
Après les départs prématurés de Zubeldía et Di Biasi, le Deportivo Alavés tient son nouvel entraîneur : El Pitu Abelardo. Est-ce le bon choix ? Tentative de réponse.
Trois entraîneurs en 14 journées de championnat, décidément, le Deportivo Alavés est sans pitié. Les résultats dictent des sentences immédiates : aucune victoire en quatre matches pour Luis Zubeldía et son jeu faits de transition, et c’est fuera. Deux victoires en huit dates pour Gianni di Biasi et son football peu enthousiasmant, et kanpoan (dehors en basque) !
Une désignation compréhensible
Le choix de la direction s’est porté sur Abelardo Fernández, qui a débarqué le sourire aux lèvres. Et pourtant, il n’y a pas de quoi… Si Abelardo a été choisi, c’est parce qu’avec le Sporting Gijón, il a réussi des miracles. Une promotion et un maintien avec une équipe composée de jeunes du cru, pour cause d’interdiction de transferts. Acquis lors de la dernière journée de Liga, le maintien lui avait arraché des larmes de joie. C’est aussi en larmes qu’il a quitté son Sporting en janvier 2017. Lui-même avait confessé ne plus maîtriser la situation.
Surtout connu en tant que joueur de Gijón et du Barça, Abelardo a aussi joué à Alavés en 2002-2003. Ce choix de la part du club basque n’est pas anodin. En ces temps de tourmente, ramener quelqu’un de familier, avec un attachement émotionnel au club permet de se recentrer sur ses valeurs et son identité. Sur le marché des entraîneurs libres, El Pitu probablement celui qui convenait le mieux à Alavés. Pourtant, la mission a tout d’un cadeau empoisonné. Actuellement, la situation d‘El Glorioso n’a rien d’attirant pour un entraîneur. « Acceptez-vous cette mission foireuse par excellence ? Oui », répond Abelardo
Par où commencer ?
Pour commencer, Alavés est dernier de Liga, à six points du maintien. Ensuite, aucun entraîneur n’a encore réussi à savoir comment faire jouer cette équipe, et le temps joue en défaveur d’El Pitu. L’effectif est par ailleurs rempli de faux bons transferts. C’est une constellation d’espoirs déchus. Bojan, Medrán, Muñir, Burgui, Sobrino, Zidane. Si Théo Hernández et Marcos Llorente ont éclos la saison passée du côté de Mendizorroza, personne ne sort du lot ces mois-ci.
Le point positif, c’est qu’Abelardo a déjà travaillé avec des moyens limités au Sporting, et qu’il a dû composer avec beaucoup de jeunes. Mais, il avait pu travailler avec son groupe dés le début de la saison. Sans oublier que d’avoir sous ses ordres une équipe de joueurs liés intimement à leur club n’est pas la même chose que d’avoir pléthore de joueurs prêtés d’un peu partout sous la main.
Joue-la comme… mystère
En ce qui concerne le jeu, c’est la grosse inconnue. On ne sait pas comment cet Alavés-là peut s’exprimer. On a imaginé dans un premier temps qu’il jouerait à un rythme mesuré, vu les caractéristiques de certains milieux. Cela ne s’est pas produit. Di Biasi a instauré un style plus défensif, dans lequel Pedraza s’est distingué offensivement. Les résultats n’ont pas suivi pour autant. On ne peut que supposer, imaginer. Par exemple, miser sur le bon état de forme de Pedraza et faire de ce côté gauche (avec Burgui devant) un côté fort pour transiter offensivement. Ou alors se baser sur un trio Dani Torres- Manu Garcia – Medrán au milieu pour maintenir un équilibre entre création et contention. Tout est possible, et surtout, tout est flou.
La carrière d’entraîneur d’Abelardo dépendra possiblement de la réussite ou non de cette entreprise colossale. Quelle qu’en soit l’issue, Alavés doit s’atteler à repenser son modèle de recrutement. Il n’y a aucun joueur formé au club au sein de l’équipe première. Cela fait deux saisons que la majorité de l’effectif est changée en été. Difficile d’avoir un quelconque type de stabilité de cette façon. Les expériences similaires de la part d’autres clubs en Liga se sont toutes mal terminées.