Expatriés : Iago Falqué, le cornu du Toro

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Il a beau s’être pris une rouste sur la pelouse de la Fiorentina (3-0) cette semaine, Iago Falqué reste l’une des têtes de gondoles d’une belle formation du Torino. Le garçon de 27 ans, tout droit sorti du moule de la Masia, a pourtant dû enchaîner les déceptions avant de trouver sa voie et célébrer de nombreuses unions entre le cuir et l’intérieur d’un poteau opposé.

(c) : https://twitter.com/IagoFalque14

Quand on s’appelle Sinisa Mihajlovic, on ne peut rester insensible au pied gauche de Iago Falqué. L’ancien maître artificier de la Lazio ou de l’Inter, sur la voie de la prolongation avec le club de Turin, s’y connnaît en matière de caresse sphérique et continue de s’affirmer comme un solide technicien de ce football italien depuis sa prise de fonction au club en mai 2016. Malgré la sévère déroute de mercredi sur la pelouse de la Viola, le Torino va continuer de se battre pour finir dans la première moitié de tableau (9e l’an passé). Pour se faire, le Serbe compte sur sa pointe vedette, Andrea Belotti, mais aussi sur un puissant noyau de joueurs confirmés, comme le Vénézuelien Tomás Rincón (son ex-coéquipier au Genoa), le relayeur Daniele Baselli, le vétéran Cristian Molinaro ou encore le virtuose et versatile Adem Ljajic. Dans ce beau petit monde, Iago Falqué n’est pas qu’un complément, comme en témoignent les 866 minutes disputées à ce jour, faisant du natif de Vigo le 4e joueur le plus utilisé par l’entraîneur serbe.

Parti à 17 ans de l’écurie barcelonaise, Iago Falqué a pas mal vadrouillé. Visez un peu le chemin, sur l’image de gauche tirée de Footballdatabase.com : de la Segunda, de la réserve de grosses écuries, du top italien, de l’outsider, du désert de Gobi….Il y a boire et à manger, et les courbes sinusoïdales d’une carrière sont autant le reflets d’un marché boosté par le ressort d’un agent que les limites d’un talent. Il a fallu attendre 2010/11 et un exercice avec la B de Villarreal (en compagnie de Gerard Moreno et Mario Gaspar) pour que l’ailier gauche enchaîne les matches. Avec douze perles enfilées dans les bagages, l’espagnol gagne du crédit mais se perd dans la foulée en rejoignant une Premier League encore trop exigeante pour lui. Rebelote, Iago revient la queue entre les jambes en Segunda, à Almería et au Rayo en Liga pour repartir et enfin livrer ses premières saisons pleines.

La suite est plus belle, et la magnifique ville de Gênes devient son terrain de jeu favori puisque le gaucher claque sa saison la plus accomplie (13 buts, 3 passes décisives). En dépit de ses échecs à Rome ou chez le rival bianconero, Iago Falqué conserve une vraie cote en Série A, comme nous le confirme Nicolas Basse, fondateur du site Serie A Mon Amour : « Il est vu comme une valeur sûre. Aujourd’hui au Torino, c’est vraiment un taulier. Il a tellement flambé au Genoa qu’il signe à la Roma. Mais là-bas, il n’a pas vraiment joué à son poste, sur un côté, mais a été replacé souvent dans l’axe. Je ne l’imagine pas réussir à doubler la concurrence à l’Inter, la Juve ou la Roma et fournir la régularité nécessaire pour rester titulaire« .

Joueur de côté plutôt robuste et travailleur, Iago Falqué a souffert d’un jeu de comparaison vide de sens. De l’extérieur, on le prenait pour un joueur d’éclat, de débordement, d’impact player, pour citer une expression à la mode (et un peu fumeuse). Une caricature espagnole. Son registre est pourtant différent. Ses premiers appuis sont très forts mais il ne partage pas le coup de rein d’un Suso, par exemple. Il est plus besogneux, moins séduisant à voir jouer, rappelant parfois Nolito ou Barkero, l’ancien joueur de Levante, avec qui il partage le goût du jeu long et des zurdazos. S’il convainc au Torino, c’est parce qu’il conserve une certaine proximité technique avec des joueurs d’appui que sont Ljajic ou Belotti. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la carte de chaleur (heatmap) du Torino face à la Roma (défaite 0-1). La zone la moins impactée est celle de Iago Falqué, joueur qui dézonne très librement pour se rapprocher des pointes et mêler ses jambes velues dans les joies d’un trafic dense. On comprend mieux pourquoi Gervinho ou Jerman Defoe, ses concurrents de circonstance, lui furent préférés.

Dans ce qui s’apparente au jardin des oubliés ibériques (Borja Valero, Callejón, Suso, Patric…), la Serie A est aujourd’hui bien contente d’avoir un Iago Falqué dans ses rangs. « C’est drôle de voir qu’un joueur passé par la Juventus, où il n’a pas convaincu, réussisse aujourd’hui au Torino« , conclut Nicolas Basse.

Bruno De La Cruz

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