Ils font partie des révélations de ce début de saison. Marco Asensio au Real Madrid et Thomas Partey à l’Atlético gagnent du temps de jeu et se font petit à petit une place au sein de leurs équipes respectives. Ils ont été coéquipiers en 2014-2015, lorsqu’ils portaient tous les deux les couleurs du RCD Mallorca. Les deux joueurs se retrouvent au Wanda Metropolitano pour le premier derbi madrileño de la saison, l’un face à l’autre.
C’était il y a à peine 4 ans et ça semble déjà une éternité. Jadis finaliste de la Coupe des Coupes en 1999, 3e de Liga en 1999 et 2001 et vainqueur de la Copa del Rey en 2003, le RCD Mallorca évolue alors en Segunda. Le Valencien José Luis Oltra, aujourd’hui coach de Granada, dirige l’équipe baléare entre juin 2013 et février 2014. Interrogé par Marca dans l’édition du vendredi 17 novembre, le Mister rembobine : « C’est beau de voir deux jeunes joueurs que j’ai eu devenir les révélations du Real et de l’Atlético ». A l’époque, Thomas a 20 ans, Marco 17. Et déjà leur volonté de franchir les paliers était manifeste : « Tous les deux avaient l’ambition de réussir. Ils ont les conditions requises pour diriger leur équipe. Quand je les avais, ils faisaient déjà la différence. Et regardez où ils en sont aujourd’hui ! »
Asensio le surdoué
Quand on évoque le Mallorca des dernières années, Marco Asensio vient évidemment au premier plan. Natif de l’île de Palma, surdoué et couvé par le club, il est le joyau et l’ambassadeur de la formation majorquine. Il ne lui a ensuite fallu qu’une saison à l’Espanyol pour convaincre le Real Madrid de le récupérer immédiatement après son année de prêt chez les Pericos. Pour Oltra qui l’a fait débuter chez les professionnels, le talent du gaucher peut le mener tout en haut : « Je ne vois pas pourquoi Asensio ne serait pas capable de gagner le Ballon d’Or ». Rien que ça. Pour le Russe Valeri Karpin qui l’a également eu sous ses ordres à Mallorca, Asensio est tout simplement « le joueur le plus talentueux que j’ai entraîné » comme il l’a écrit sur son compte Instagram lors de retrouvailles avant le Russie-Espagne de la semaine dernière à Saint-Pétersbourg. Début novembre, Oltra était revenu sur l’éclosion du prodige au micro du Transistor d’Onda Cero : « Il a un talent incroyable et un potentiel fabuleux. A l’époque, les vétérans de l’effectif m’ont dit que je devais le faire débuter les matches et qu’il joue plus. D’ordinaire, ils ont tendance à dire que non mais ils m’ont dit que c’était un scandale. Il fait tout naturellement, il a du caractère et la maturité, il a beaucoup progressé et il a une marge de progression ».
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Partey, le patient ghanéen

Le constat est nécessairement différent avec Thomas Partey. Pas le même poste ni le même gabarit. Un joueur que l’on qualifierait volontiers de cholista par excellence. Arrivé en 2012 à l’Atleti, il fait partie du groupe du Cholo contre la Real Sociedad en 2013, alors qu’il fait partie de la B. Même s’il n’entre pas en jeu, il montre qu’il a des capacités pour être convoqué par le coach argentin. Le Ghanéen, que l’on compare aujourd’hui à son compatriote Michael Essien, est envoyé à Mallorca pour s’aguerrir. Avoir 20 ans, du talent, un avenir éventuel chez les Colchoneros et atterrir en Segunda, ça peut faire un choc. Mais Partey joue à 37 reprises et marque 5 buts lors de son unique saison aux Baléares, lui qui a ensuite porté le maillot d’Almería avant de rentrer au bercail en 2015. « On a toujours vu son potentiel, se rappelle Oltra. Avec de la patience et du travail, il est devenu le 5 d’une équipe comme l’Atlético ». Ce poste de 5, typique du football argentin, Thomas pourrait le délaisser et monter un voire deux crans plus haut lors des prochains matches. Certaines compositions avancent même qu’il pourrait jouer le derbi des rivaux éternels devant la ligne de 4 milieux, juste derrière Antoine Griezmann. Sa réussite offensive depuis le début de saison (4 buts pour 4 tirs) pourrait convaincre Simeone de le placer nettement plus haut.
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Malgré leur jeune âge quand ils découvraient le métier à Mallorca, Asensio et Thomas ont su saisir leur chance, sans peur. Malheureusement, leur talent indéniable n’a pas suffi pour faire remonter les Barralets en Liga et c’est de loin, dans deux des plus grands clubs européens qu’ils ont assisté à la descente en Segunda B en 2016-2017. « Des fois, je m’en veux de ne pas leur avoir donné plus d’importance, regrette José Luis Oltra. Ce sont des personnes avec la capacité d’être des joueurs qui peuvent tenir un vestiaire. Ils ont un caractère de leader ». La prochaine étape ?
François Miguel Boudet
@fmboudet