Mathias Coureur : « En Espagne tout est ludique et intéressant, en France on t’engueule sans raison »

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Formé au Havre, passé par Beauvais, Gueugnon ou encore Nantes, Mathias Coureur s’est livré à ¡FuriaLiga! sur son passage espagnol qui fut court mais intense. Entre play-off d’accession, désillusions et rencontres importantes pour la suite de sa carrière, Mathias nous dit tout. 

Ailier droit à la technique chaloupée, international martiniquais, Mathias Coureur a pas mal bourlingué, ce qui lui a permis d’acquérir une jolie réputation en France et en Europe de l’Est. Mais l’homme aux plus de 140 matchs pro a lancé sa carrière en Espagne après une formation au Havre et deux passages en National, à Beauvais et Gueugnon. Il arrive en 2010 à Orihuela en Segunda B, y reste 1 ans puis signe à l’Atletico Baleares. Après une petite coupure, il revient en Espagne en 2013, toujours en Segunda B à Huracan Valencia. Ce retour lui a permis de s’envoler pour Cherno More et la Bulgarie, une destination qui va véritablement faire décoller sa carrière. Après les premiers titres et les premiers matchs Européens, il découvrira la Géorgie. Actuellement à Kaisar au Kazakhstan, il est revenu pour nous sur ce passage en D3 espagnole.

Furia Liga : Bonjour Mathias, pour débuter cet entretien, j’aimerais bien savoir comment tu arrives en D3 espagnole ?

Mathias Coureur : Par hasard. Je sors d’une saison blanche à Nantes après un passage à Gueugnon. C’’était bloqué pour moi. Donc je commence à faire des essais partout, au Maroc, à Dubaï mais voila, tu sais que quand tu vas dans des pays comme Dubaï c’est impossible de repartir donc j’hésite un peu. C’est un vrai coup de chance mon arrivée en Espagne. C’est Florian Taulemasse, un mec avec qui j’avais joué à Gueugnon qui me propose de venir m’entraîner dans son club d’Orihuela. Je ne savais même que je faisais un essai. J’enchaîne les allers/retours entre Paname et l’Espagne, ça se passe pas trop mal. A la fin on me propose un contrat. Vu que j’avais rien de très solide, j’accepte et voilà, mon histoire espagnole commence ! Une histoire compliquée mais que j’ai kiffé.

Comment se passe ton adaptation là-bas ? Tu ne parlais pas espagnol ?

Vraiment bien alors que, comme tu le dis, moi et l’Espagne ça faisait 50. Tout le monde a été vraiment cool avec moi. Je tombe dans un très bon groupe. J’ai Florian pour m’aider, le foot ça se passe nickel, j’ai quasiment joué les barrages chaque saison, toujours proche de monter. Après voila, on ne monte jamais, je fais quelques mauvais choix, mais dans l’ensemble ça a été une superbe expérience.

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C’est comment la vie en Espagne ?

Moi j’ai kiffé, vraiment. J’adore ce pays, j’ai adoré mon passage. Maintenant je parle espagnol. J’ai kiffé vraiment de fou. J’étais nul à l’école, les langues c’était pas mon fort, mais là, ce passage m’a servi vraiment pour ma vie d’homme. Ça m’a permis de découvrir plein de trucs, de faire de bonnes rencontres, de kiffer mes voyages ensuite. Je garde un très bon souvenir de cette période de ma vie.

Tu vis à Valence au début et à la fin de ta période espagnole c’est ça ?

Orihuela c’est pas vraiment Valence, c’est entre Alicante et Murcia. Murcia j’ai adoré, c’est vraiment sympa. Après quand je suis à Huracan, je suis à Valence même, et franchement Valence c’est la meilleure ville d’Espagne. Bon deuxième meilleure derrière Barcelone, car je suis amoureux de Barcelone, mais Valence c’est une vrai belle vie. T’as la plage, un super centre ville, la ville bouge. La fête de la Communauté de Valence (le Nou d’Octubre, ndlr) c’est quelque chose aussi. Les Fallas, les types font des combats de pétard c’est vraiment kiffant à vivre. En plus quand je suis à Valence, sportivement ça va pas fort, mais en dehors du foot c’est peut-être la meilleure période de ma vie. Je fais pleins de super rencontres, je traîne avec des Erasmus, je vais à la Ciutat de Levante pour voir Rémi Gomis, je vais voir le Valencia Basket aussi. J’ai rencontré des Mexicains, franchement un kiff de fou. Et puis les femmes sont magnifiques à Valence, je te jure c’est fou !

