Pour la réception du FC Séville à 18h30, le Villarreal de Javier Calleja peut compter sur l’éclosion récente de son jeune millieu de 22 ans, Raba. Particulièrement à son avantage lors de la victoire à Astana cette semaine (2-3), le gaucher avance un profil taillé pour le losange des jaunes.

La corrélation qualité-quantité est l’un des amours les plus paradoxales du football. Ce qui arrive cent fois peut être le fruit du hasard tandis que le travail quotidien peut ne jamais voir les fruits de son labeur. Avec Raba, le raccourci est efficace puisqu’il n’en faut pas plus de deux ou trois contactes avec le ballon pour comprendre les qualité du garçon. La nuque un peu raide et la foulée solide, le jeune Daniel Rabaseda (22 ans), ou Dani Raba, est allé inscrire son premier but chez les professionnels lors de la victoire de Villarreal chez les Kazakh d’Astana. Un enchaînement contrôle poitrine frappe du droit, en pleine course, et voilà que le gaucher vient valider 77 minutes pleine de bon sens, entre repli défensif volontaire, prise de l’information avant de recevoir le cuir et souci permanent d’altruisme. Le président Fernando Roig ne s’est d’ailleurs pas privé de souligner la performance du garçon arrivé chez les jaunes à 19 ans : « Raba a mis un but magnifique, avec un contrôle extraordinaire. C’est une vraie satisfaction de voir tant de jeunes de qualité servire de base pour le futur de notre club. Surtout, il y a un entraîneur qui leur fait confiance« .
Bien vissé à droite du losange installé par Javier Calleja, Dani Raba n’a pas -semble-t-il- l’explosibilité d’un Samu Castillejo, blessé, ou le volume d’un Pablo Fornals. Avec son mètre 84, ses 75 kilos et la caresse ferme de son pied gauche, Raba a des faux airs de Keisuke Honda, l’ancien joueur d’Alkmaar et du Milan AC, ou encore de Roger, ancien de la maison et frère de l’entraîneur Oscar Garcia. Il est un joueur de sang-froid qui préfère exister entre les lignes, se rapprocher des pointes et faire parler son aisance dans les espaces réduits, mais il s’est parfaitement acquitté de son travail de replacement dans un couloir qu’il a animé en compagnie du vétéran Rukavina. Après avoir gratté des miettes contre Malaga et Bilbao, Dani Raba a pu montrer une partie de son profil technique avec ses 85 ballons touchés, et on imagine que les rentrées timides de Roberto Soriano et surtout Cherishev (non convoqué aujourd’hui) peuvent être un argument de poids pour revoir le jeune à l’oeuvre. Pour autant, Raba n’est pas encore un membre de l’équipe une. Élu homme du match et propulsé dans le once type de l’Europa League de la journée, le garçon est resté lucide : « Je sais que j’appartient toujours à la catégorie de jeune. Je suis heureux de la confiance que m’a accordé Javier Calleja […] et maintenant je dois continuer de travailler pour revenir avec l’équipe une ».

Il faut dire qu’avec l’installation de Rodri dans le onze et les arrivées de jeunes comme Dani Raba, le défenseur Pau Torres et le récupérateur Guerra, Javier Calleja a de quoi jouer sur plusieurs tableaux et masquer les insuffisance de certains éléments. Aussi, le prêt d’Enes Unal au voisin de Levante peut libérer une place aux avants-postes, et Dani Raba a toutes ses chances pour en profiter, car avant d’envoyer du contrôle orienté au milieu du terrain, le gaucher était un buteur régulièrement efficace à ses débuts. Il a peu à peu reculé pour laisser exprimer sa vision du jeu mais aussi son tempérament (il a collectionné quelques cartons rouges). Le natif de Santander a donc ce qu’il faut dans les pieds pour s’inscrire dans la durée avec Villarreal. Evidemment, la quantité ne garantie rien, mais dans un souci de régularité, elle est le dénominateur commun des grands échecs des plus belles fleurs qui ont atterrie à Villarreal.
Bruno De La Cruz