Josep María Bartomeu est plus que jamais dans la tourmente. Confronté à une motion de censure d’Agusti Benedito, le président du Barça a donné ce mardi deux interviews dans Mundo Deportivo et Sport, les principaux quotidiens sportifs catalans. Nous avons rassemblé et retranscrit l’ensemble de ses réponses. Le départ de Neymar, l’arrivée de Dembélé, la confiance à Valverde, la motion de censure : Bartomeu réclame moins de pessimisme et reste convaincu que le Barça 2017-2018 n’est pas inférieur au Real Madrid.
« Assez de pessimisme culé »
Mundo Deportivo : Le Barça n’est pas en crise. Nous avons essayer d’avoir la meilleure équipe possible et à présent nous tenterons de gagner le maximum de titres, parce que c’est ce qui nous intéresse. (…) Il y a un peu pessimisme. Assez de pessimisme culé ! Je lis et j’entends des commentaires négatifs alors que nous sommes le Barça. Un club parmi les plus importants au monde, avec une équipe compétitive, de nouveaux joueurs et qui veut tout gagner. Je demande à ce qu’il n’y ait pas autant de pessimisme parce qu’on dirait que le club a perdu sa valeur sportive et ce n’est pas vrai. (…) Je ne sais pas pourquoi il y a tant de pessimisme. La saison dernière, nous avons gagné la SuperCoupe d’Espagne et la Coupe du Roi, nous avons lutté pour le titre jusqu’à la dernière journée. En Ligue des Champions, nous n’avons pas eu le rôle adéquat. Mais il y a eu un changement. Luis Enrique est parti et Valverde est arrivé. Un joueur important est parti en payant la clause et maintenant nous avons de nouveaux joueurs appelés à avoir un rôle important, à commencer par Semedo, Paulinho, nous avons récupéré Deulofeu et Dembélé, le successeur de Neymar, est arrivé. Je parle de pessimisme parce qu’on dirait que nous sommes la pire équipe et ce n’est pas vrai. Position par position, nous avons choisi une meilleure équipe. Ensuite, il y a des joueurs comme Aleñá et Ortolá qui, depuis la B, compteront pour l’équipe première. Les gens verront que ce sera une équipe plus compétitive que la saison dernière. Oui : sans Neymar mais avec des joueurs comme Dembélé. Nous n’aurons pas le trident mais nous aurons un meilleur équilibre sur le terrain. Cela s’est très bien vu avec Valverde. Il a très bien géré l’équipe avec ses changements. Il croit au modèle et au style du Barça et il a l’oeil sur le fútbol base et la Masia.

Sport : Il vaut mieux avoir le talent chez soi. Ce qui se passe, c’est qu’il ne faut pas être pessimiste. C’est une opportunité pour le Barça de rompre avec le trident et parier sur le jeu collectif. Nous venons d’un projet avec Luis Enrique et nous commençons avec Valverde. Il y a une confiance absolue en lui. C’est un entraîneur qui croit dans le modèle du Barça et dans les joueurs de la Masia. (…) Le départ de Neymar est une opportunité pour en finir avec la force du trident. Il a été très bon mais il a des conséquences. C’est une opportunité pour aborder le retour au football collectif au milieu du terrain, qui est traditionnellement la force du Barça. (…) Neymar n’était pas un problème mais son départ peut permettre de renforcer le modèle, qui n’a pas tout incombé avec le trident. De plus, de l’argent est entré, nous avons dépensé 105 et il en reste plus que nous pouvons investir dans le football, dans le patrimoine. Nous verrons ce que nous ferons. C’est une opportunité avec un nouvel entraîneur, un nouveau projet. Ne soyons pas pessimistes. Stop au pessimisme ! (…) Ça me me préoccupe pas. En interne, il n’y a pas de pessimisme. L’entourage croit que le départ de Neymar affaiblit l’équipe. Au contraire, il faut profiter de cette opportunité pour renforcer l’équipe.