Tu as aussi connu les Baléares, ça doit être fou là-bas aussi non ? La vie de rêve ?

Ah niveau climat c’est parfait pour moi, il ne fait jamais froid. Cela dit, `pendant mon passage, on a vu la neige quand même, première fois en vingt ans qu’il neigeait là-bas ! Je t’ai dit, incroyable mon passage en Espagne ! Après l’été c’est la vida de rêve, tu as des coins parfaits pour te poser, plein de touristes, ça bouge, franchement top. Après l’hiver y’a moins de monde mais ça bouge quand même, les gens sont festifs.

Sportivement c’est aussi une des meilleures période de ta vie non ?

En Espagne en tout cas c’est le meilleur club que j’ai connu. On finit champion et on saute en barrage. Je finis meilleur passeur, on a une équipe de fou, j’ai un coach incroyable, peut-être celui qui m’a le plus appris de chose. On a un groupe incroyable, des Javi Dorado, David Sanchez, Jesus Pereira. Je joue avec Antonito un ancien de Seville qui a gagné deux fois l’Europa League. On avait Martín Mantovani, le capitaine de Leganés, et aussi Angulo qui est passé par Grenade ensuite. Le club était incroyable, une ambition de fou. Le stade était plein, les gens nous kiffaient. 19 premiers matchs, on en gagne 16 et on fait 3 nuls je crois. Dès qu’on rentrait sur le terrain, on savait qu’on allait gagner, on était champion à 10 journées de la fin. C’était incroyable. Tout ça c’est grâce à Siviero. C’est le coach qui m’a le plus appris. Pour un offensif c’était que du plaisir d’être coaché par lui, je te promets.

Mais comment vous arrivez à ne pas monter vu l’équipe que vous avez ?

En vrai on était trop confiant je pense. Je t’ai dit, on était champion à 10 journées de la fin. En barrage on tombe sur Mirandés. Tout le monde nous craignait, personne voulait tomber sur nous, même le Castilla de Morata ne voulait pas jouer contre nous. Et là on joue contre Mirandés, on doit gagner 1000 fois, je te promets. On touche la barre, le poteau mais voilà on perd 1-0. Après au match retour, chez nous, le stade est plein, vraiment archi plein, ils ne voient pas le jour, on mène 1-0, on pousse mais ça ne rentre pas, on se dit qu’on va aller en prolongation et on va les tuer. Je te jure ils étaient morts. Et là l’arbitre siffle un penalty à 2 minutes de la fin. Le penalty est vraiment très gentil, même les joueurs de Mirandés sont surpris. Ils le transforment, il reste 2 minutes, nous on est dégoûté. On joue tous devant mais ça change rien, ils passent.

Mais vu que tu es champion tu rejoues un barrage non ? T’es repêché ?

Ouais on est repêché, car on est champion, mais on n’est plus trop dedans. A l’aller, on fait n’importe quoi, surtout en première période et on perd 3-1. Au retour, on est incapable de trouver la faille. Mais malgré tout ça c’est la meilleure année de ma vie niveau foot alors que c’était pas joie niveau extra sportif.

C’était vraiment si fou que ça ? 

Ha mais trop, t’avais toujours du monde au stade. En plus on avait un projet ultra ambitieux, les dirigeants nous envoyaient déjà en D2. On avait un gros projet de construction d’un centre d’entraînement, on devait jouer dans le stade du RCD Mallorca (Son Moix, ndlr) et tout. La folie. Parce que tu vois, l’Atletico Baleares c’est un peu le club du peuple, les gens s’identifient un peu plus à lui qu’à Mallorca. Nos matchs passaient à la télé aussi, alors qu’on était en D3. Les gens voulaient qu’on joue dès maintenant dans le grand stade de Mallorca. On a joué un derby contre la B de Mallorca, c’était n’importe quoi, je te jure. Vraiment, la meilleure année de ma vie niveau foot.

