Cuco Ziganda et son Athletic ne font pas rêver

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L’Athletic Club est 16e en Liga et vient d’être éliminé de la Coupe par une équipe de Segunda B. Les jeu et les résultats catastrophiques accusent un même homme : l’entraîneur, Cuco Ziganda. 

Crédits : navarra.com

Depuis 2009, l’Athletic Club truste les places européennes presque à tous les coups. Le club basque a gagné le respect du monde du football, en se refusant les dépenses massives, et n’incluant que des Basques – les Navarrais étant inclus – ou des joueurs qui sont formés au Pays-Basques dans l’effectif. Mais depuis l’arrivée de Cuco Ziganda sur le banc, los Leones sont dans le dur. S’asseoir sur un banc précédemment occupé par Valverde et Bielsa n’a rien de facile. Devoir opérer à un renouveau dans le jeu non plus. Le temps commence pourtant à manquer, et les critiques jouent en la défaveur du nouveau míster. 

L’ancien modèle n’est plus viable

Sous l’ère Valverde, l’Athletic avait trouvé une manière de s’exprimer sur le terrain qui lui a apporté de bons résultats. Avec deux centraux bons relanceurs comme Laporte et Yeray, le club de Bilbao pouvait allonger afin de trouver les têtes qui s’élevaient au-dessus de la mêlée, à savoir celles de Raúl Garcia et Aduriz. Beñat et son merveilleux pied droit pouvaient également se charger de cette parcelle du jeu. A ses côtés dans le double pivot, un milieu costaud pour contenir l’adversaire. Et sur les ailes, deux grands talents comme Williams et Muniain. La touche propre à Valverde consistait à ce que son équipe modifie son style le long de la partie. Temporisation et jeu de position pouvaient s’ajouter au programme.

Muniain, Williams, oui mais…

L’âge commençant à peser sur les épaules d’Aduriz, cette mécanique bien rodée ne pouvait durer indéfiniment. Le natif de Donostia s’est surtout dédié à son activité de buteur, plutôt que de faire office de pièce centrale du jeu des siens. L’élu pour reprendre le flambeau était alors Iker Muniain. Le centre névralgique de l’Athletic devrait désormais s’installer dans ses pieds. Le plan a fonctionné pendant un mois, avant que le petit numéro 10 se blesse un soir d’Europa League, contre une sombre équipe ukrainienne. Les ruptures les plus douloureuses sont définitivement celles des ligaments croisés.

Crédits : mundodeportivo.es

Depuis que le petit Iker est passé dans les mains des physios, l’équipe de Ziganda fait peine à voir. Elle ne semble avoir aucun point fort, contrairement à la majorité de ses adversaires. Le míster ne trouve pas la réponse au problème posé par la défection malheureuse de son meneur. Capitaliser sur le talent d’Iñaki Williams ne fonctionne que très partiellement. Le joueur de 23 ans a de grandes capacités, mais sûrement pas celle de créer du jeu au milieu de terrain. Il a été placé à gauche, pour le faire rentrer sur son pied droit et qu’il trouve des connections avec ses partenaires. En pointe, pour l’approcher du but. Derrière Aduriz, pour l’alimenter en ballons. Rien n’y fait, ce n’est pas le créateur dont a besoin l’équipe. Dès lors, lui-même n’est que rarement servi dans de bonnes conditions, c’est-à-dire en position de un contre un, ou en position d’avoir un espace à attaquer. L’Athletic dépend donc d’un joueur lui-même dépendant des espaces à ce moment de sa carrière.

Restent à savoir les raisons d’un tel manque de créativité. Pour commencer, Beñat est soit remplaçant soit blessé. Le zéro pointé de son équipe sur balles arrêtées n’est sûrement pas étranger à son absence. Sa zone d’influence sur le terrain est désormais occupée en alternance par les trois Mikel (San José, Rico et Vesga) et Iturraspe, qui n’ont précisément pas la passe casseuse de lignes dans leur arsenal de football. Par exemple, Vesga se projette bien et peut marquer des buts, mais ne brille pas à la passe.

On peut se demander quelles équipes utilisent encore aujourd’hui un double pivot strictement défensif. Réponse à trois points, l’Athletic Club ! Conséquence avec son football fait de centres à outrance et autres approximations, l’Athletic ne gagne pas. Ça, ça fait zéro point. Sans compter que les latéraux de l’Athletic ne sont pas en mesure de déborder et de dribbler pour créer des surnombres, ce qui n’améliore pas l’allant offensif général.

Alors que faire ? 

Au-devant de ces temps difficiles, San Mamés va gronder. La marge de manœuvre de Ziganda n’est pourtant pas des plus larges. Son effectif carencé en milieux créateurs ne lui sera pas échangé du jour au lendemain. Il va tout simplement devoir faire avec, et trouver des solutions. Et là où le bât blesse, c’est que l’on a pas réussi à détecter le fait qu’il ait tenté d’en trouver.

Pourquoi ne pas essayer de placer Ager Akexte derrière Aduriz, lui qui est apte à évoluer avec aisance dans les phases de jeu de position ? Adapter le jeu pour qu’Iñigo Córdoba soit protagoniste ? Changer de système, passer à trois défenseurs, à des ailiers sur les côtés et tenter d’augmenter le rythme du match de cette façon ? Créer un contexte favorable pour que Williams s’exprime différemment ?


Très concrètement, sans parler d’animation, on peut imaginer que le retour de Yeray (qui devrait être titulaire à la place de la découverte Nuñez) fera du bien à l’arrière-garde bilbayenne, tant le rendement de Laporte est énigmatique. Il faut noter toutefois qu’en termes de buts concédés, les coéquipiers du Français ne sont pas ridicules (ce qui ne veut pas dire qu’ils défendent bien pour autant).

Déjà anticiper la suite 

Il paraît clair que l’Athletic ne sera pas en Europe la saison prochaine. Les places sont prisées, et les rojiblancos ont tout ce qu’il faut pour être recalés. Sans ambition élevée en Liga, sans Coupe pour contre-balancer la déception, la saison risque d’être longue pour tous les membres de l’institution, socios inclus. En revanche, un parcours digne de ce nom en Europa League n’est pas à exclure. L’Athletic concède peu de buts, ce qui pourrait jouer en sa faveur lors des phases à double confrontation. Alors on bétonne, on espère que ça passe, et on se met sérieusement au travail l’été prochain ?

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