuls renforts à ce poste, le tout avec un salaire de ministre qui bloque d’autre positions ? Est-ce normal de prendre Berizzo et de lui mettre à disposition des défenseurs et des latéraux pas particulièrement à l’aise balle au pied ? Comment est-ce possible de n’avoir aucun vrai joueur de surface devant lorsqu’on prétend se qualifier pour la Ligue des Champions ? Autant de questions face auxquelles certains vont rapidement devoir rendre des comptes maintenant que le bouclier Berizzo n’est plus là… De notre côté, on attend maintenant de voir où rebondira le Toto, et on ne va pas se mentir, on sera ravi s’il peut continuer ses aventures en Espagne.
Max Franco Sanchez
@maxfrs