Tu as dit que ton entraîneur à cette période est celui que tu as préféré ? Pourquoi ?

Gustavo Siviero ? Parce que c’est un génie ! Non mais sérieux, quand t’es un offensif, c’est le type d’entraîneur parfait. C’est le premier coach qui m’a dit après avoir perdu le ballon en ratant un dribble « bien joué ». C’était fou, la confiance que ce gars m’a fait avoir, je te jure. Il m’a montré une vision du foot et j’arrive plus à m’en détacher, c’est comme ça que j’aime jouer. C’est aussi pour ça que j’adore l’Espagne, tout est fait pour qu’on te fasse kiffer.

C’était quoi sa méthode ?

Déjà avec lui, on touchait quasiment tout le temps le ballon à l’entraînement. Et puis lui nous le disait constamment : il est là pour nous donner des clés et c’est à nous de nous en servir. Les Bielsa etc., ils le connaissent je te promets. En gros avec lui, à l’entraînement on apprenait des trucs qui allaient nous servir en match. Il disait : « je suis là pour vous aider à amener le ballon dans les 30 derniers mètres, après c’est aux offensifs d’être dangereux ». Pour lui, un offensif se devait d’être dangereux, de tenter, de dribbler. Son souhait, c’était que les offensifs soient des poisons pour les défenseurs, qu’ils les obligent à déjouer. C’est fou tout ce que j’ai pu apprendre sous sa houlette. Il m’a donné une confiance folle. Et pour te dire la confiance incroyable qu’il avait en nous, on n’étudiait jamais l’adversaire. On faisait quasiment jamais de vidéo sur l’équipe adverse. Pour lui, si on jouait comme on savait faire, c’était obligé qu’on allait gagner. Et c’est ce qui s’est passé, et la seule fois où on a étudié l’adversaire, c’est en playoff et on se fait sortir.

Tu as l’air d’avoir vraiment adoré les séances d’entraînement en Espagne. Ça change quoi de la France ?

Déjà y’a une différence incroyable : en Espagne tout est fait pour les exercices soient ludiques et qu’on s’amuse. C’est tactique, mais y’a beaucoup de jeu, de ballon. Le raisonnement, c’est que tu fais de la tactique sans t’en rendre compte mais ça doit t’apporter un plus en match. Tu es heureux d’aller à l’entraînement, en tous cas moi j’ai toujours apprécié, à part à Huracan mais c’était différent. En France c’est trop rigide, on te crie dessus si tu lâches ta zone de 1 mètre, c’est n’importe quoi.

Ta dernière expérience, c’est à Huracan Valencia, et on peut dire que ça c’est plutôt mal passé non ?

Clairement, à l’Atletico j’étais dans la meilleure période sportive de ma vie mais en dehors ça n’allait pas. A Huracan en dehors j’étais trop bien, mais le foot ça n’allait pas. Après tu vois, j’arrive à Huracan, un peu par hasard, c’est un club tout neuf, il avait acheté une licence pour arriver en D3 et tout. Et moi j’étais parti un peu à l’arrache de l’Atlético, ça n’allait pas dans ma vie, on n’était pas monté, Siviero était parti, j’étais au plus mal mentalement. Donc je vais voir mon président, je lui dis que je veux arrêter le foot pro, que je veux rentrer en Martinique et que j’arrête. Au départ il me croit pas. Après il me dit ok mais il me fait signer une feuille qui m’interdit de signer dans un autre club pro durant un certain temps. Et après quelques temps au pays où je me remets bien, j’ai envie de revenir et Herni de Huracan m’appelle. Et là encore, vu que j’ai rien, bah j’y vais.

Mais comment on te l’a vendu ce projet ? Ça sentait pas la coquille vide ?

