Samedi, le nouveau stade de l’Atlético Madrid va accueillir son tout premier match avec la réception du Málaga de l’ancien entraineur de l’OM qui est en grande difficultés en ce début de saison. Ça tombe bien, le flambant stade des Colchoneros ne cesse aussi d’avoir des problèmes et devrait encore en générer dans les semaines à venir. Entre retards, accès restreints et histoires de gros sous, la nouvelle enceinte madrilène ne cesse de faire parler.
Le vendredi 9 décembre 2016 le président du club colchonero Enrique Cerezo confirmait la nouvelle « Notre nouveau stade va s’appeler le Wanda Metropolitano » en honneur au groupe chinois qui détient 20% du club et qui a payé pour ces droits. Dès le début ce projet a montré ses lacunes. Tout a commencé en 2008 lorsque la mairie de Madrid a proposé au club indio le déménagement dans le stade qui serait l’enceinte olympique de la capitale dans le futur. Une convention a été alors signée entre les deux parties pour que l’Atleti puisse notamment changer de stade gratuitement. Le fiasco olympique ajouté à la fameuse explosion de la bulle immobilière en Espagne a tout changé sans compter les plusieurs obstacles, juridiques notamment, qui ne permettaient pas de mener à bien les promesses de la mairie. Alors maire de la ville Alberto Ruiz-Gallardón avait promis que les travaux termineraient au plus tard en 2010, 6 ans plus tard le stade n’est toujours pas complètement prêt…

Un feu vert in extremis
Ce projet a toujours été basé sur des palabres, sur un futur olympique qui n’a jamais vu le jour. Aujourd’hui il est quasiment impossible d’énumérer tous les mensonges, contretemps et polémiques qui tournent autour du Wanda Metropolitano qui remplacera le mythique Vicente Calderón qui lui a été la maison atlética depuis 1966. On va quand même essayer de citer les complications les plus importantes qui ont et qui vont bercer ce projet. D’ailleurs la présidente de la Communauté de Madrid, Cristina Cifuentes, a sauvé le projet de l’Atleti dans les arrêts de jeu. Dans la lignée de ce qu’il s’est fait depuis 2008, pour ce projet, les décideurs se sont renvoyés la balle. Fin décembre 2016, la présidente de la Communauté de Madrid a finalement donné son feu vert pour un plan spécial après une réunion entre la Commission d’Urbanisme et le Conseil du Gouvernement. 10 jours plus tôt La Comunidad avait refusé le dossier à cause de plusieurs erreurs trouvées. Un capharnaüm juridique entre la mairie et la Communauté de Madrid qui a failli coûter cher à la mairie qui aurait pu voir l’Atlético réclamer entre 80 et 200 millions s’il ne pouvait déménager dans son nouveau stade cet été 2017.
Ayant ajouté un addenda à l’accord de 2008, le club madrilène devra finalement payer 10 millions par an pendant trois ans pour son stade en plus de 30 millions de travaux afin de construire les accès à l’enceinte ainsi que 6 millions pour les parkings. En échange l’Atleti sera propriétaire de son stade et ne dépendra plus d’un possible réception des Jeux Olympiques à Madrid (vu comme c’est parti, c’est plutôt une bonne nouvelle). Mais on est loin du stade gratuit promis en 2008, non ?
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¡Seguimos! 😉 pic.twitter.com/5wW1hipVUz— Wanda Metropolitano (@Metropolitano) 10 septembre 2017
Un entonnoir de plus dans la capitale ?

Parlons également de son emplacement. Au Nord-Est de la capitale espagnole, à 15 km à l’Est du Calderón et tout proche de la M-40 qui est la voie rapide qui fait le tour de l’agglomération de Madrid. Pas une mauvaise idée pour un stade Olympique, mais pour un club qui accueille des matches un week end sur deux et en semaine c’est un peu plus compliqué. Surtout si les accès ne sont pas adaptés. Comme le pointait le journal El Mundo fin août, les accès de M-40 ne seront pas prêts avant le 15 octobre minimum. C’est à dire que pendant au moins un mois les supporters colchoneros devront, en grande partie, utiliser l’Avenida de Arcentales qui va surement devenir un chaos total dans une ville qui a déjà des problèmes d’accès depuis quelques années. Pour couronner le tout, cette avenue qui traverse San Blas est en travaux jusque… fin septembre !
Les évènements sportifs qui auront lieu au Wanda « peuvent bloquer complètement une zone de la ville qui traine des soucis d’accessibilité depuis quelques temps déjà » selon la porte-parole du PSOE à Madrid Purificación Causapié. Les Colchoneros sont donc priés de rejoindre le stade par metro qui compte un arrêt au stade (Estadio Metropolitano) mais aussi deux autres stations (Canillejas et Las Rosas) situées à moins de 20 minutes à pied. Cependant les hautes sphères de la ville ne se font pas d’illusions avec presque 70 000 personnes à transporter à chaque match, ça risque de boucher à tous les niveaux.
La malédiction Wanda
En Espagne un dicton récite “monto un circo y me crecen los enanos’’ (si je monte un cirque les nains vont grandir, ndlr), pour exprimer une malchance répétée. C’est un peu ce qu’il se passe avec le Wanda Metropolitano. Certes plusieurs situations font suite à des bourdes de gestion colossales mais d’autres viennent ajouter une pique diabolique à un projet qui se mue en sparring du destin depuis quelques temps maintenant. La matinée du 9 juin 2017 c’est un obus qui vient se dresser entre les ouvriers et le futur stade atlético. Un obus de la guerre civile de 55 centimètres pointe le bout de son nez à 150 mètres des futures installations du fief colchonero. La Policía Nacional débarque avec son robot démineur afin de procéder à une explosion contrôlée. Un moindre mal certes, mais un nouveau signe fort pour un club qui avait vu son ancien stade, également nommé Metropolitano détruit par la guerre civile par le passé (voir l’article »Atlético Madrid : un sauvetage militaire inéspéré).

Deux mois plus tard c’est au tour de Dame Nature de tester les nerfs des dirigeants et supporters avec des pluies torrentielles qui se sont abattues sur Madrid fin août. Des innondations qui se sont incrustées au sein du stade également qui est devenu un parc acuatique à lui seul. Cela a rapidement atteint les réseaux sociaux pour la plus grande peur des supporters qui y seront présents alors que l’été commence à quitter la capitale espagnoles. Les dirigeants eux ne sont pas inquiets, ce problème sera réglé en scellant les joints de la toiture. Pas sûr que des mots soient suffisants pour calmer des fans qui attendent un stade depuis 2010 et à qui ont demande de patienter un mois de plus depuis une plombe.
Enfin, la dernière pierre sur le chemin en date comme le titrait El Confidencial hier. Deux des propriétaires de deux terrains originaux gardent un droit de réversion et ont réclamé soit la propriété, soit une somme bien plus élevée que ce qui leur avait été payé en 2004 lors de l’expropriation (990 000€ par terrain). En effet, cette procédure fut exécutée pour un stade public qui est désormais devenu privé sans respecter les délais. Ce genre de situation n’est pas nouveau à Madrid qui a déjà vécu des cas similaires avec l’aéroport de Barajas ou encore plusieurs routes comme la R-2 ou la M-50, un cas qui s’est soldé par une somme de 80 millions à payer toujours selon El Confidencial. À quelques jours d’une inauguration qui devra être parfaite, la malédiction du Wanda plane toujours sur le Nord-Est de Madrid. Pas sûr que la rugueuse défense du Cholo ne puisse faire face à autant de problème à l’avenir…
Nicolas Faure
@Nicommentator