Aleksandr Mostovoï : Le règne d’un tsar en Galice

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C’est le 11 mai 1997, lors d’un déplacement du Celta Vigo au stade « El Molinón » du Sporting de Gijón, qu’Aleksandr Mostovoï attire l’attention en Liga pour la première fois. Suite à un deuxième but et l’avantage pris par le Sporting à la 77ème minute (2-1), le milieu russe décide de quitter le terrain sous prétexte d’un pépin physique alors que son équipe n’a plus de changements possibles, provoquant la colère de ses coéquipiers et de son entraîneur. Mostovoï n’échappe pas à la sanction du club et aux réprimandes des supporters galiciens, se voyant écarté de l’effectif durant plusieurs semaines et sa maison vandalisée. Sept ans plus tard, le «Tsar de Balaídos» quitte Vigo en héros celtista.

Aleksandr Mostovoï débute sa carrière professionnelle en 1986 au Presnia Moscou avant de signer un an plus tard chez le voisin, le Spartak. Il devient un cadre de l’équipe moscovite puis décide de partir en 1992 au Benfica. En raison d’un manque de temps de jeu au Portugal, le milieu russe demande son départ et la Ligue 1 lui ouvre ses portes. D’abord à Caen sous forme de prêt en 1993 où il évite la relégation de l’équipe, puis à Strasbourg de 1994 à 1996 où il explose. À l’été 1996, Mostovoï débarque à Vigo pour une somme avoisinant les 325 millions de pesetas (soit environ 2 millions d’euros) qui le converti, à l’époque, en transfert le plus chère de l’histoire de l’entité celeste. Convoité par les deux clubs romains en plus du Celta Vigo, le milieu offensif jette son dévolu sur la Liga espagnole aidé par Iñaki Urquijo, agent basque habitué des transferts de joueurs russes en Espagne. 

 

«Il me disait « cours et je déciderai quand sera le bon moment pour te passer le ballon« », Gustavo López.

Parler de Mostovoï, c’est parler d’un style de numéro dix qu’adorent les puristes. Il est synonyme de vista et de tempo. Plutôt lent dans le jeu mais avec un temps d’avance sur les autres. Ce genre de joueur qui met le ballon où il veut, quand il le veut. C’est aussi la définition de la technique exquise que se doit d’avoir un milieu offensif de qualité à l’époque. C’est le pouvoir de rendre la dernière passe compliquée facile. Mais Mostovoï n’est pas seulement le numéro dix parfait puisqu’il a également des qualités de finisseur. Il est doté d’une excellente frappe de balle et d’un sens du but inhabituel pour son poste (66 buts en 259 matchs). Et il a surtout été leader du vestiaire durant les plus grandes années du Celta Vigo, se démarquant toujours lors des matchs contre les grandes équipes de Liga.

La première année du «Tsar» ne se passe pas comme prévu. Le joueur ne réussit pas à s’adapter à l’entité galicienne. « Quand je suis arrivé, je ne m’attendais pas à me retrouver sans terrain d’entraînement et sans eau chaude dans les douches. Je faisais partie d’une équipe habituée à lutter pour ne pas descendre dans une ligue de premier niveau », avoue-t-il à La Voz de Galicia lors d’une interview en 2016. À l’image de l’épisode de Gijón, Mostovoï prend du temps à s’intégrer. Sa première année est compliquée et l’arrivée de l’entraîneur Javier Irureta en 1997 ne facilite pas plus son adaptation. L’équipe celeste s’améliore notablement en réussissant à se qualifier pour la Coupe de l’UEFA, cependant le milieu russe a du mal à trouver sa place. En cause : un entraîneur beaucoup trop méthodique pour lui. 

C’est sous les commandes de Victor Fernández, arrivé en 1998, que Mostovoï dévoile tout son talent. Il forme le meilleur trio offensif de l’histoire de l’équipe galicienne au côté de Valeri Karpin et Gustavo López. Los Celestes atteignent par deux fois les quarts de finale de la Coupe de l’UEFA (98-99 ; 99-2000); ils remportent la Coupe de l’Intertoto en 2000, perdent une finale de Copa del Rey en 2001 et réussissent à se qualifier pour la Ligue des Champions en 2003. Bien qu’entouré d’une génération talentueuse (entre autres Karpin, López, Mazinho, Luccin, Makélélé, Salgado, Penev, etc.), Aleksandr Mostovoï se positionne durant ces années comme le leader incontesté de l’équipe, permettant à cette dernière d’atteindre un niveau jamais égalé dans l’histoire du club. On se souvient notamment d’une victoire 5-1 à Balaídos sur le Real Madrid de Toshack lors de la saison 98-99.

Génie sur le terrain, le russe reste un spécialiste de la polémique en dehors. Il déclare chez France Football en 1999 : « J’ai joué au Portugal et en France et je n’ai jamais vu quelque chose d’équivalent. Le corps arbitral espagnol fait preuve de favoritisme envers le FC Barcelone et le Real Madrid. Pour qu’une équipe comme le Celta soit championne, il faut être trois fois plus fort que le FC Barcelone ». C’était aussi ça Mostovoï. 

 

Huit ans après son arrivée, le «Tsar de Balaídos» quitte le Celta Vigo suite à la relégation de l’équipe en deuxième division. Aleksandr Mostovoï aura tout connu en Galice, du bon comme du mauvais. Mais une chose est sûre, c’est qu’il sera pour toujours un «celtista más».

 

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