Déjà moi je connaissais le club tu vois. C’est un peu grâce à nous qu’il joue les playoff quand je suis à l’Atletico car au dernier match on met l’équipe B, ils nous battent et se qualifient. Ça semble bien se passer ensuite, donc quand le directeur sportif m’appelle en me déroulant le tapis rouge, qu’il me dit qu’on va jouer la montée, qu’il veut que je sois la star et tout bah ça me tente. On me vend un gros gros projet. Moi vu que je n’ai pas grand-chose, je saisis l’opportunité de revenir dans le monde pro, dans un club ambitieux et je me dis c’est tout bon pour moi. Mais dès le début, ils ont respecté que la moitié des engagements mais moi je suis déjà content d’être revenu dans le foot, d’avoir un salaire pas dégueu et donc je ne fais pas d’histoire.

Pourquoi ça tourne mal alors ?

Déjà, le groupe dans lequel j’arrive se connaît depuis très très longtemps, et les types ne font pas grand-chose pour que les nouveaux s’intègrent facilement. Les causeries c’est toujours « vous vous rappelez de la saison d’avant, de cette fois là et tout » toujours « nous nous nous » donc dur de se sentir inclus dans le projet quand tu viens d’arriver. J’arrive dans la peau d’un titulaire et le truc qu’on m’avait vendu pendant la pré-saison se passe trop bien. Mais j’ai compris que ne pas être espagnol, ce n’est pas un cadeau. Sans raison, alors qu’on vit un très bon début de saison, le coach change de style, et on se met à jouer le contre. Moi je fais que défendre, tout le temps, le jeu devient dur, je dois constamment faire l’essuie-glace, je joue super bas, je n’ai jamais joué comme ça, donc je souffre. Je perds en lucidité, je suis un peu moins décisif. Moi tu vois j’aime bien provoquer, je suis un dribbleur même si c’est pas ma qualité première. On m’appelle quand même le Neymar de Kaisar ici (rires). Et là mon coach vient me voir. C’était un Basque. Il me fait « qu’est qui se passe, c’est pas le joueur qu’on connait ». Moi je lui dis direct, j’arrive pas à jouer comme ça, je me sens pas bien, donc s’il veut que je sois sur le banc pour aider l’équipe lors d’entrées en jeu je suis partant. Moi je dis ça pour le bien de l’équipe tu vois, je pense pas à mal ou quoi. Et là bim, début du calvaire, la discussion tourne mal. Pour eux je suis devenu un mercenaire, je viens juste pour l’argent, que je m’en fous du club etc. Je suis mis à l’écart, je deviens le vilain petit canard, on guette tout ce que je fais, si je ne fais pas un effort sur un ballon qui sort c’est un drame. Mais cette saison elle est vraiment incroyable pour moi.

Mais mentalement ça a dû être ultra dur pour toi non ?

Déjà le coach essaye de me tuer mentalement. Il fait que me répéter que j’ai le niveau D1, mais qu’il ne comprend pourquoi je n’y suis pas, référence à son soit disant comportement de mercenaire, qu’ils auraient jamais dû me prendre car je n’ai pas de mental. Je suis tout le temps hors du groupe, même quand il y a des blessures. Je dois être à tout les dîners d’avant-match alors que personne ne me calcule et que je sais que je vais pas jouer. Je m’échauffe même pas ! Après heureusement qu’en dehors du foot ça va, je suis à Valence, je kiffe ma vie, c’est juste 2 heures de ma journée qui sont dures, le reste ça se passe nickel donc ça tient. Dis toi que je devais me frapper un heure de transport aller, une heure retour pour aller m’entraîner. Parce qu’après la discussion avec le coach, plus personne ne venait me chercher, je prenais le métro (Huracan était localisé dans le quartier de Torrent, un peu éloigné du centre, ndlr). Mais voila, je venais de vivre les 6 mois les plus durs de ma vie, donc je ne pouvais pas lâcher. C’est ce qui m’a fait tenir toute l’année.

Mais tu n’as pas d’occasions de partir ?

