Signé par le FC Barcelone pour 40 millions d’euros, le Brésilien Paulinho n’avait, semble-t-il, pas le profil pour aider le club catalan à se reconstruire un entre-jeu solide. Si ses prestations sont loin d’être brillantes, l’international auriverde joue avec efficacité le rôle d’un élément de complément. Focus sur son utilisation.

Parmi les voix qui se sont élevées contre Paulinho, plusieurs s’accordaient pour s’en prendre à la politique sportive générale du Barça qui avait vu l’un de ses meilleurs éléments -Neymar- quitter la maison en même temps qu’un garçon comme Seri restait à Nice. Peu à l’aise lors de son passage à Tottenham mais joueur apprécié dans le championnat brésilien, Paulinho (29 ans), n’en demeure pas moins un international rodé à quelques joutes internationales (45 sélections, 11 buts). Sa première force, au-delà de son incorporation technique, a été de s’avancer sans trembler du menton sous la tunique du FC Barcelone. Une sérénité assez déconcertante pour un joueur immédiatement scruté de très près. Le but victorieux qu’il a inscrit sur la pelouse de Getafe (1-2), avait raidi un peu plus la nuque des réfractaires et moqueurs à son encontre.
Soutienho
Ce petit pion marqué à Getafe est d’ailleurs un bon symbole de l’utilisation de Paulinho. Joueur solide sur ses jambes, sûr dans le domaine aérien, plus perforateur qu’esthète, le Brésilien n’est pas un milieu qui dicte le rythme, mais plutôt un piston qui le suit. Positionné comme faux numéro 8 par Ernesto Valverde, il se mue d’avantage en joueur de relais court, capable de gicler sur le porteur, de défendre en avançant, mais aussi d’avoir une certaine justesse dans ses choix dans les 30 derniers mètres. C’est d’ailleurs dans ce registre que le garçon étonne. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il a des yeux derrière la tête, mais le bolide auriverde joue à l’endroit, avec simplicité. Avec 3 buts (deuxième meilleur total de l’équipe) et deux passes décisives en neuf rencontres, on a connu incorporation plus laborieuse. Même des profils plus joueur et talentueux comme le très fin Alksander Hleb ou le précoce Ibrahim Affelay n’avaient pas aussi vite assimilé les besoins de leurs apports.


Cela s’explique d’abord par la direction sans cesse moins préparatoire que prend le jeu culé. À ce petit jeu, Paulinho (86.6% de passes réussies) n’est donc que rarement à l’origine (même si son taux de ballon touchés est très haut), vient peu combiner avec ses hommes de couloirs et préfère être devant le porteur du ballon plutôt qu’en soutien. À Barcelone, ce rôle de pivot est souvent tenu par un Busquets lentement usé des efforts à faire à la perte. Paulinho a le coffre pour répéter le sacrifice et le fait volontiers. Son sprint à la 92e minute contre l’Athletic pour accompagner Messi et Luis Suarez en est un joli exemple.
Dans son registre pur, c’est aussi un joueur qui n’hésite pas à tenter sa chance, souvent de loin (40% de précision). Un exercice qui n’est pas dans l’ADN du club mais, vous l’aurez compris, la face de cette identité n’est plus sclérosée.
Bruno De La Cruz