« Le Real Madrid n’est pas supérieur au Barça »

Mundo Deportivo : Le Real Madrid n’est pas supérieur au Barça. Depuis l’arrivée de Ronaldinho, il ne l’a pas été. Le Barça a dominé le football depuis ce moment-là et a été une équipe victorieuse. Dans cette perspective, nous avons réalisé les changements que nous avons fait. Le projet Rijkaard a été un succès. Celui de Pep aussi, comme Tito quand il pouvait entraîner. Martino a seulement remporté la SuperCoupe mais il a apporté des choses. Luis Enrique est venu ensuite et il a tout gagné. A présent, Valverde arrive et il faut lui accorder toute confiance parce qu’il croit en ce modèle, à la cantera et il gère très bien les matches. (…) L’ère des triomphes a commencé avec le sourire de Ronaldinho et Messi a pris la relève. Les meilleurs joueurs du moment avec des entraîneurs de grande qualité.
Sport : La perception que le Barça est inférieur au Real Madrid est pessimiste. Arrêtons d’être pessimiste. Nous avons fait une équipe pour tout gagner. Nous avons de grands joueurs et l’équipe de cette années est meilleure que celle de la saison dernière. Nous verrons l’évolution que nous aurons avec des jeunes comme Deulofeu, Dembélé mais l’équipe est meilleure. Les gens doivent s’enthousiasmer avec ceux qui viennent. Nos joueurs sont ceux qui ceux-là et ils ont un potentiel très important. Je le redis. (…) Le pessimisme vient sûrement de la défaite en SuperCoupe contre le Real Madrid. Oui, le Real a gagné. Nous voulions gagner mais nous n’avons pas fait. Au premier match, nous avons eu des opportunités mais on ne les a pas converties, ce n’est pas grave. Le Real Madrid n’est pas supérieur au Barça. (…) L’effectif est meilleur que l’an dernier. Meilleur côté droit et au milieu. Nous encaissons beaucoup en contre et avec Paulinho, on aura plus de force. Devant nous avons des joueurs comme Deulofeu et Dembélé qui doivent se réaliser. (…) (…) Ernesto Valverde, c’est une projet sportif différent. Il y a de la confiance en lui parce qu’en place, ce n’est pas un entraîneur inconnu, il a de l’expérience, il croit à la cantera et au modèle. (…) (…) Je vois les joueurs très heureux. Ce qu’ils veulent, c’est jouer et, évidemment, gagner. Jouer au Barça est une récompense pour beaucoup de joueurs.
« Neymar n’a pas dit pourquoi il partait »
Mundo Deportivo : Neymar n’a pas agi avec les formes adéquates (…) Si un joueur veut partir, il doit le dire clairement et nous voyons comment nous faisons. Cela permet à son clubs de se préparer et de trouver un remplaçant. Dans ce cas précis, il ne nous pas a donné cette opportunité. Lui et son père ont joué avec l’ambiguïté : un coup ils restaient, un coup ils n’étaient plus sûrs. Mais ne pas dire qu’il voulait partir et faire entrer 222M€ au clubont rendu le marché inflationniste. (…) Dès le moment où nous avons été conscient qu’il pouvait partir, nous avons bougé pour lui trouver un remplaçant (…) Josep María Minguella (ex représentant de joueurs et socio du Barça, ndlr) ne m’a pas avisé en mai que Neymar partait. Ce n’est pas vrai. Je ne sais pas s’il a dit à une autre personne. J’ai une grande considération pour Minguella avec qui j’ai parlé sérieusement de football pour la dernière fois en janvier, chez lui. Je crois que c’était le vendredi 27 janvier. Le club prend conscience que Neymar peut partir durant la tournée et commence à agir. Le remplaçant choisi dès le début par le staff, c’est Dembélé. Après, son transfert a pris le temps qu’il a pris. Si le père de Neymar nous avait dit avant qu’il voulait partir, le chiffre aurait sûrement été très différent. Et je veux le rappeler : l’inflation dans le football est due à l’argent qui ne vient pas du football. Ça se passe en Angleterre comme en France. (…) Je ne sais pas pourquoi Neymar est parti, il faut le lui demander. Il ne nous l’a pas dit. Pour l’argent ? Pour diriger un projet sportif ? Ici, il était dans le meilleur club du monde, entouré des meilleurs joueurs joueurs du monde et du meilleur, sans nul doute, qui est Messi. Mais je ne connais pas les motifs parce qu’il ne nous les ai pas expliqués. Il a payé la clause et il est parti. (…) La première autocritique c’est d’avoir cru en la parole des Neymar qui disaient qu’ils ne partiraient pas et que la planification des départ n’a pas été faite comme nous l’aurions voulu. (…) Quand Neymar part, le staff dit que l’objectif est Dembélé. Il n’y a pas eu de conversations pour Mbappé. (…) Je veux rappeler que Verratti a posé avec la une de Mundo Deportivo. Évidemment que des démarches ont été faites. (…) Tu peux vouloir un joueur mais son club ne veut pas le vendre. Ici, le Barça et les clubs de Liga ont une vulnérabilité.