En décembre, on a eu une discussion, mais je leur ai dit directement : « si vous voulez que je parte, il va falloir tout me payer, tout ce que vous me devez. Je ne vous ferai aucun cadeau ». Ils ont rien fait donc je suis resté.

Tu t’es raccroché à quoi ?

J’avais confiance en moi, je savais qu’on allait m’appeler et que ça allait repartir. Le foot en Martinique m’a redonné le moral, la joie de vivre, je ne pouvais pas lâcher. J’allais à l’entraînement, à la muscu, je faisais tout à fond, ça me permettait de décompresser tranquille. Tout le monde, les adversaires et les supporters me demandaient pourquoi je ne jouais pas. C’est la seule année en Espagne où je ne fais pas les playoff en plus. Quand on rencontre l’Atletico, tous les joueurs ont dit à mon coach qu’ils ne comprenaient pas pourquoi je jouais pas, alors que pour eux j’avais le niveau D1.

Et là on t’appelle en Bulgarie, et c’est reparti

J’avais eu raison de croire en moi ! Mais même pour partir de ce club c’était la merde. Genre les deux derniers mois je n’étais pas payé. Au dîner de fin de saison, le coach s’excuse de la saison et il me demande comment j’ai fait pour ne pas craquer, que je vais réussir dans le foot quand même. Mais dans le même temps j’ai le DS qui me dit qu’il va tout faire pour que je ne retrouve pas un club, qu’il va me faire payer le fait que j’ai pourri sa saison. Moi à ce moment je n’ai aucun appel, je ne suis pas bien. Et même quand on m’appelle en Bulgarie, le club veut pas me laisser partir, ils font chier pour la lettre de sortie alors qu’ils me doivent du pognon. Alors moi je leur dis, si vous signez pas la lettre avant la date pour porter plainte, je porte plainte. Ils me font ouais tu seras le seul à porter plainte, personne ne te suivra. A la fin toute l’équipe a porté plainte sauf moi (rires)… et le club a disparu.

Tu finis avec le plus beau but de la saison en plus !

Ha mais c’est la saison la plus folle que j’ai vécue, réellement. Je dois marquer un but sur toute la saison, et ce but est élu plus beau but de la saison. Les mecs au club étaient verts ! Y avait la vidéo de partout (rires). Après ça, il y avait un supporter qui était fan de moi, il me filait des places pour le basket. La saison folle par excellence. Dis toi qu’on a fait jouer un arrière droit à mon poste, c’était n’importe quoi.

Mais cette expérience t’a permis de grandir non ?

Clairement. Déjà en tant que footballeur, je suis devenu un guerrier sans le vouloir, j’ai progressé physiquement. J’ai appris à souffrir, ça me sert encore maintenant. Après en tant qu’homme oui, mentalement j’ai vu que j’étais plus fort qu’avant, je me suis remis en question. Et puis sans savoir comment j’ai réussi à jouer 20 matchs. Ils m’ont permis de retrouver le football et de signer en Bulgarie, donc ce n’est pas que du négatif.

Tu atterris donc en Bulgarie et maintenant au Kazakhstan alors que tu semblais avoir une jolie cote en Espagne. Que s’est-il passé ?

J’ai très souvent fait de mauvais choix et j’ai manqué de chance je dirais. A l’Atletico je prolonge trop tôt, en mars, pensant qu’on jouera en Segunda la saison suivante. On ne monte pas, tout le monde s’en va, même le coac,h et je suis bloqué. A Orihuela la même : après 6 mois tout le m’envoie à Herculés, mais à la fin ils prennent un Espagnol. J’ai raté beaucoup d’occasions, soit parce que je me suis précipité soit parce que j’ai manqué de chance.

On a parlé de la différence des entraînements entre la France et l’Espagne. Toi qui a connu les deux : c’est quoi la différence de niveau entre la D3 française et l’espagnole ? 

