Elche CF : malversations, palmiers et Saúl Ñiguez

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Encore en Liga il y a à peine 2 ans, Elche CF se débat à présent dans les tréfonds de la Segunda B. Descendu en Segunda en raison de problèmes financiers, la situation ne semble pas s’améliorer pour le club formateur de Saúl Ñiguez qui revient au bercail avec l’Atlético à l’occasion du 1/16e de finale aller de la Copa del Rey.

C’est pas la joie pour Elche. Deux ans après avoir quitté la Liga sur tapis vert, le club de la province d’Alicante lutte désormais dans le groupe 3 de la Segunda B, la troisième division espagnole, sur des pelouses artificielles ou élimées et principalement dans des stades miniatures. Les Franjiverdes sont actuellement 4es, à la dernière place qualificative pour les barrages d’accession en Segunda. Les derniers mois du club sont le prototype des affres de la piteuse gestion des clubs espagnols. Pourtant sportivement, Elche allait plutôt bien lors de la saison 2014-2015. Treizièmes en fin d’exercice, les Ilicitanos ne se maintiennent pourtant pas. La faute à des comptes catastrophiques. Elche est rétrogradé pendant qu’Éibar, 18e et parfaite antithèse financière, est sauvé. « Le club aurait pu être sauvé car il ne manquait que 5M€, explique Julian Palomar Sanz, journaliste pour le quotidien local La Información. Mais Javier Tebas a tué Elche parce que, par exemple, des clubs comme Getafe ou le Deportivo de la Coruña devait plus d’argent à la Hacienda, mais eux n’ont pas été inquiétés. Dans le même temps, ils ont voulu récompenser Éibar qui, pour une équipe de même standing, avait des finances impeccables ». Cette décision de LaLiga, c’est le taxi pour Tobrouk pour le club toujours miné par des problèmes institutionnels.

Traquenards, corruption et menaces de liquidation

Sergio León
Crédits : elchedirecto.com

Elche est principalement connue pour sa palmeraie, la plus grande d’Europe avec ses 200.000 palmiers déclarés patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 2000. Au plan footballistique, la ville dispose d’un stade de niveau international de près de 40.000 places. Le Martínez Valero a même accueilli trois matches du Mundial 1982 et peut s’enorgueillir d’avoir le plus grand terrain de tout le pays (108m sur 70). Malgré cet écrin propice au beau football, le club ne parvient pas à remonter immédiatement. La Segunda est un vrai traquenard et il faut un mental en béton armé pour faire l’ascenseur directement, comme Levante et Getafe. Le coaching de Rubén Baraja et les 22 buts de Sergio León, sacré Pichichi de Segunda et actuellement au Betis, n’ont pas suffi. L’ancien milieu relayeur du Valencia CF n’a pas poursuivi l’aventure et c’est Alberto Toril, ancien coach du Castilla, qui lui a succédé. Après avoir eu ses ordres un effectif péniblement bouclé en raisons de limitations salariales, il est démis de ses fonctions au soir de la 36e journée. Son départ n’empêchera pas la descente en Segunda B, en compagnie du RCD Mallorca, un autre monument en péril.

Pour l’heure, les Franjiverdes s’exposent davantage dans les pages corruption que sport. La Fiscalía a mis son nez dans les comptes du club et l’enquête a épinglé José Sepulcre, le président des Ilicitanos, qualifié de responsable pénal et patrimonial du conseil des créanciers du club. En tout, 18 personnes sont visés, dont le président du club voisin d’Herculés Alicante. Sepulcre est accusé d’avoir utilisé le club à des fins personnelles. Elche est un savant mélange de prêts contractés auprès de banques (Banco de Valencia et Bancaja pour 14M€ en tout), de soutien de la Generalitat de la Comunidad Valenciana et de malversations financières via des sociétés parallèles. « Ce qu’il faudrait, ce serait un repreneur étranger pour nettoyer en profondeur, assure Julian Palomar Sanz. Le club n’a que deux ans d’autonomie, après il risque de finir en liquidation et il faudra repartir de zéro ou presque ».

Saúl Ñiguez, le sang vert

Avant le match Espagne-Israël disputé à Alicante début octobre, les quotidiens sportifs espagnols avaient déjà évoqué le retour de Saúl Ñiguez dans sa province natale. Mais le milieu de l’Atlético est bien natif d’Elche, à 20km au sud-ouest. Son père Boria et son frère Aarón ont porté le maillot ilicitano chez les professionnels tandis que lui n’a connue que la cantera. Bien qu’il soit un des étendards des Colchoneros, Saúl n’a pas oublié le club qui l’a vu naître. Il a la moitié de l’écusson franjiverde tatoué sur son bras (l’autre moitié représente celui de l’Atleti), il est toujours abonné et il organise avec le reste de la fratrie des stages l’été. Lors de la première édition, en 2016, il n’a pu se joindre à Aarón (28 ans) et Jonathan, l’aîné (32 ans) qui continue de bourlinguer (14 clubs en 14 ans, dans les divisions inférieures en Espagne, au Portugal, en Slovénie et au Mexique). Il avait une bonne raison : Vicente del Bosque venait de le sélectionner pour la pré-liste de l’Euro. Elche ne l’a évidemment pas oublié non plus puisque le club rendra hommage à son fils prodige avant le coup d’envoi d’un match qui, s’il ne devrait pas être un modèle de suspense, restera gravé dans la mémoire de l’international espagnol.

François Miguel Boudet

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