Sport : Les Neymar nous ont trop distraits. J’aurais préféré qu’ils nous disent avant « nous partons ». Nous aurions cherché un remplaçant dans un marché normal. Les formes n’ont pas été adéquates. (…) Historiquement, le Barça cherche une sortie aux joueurs qui veulent partir (Cesc, Pedro, Alexis…). Nous ne freinons pas les départs. Ça aurait été pareil avec Neymar et nous aurions eu Dembélé à un meilleur prix. (…)La rumeur du départ de Neymar est sorti au début de la tournée. Les rumeurs vont dans tous les sens. (…) Le dialogue est constant entre le club et les joueurs. (…)C’est devenu clairement irréversible à Miami. L’autocritique c’est d’avoir cru trop longtemps à l’ambiguïté du père et du fils. (…) La dernière fois que je lui ai parlé, c’était dans l’avion à Miami. (…) Je lui ai dit : « Dis moi ce que tu veux faire. Nous devons nous organiser ».
« Liverpool nous a demandé 200M€ pour Coutinho »
Mundo Deportivo : Nous parlions de planifier le transfert d’un latéral droit et d’un milieu. Beaucoup de noms sont sortis mais au final, je suis content parce que Semedo est venu, et il a déjà fait plusieurs bons matches, et Paulinho est un milieu avec le profil que nous voulions : très physique et bon techniquement. Il faut aussi ajouter Deulofeu. Qu’un garçon de la maison revienne, c’est très bien et ça veut dire qu’il y a un pari sur le fútbol base. Le transfert qui n’était pas attendu c’était l’ailier gauche puisque le départ de Neymar n’était pas prévu. Au moment où il est parti, il a fallu trouver un remplaçant, on a ciblé Dembélé et il est venu. (…) Peut-être qu’il y aurait eu besoin d’avoir un joueur de plus pour compléter l’effectif mais face à ces prix et cette inflation, au final, on a décidé de ne pas étirer la négociation. On va attendre quelques mois jusqu’à la fenêtre de janvier et nous verrons ce qui nous manque, pour faire des retouches. (…) Je ne parle pas des noms. Nous verrons. (…) Oui, Liverpool nous a demandé 200M€ pour Coutinho. (…) Seri n’est pas venu pour décision technique. Il y a eu un intérêt pour le joueur, plus tard nous avons considéré l’équipe et que ce n’était pas nécessaire. (…) Le Barça a négocié le transfert de Seri, validé par le staff mais il y a eu une seconde évaluation sportive de l’équipe, pas du joueur, et on a décidé qu’il ne viendrait pas et on a stoppé. La seconde évaluation technique ne concerne pas le joueur mais l’effectif. Cela aurait pu avoir une influence car il y avait beaucoup de milieux et aucun départ.
« La leçon que j’ai apprise : augmenter les clauses »
Mundo Deportivo : Nous parlons avec l’UEFA et la FIFA mais c’est un thème qui appartient au droit du travail. S’il y a des clauses en Liga, c’est parce que l’AFE (l’Association des Footballeurs Espagnols, ndlr) a demandé à un juge du travail qu’elles y soient et il lui a donné raison. Par conséquent, les associations de joueurs de différents pays doivent le demander dans les tribunaux du travail. (…) La réflexion sportive a été faite au niveau de l’équipe. En ce sens, il a été identifié que l’équipe avait déjà des joueurs au profil organisateur et qu’il y a des joueurs du centre préparés pour ça. L’exemple c’est Carles Aleñá. D’un point de vue sportif, on a considéré que le pari sur ceux de la maison pesait plus que les prix pratiqués dehors. (…) Planifier d’une saison à l’autre change les choses. Cela dépend de comment va la saison, si les objectifs du mercato se maintiennent ou évoluent. Il faudra le voir quand s’approchera l’été prochain.