J’ai l’impression qu’en Espagne les clubs sont beaucoup plus suivis qu’en France, même les plus petits. Genre c’est courant de voir des 10.000 d’affluence en D3, c’est beaucoup plus rare en France. Après au niveau du jeu pur, la France est largement en dessous et je suis très gentil. En Espagne ça joue au foot, en France c’est le combat et le physique. Tu tombes rarement sur des équipes comme ça en Espagne. Et puis en Espagne, les arbitres protègent les joueurs offensifs, et c’est pas mal, ça calme le jeu et ça évite de rendre le jeu trop violent. En France, on pense que c’est juste au Barça le tiki taka, mais beaucoup d’équipes tentent de jouer comme ça, surtout dans le groupe de la Catalogne (là où il a évolué en D3, ndlr). Il y a beaucoup d’anciens de la Masia dans ce groupe, le niveau est souvent fou.

Tu trouves ça vraiment utile le fait que les équipes B puissent jouer jusqu’en D2 en Espagne ?

De fou, vraiment, déjà parce qu’ils ont souvent un niveau de dingue. Et puis ça fait progresser les jeunes de jouer contre des adultes qui veulent les tuer. Je te jure, aucune équipe ne leur fait de cadeau. Ils sont même souvent attendus. Nous, quand on jouait contre une B on leur mettait la pression dès le couloir (rires).

Niveau infrasctures c’est comment la D3 en Espagne ?

Bah y en a pas, ou très peu (rires). A Orihuela, il n’y avait rien, on faisait tout sur le terrain. Aux Baléares c’est différent car il y avait de l’argent, un gros projet, de l’ambition donc ça allait même si tout était éparpillé un peu. A Huracan ce n’était pas top : on s’entraînait dans un centre de performance qui était spécialisé dans l’athlétisme, donc il y avait des horaires pour avoir accès à la salle de sport par exemple, c’était contraignant.

On parle souvent des problèmes financiers dans les petites divisions, tu l’as vécu directement toi ?

Ça ne m’a jamais vraiment touché, à part mes deux derniers mois à Huracan. Mais sinon oui, dans certains clubs c’était vraiment la merde. Pas de salaire, les joueurs volaient des salades dans les hôtels ou te demandaient du PQ avant les matchs, pour eux, c’était dur. Moi j’ai été chanceux je pense. Pour beaucoup de Français leur passage en Espagne a été très dur.

Il t’a apporté quoi ce passage en Espagne ?

L’Espagne a vraiment changé ma vie, ça m’a donné envie de voyager, de croquer le monde. Tu sais moi le délire des cultures différentes je n’y croyais pas. On mange tous pareil et tout, pour moi c’était vraiment des conneries. Mais en Espagne je l’ai vraiment découvert, et après j’ai vu la Bulgarie, le Kazahkstan ou même la Colombie, les Etats-Unis, j’ai vu que c’était différent. C’est ce passage qui m’a montré que je pouvais réussir un peu partout. C’est pour ça que je suis allé en Bulgarie, Vu que le coach comprenait, ça a facilité mon intégration et ce passage me sert encore maintenant vu que je parle espagnol et un peu anglais. Ma vie garde encore des traces de ce passage, j’ai les chaînes espagnoles là ou je suis. Le peu de match de foot que je regarde, je les regarde en espagnol. J’adore me poser devant Deporte Cuatro ou les émissions espagnoles. Dès que je peux, je reviens en Espagne. Tous mes potes ici sont soit Espagnols soit Hispaniques soit Français. Je reviens souvent à Barcelone, il n’y pas longtemps, j’étais aux Baléares, à Ibiza. Ce passage m’a vraiment marqué.

Tu veux dire un dernier mot pour conclure ?

C’est simple : je veux dire un petit mot aux Français qui hésiteraient à tenter l’aventure à l’étranger pour des vacances ou pour plus. Je leur dis qu’il ne faut pas avoir peur de découvrir d’autres pays, qu’il faut se lancer, même si on ne parle pas la langue. Il faut voyager et apprendre l’espagnol car beaucoup de monde le parle. C’est toujours bien de connaître d’autre cultures. Il faut aller en Espagne car c’est un pays incroyable et que vous allez kiffer !

 

Benjamin Bruchet
@Benjamin_B13

 

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