Sport : La leçon que j’ai apprise, c’est qu’il faut augmenter les clauses (celle de Dembélé est de « seulement » 400M€, ndlr) (…) Il y a un marché inflationniste qui ne provient pas du football mais d’ailleurs. Notre décision : augmenter le fútbol base, les rentrées d’argent et travailler avec l’UEFA, la FIFA et l’ECA (European Club Association, ndlr) pour que le fair play financier s’applique avec force et mette des limites aux transferts. (…)Il y a quelque chose à faire, ce n’est pas possible qu’il y ait de l’argent qui ne vienne par du football qu’ils mettent dans l’industrie du football. (…) Je me réfère au Qatar et à Abu Dhabi, deux pays qui ont deux clubs. Si le Bayern, Manchester United, le Real Madrid ou Arsenal achète un joueur, on sait que ça vient du football. Mais ces clubs faussent le marché. (…) Le partenariat avec le Qatar était au prix du marché. Par exemple, il y a deux ans, l’UEFA a réduit le parrainage de QTA (Qatar Tourism Authority, ndlr) au PSG qui était de 200M€. Nous devons jouer avec les mêmes cartes. (…) En Espagne, les clauses sont une obligation et c’est un désavantage. Luis Suárez en avait une mais ce n’est pas obligatoire en Angleterre. Son agent, très intelligemment, en a mis une. Ter Stegen aussi. C’est volontaire, pas obligatoire comme en Liga. (…) C’est impossible d’éliminer la clause, c’est un thème de droit du travail. C’est une demande qu’a fait la AFE et un juge lui a donné raison. Toute l’Europe devrait avec des clauses. (…) L’agent de Dembélé n’a pas mis de clause mais il faudrait demander à son agent pourquoi. L’an dernier, Dembélé ne voulait pas venir pour ne pas être en concurrence avec Messi, Suárez et Neymar. Où vais-je jouer alors que je suis jeune ? C’est pour cela qu’il a choisi une équipe où il pourrait jouer. (…) L’achat de Di María ne réduisait par le fair play financier du PSG car l’offre du Barça était inférieure à ce que demandait le PSG pour amortir. (…) Je le savais, évidemment. Je savais ce qu’ils avaient payé pour lui, le temps qui lui restait sur son contrat et ce qu’il restait pour amortir. L’offre du Barça était inférieure à l’amortissement qui lui restait.
« Content des incorporations, pas des départs »
Sport : Il y a des clubs qui ont une politique, d’autres en ont une autre. Ici, le staff demande un joueur, nous demandons, nous essayons de négocier et si on ne nous le vend pas, on va en chercher un autre. (…) Au final, nous avons obtenu ce que nous voulions : un milieu physique et un défenseur qui améliore ce que nous avions l’an dernier. Nous sommes contents des incorporations, pas des départs. (…) Nous sortons de trois ans de Luis Enrique avec beaucoup de succès. A présent, nous commençons avec Valverde. Ce sont deux entraîneurs différents. Ernesto regarde les joueurs. (…) Le prêt de Marlon, c’est lui qui l’a demandée, pas parce qu’il ne le voulait pas mais parce qu’il l’intéresse beaucoup. Il veut qu’il joue et qu’il puisse revenir plus tard. Le retour de Deulofeu, le fait qu’Ortolà soit troisième gardien et joue en même temps au Barça B. Aleñá prolongera bientôt et c’est un pari important pour le futur de l’équipe. (…) Samper est un joueur comme Marlon. L’entraîneur pense qu’il jouera peu ici et plus ailleurs . Ça l’intéresse qu’il joue parce qu’il compte beaucoup sur lui. Samper a fait une bonne pré-saison. Par son positionnement, ça lui coûtera de jouer beaucoup de match et à son âge, il doit jouer. Ce n’est pas le premier avec qui on fait ça. Rafinha, Denis Suárez, Deulofeu l’ont fait avant lui. (…) Le message c’est : vous avez fait de bonnes saisons et maintenant nous vous faisons une place à part entière. On regarde les successions, les âges, les contrats et les départs en pensant à quand ils reviendront. Ce n’est pas un travail improvisé. Il y a un calendrier.
« Sur le renouvellement de Messi, tout est convenu et signé »
Mundo Deportivo : Nous avons un accord de principe avec Iniesta pour son renouvellement et nous espérons concrétiser dans les prochaines semaines. (…) C’est une bonne nouvelle. Ces derniers jours, nous attendons de continuer à parler mais Iniesta est un joueur que souhaitons voir se retirer ici et qui décidera quand il le croira bon. (…) L’idée c’est qu’il ait un contrat indéfini dans lequel il renouvelle automatiquement année après années jusqu’au moment où il voudra arrêter et changer. (…) Nous aimerions faire l’annonce rapidement mais nous continuons de parler. (…) Au final, Andrés est un joueur comme Leo, d’un seul club et des référents pour leur engagement et leur fidélité. Ce sont des miroirs pour les enfants de la Masia et pour les nouvelles générations.

Sport : Sur le renouvellement de Leo Messi, tout est convenu et signé. Il y a 3 contrats. Un avec la Fondation Messi qui est entièrement signé avec le président de la Fondation et avec le frère du joueur. Un d’image de Leo Messi, qui a été signé par son père qui est l’administrateur de son entreprise. Un de travail qu’a signé le père de Leo qui a les pouvoirs. (…) Il manque juste que Leo vienne, que nous fassions la photo officielle et le protocole de la signature. Le contrat a été signé, il est valide avec une date du 30 juin, le jour-même de son mariage curieusement. Il est audité car il est entré dans les comptes de la saison passée. Au sortir de la saison, le renouvellement a déjà été inclus. Il n’y a pas de problème. Il reste juste la signature protocolaire, nous sommes sereins. (…) Nous avons eu des problèmes de calendrier pour le faire avant. Il revient le 6 ou le 7 septembre de sélection, nous jouons le 9. Nous jouerons d’autres matches. Nous trouverons le moment. (…) Deux mois sont passés. Il s’est marié le 30 juin, puis il est allé au Japon, ensuite la tournée. En rentrant… Ah! Que s’est-il passé ? Certains sont partis, il y a eu la SuperCoupe puis la Liga a commencé, ensuite le voyage à Monaco (pour le tirage de la C1, ndlr). Nous trouverons le moment. (…) Avant un mois, je l’espère. Il ne manque que ça. (…) Les gens sont inquiets mais ils ne doivent pas l’être. Il y a eu du bruit mais ils peuvent être tranquilles. (…) Je ne vois pas Messi triste quand il joue. Concentré oui. Je l’ai vu l’autre jour lors du voyage à l’UEFA. Il était détendu. Il est content, tranquille.
« Joueurs et dirigeants devons tirer dans le même sens car nous avons un objectif commun : les succès sportifs. »

Sport : Il n’y pas de problème entre les joueurs et la Junta Directiva. Il y a une très bonne harmonie entre le vestiaire, le club et le président. Il y a beaucoup de communication et c’est bien. (…) Quand Piqué dit que les joueurs et le club doivent suivre le même chemin, je suis d’accord avec lui. Je ne le dis pas pour que ce soit ainsi mais pour réaffirmer et donner plus de force au concept qu’a le club. Nous devons marcher ensemble car chaque fois que nous l’avons fait, ça a fonctionné. Joueurs, club et dirigeants devons tirer dans le même sens car au final nous avons un objectif commun : les succès sportifs. (…) La photo de Messi, Suárez et Neymar le jour-même de la dénonciation du Brésilien ne m’a pas choqué. Ils sont amis. J’ai déjà parlé avec eux, rien de grave. (…) J’en ai parlé ouvertement avec Messi, on parle de tout. Avec tout le respect pour Neymar, le Barça a fait ce qu’il devait faire. Si un joueur signe un contrat avec une prime de renouvellement de 5 ans et qu’il n’en honore qu’une, évidemment que le Barça doit préserver ses intérêts et payer seulement ce qui correspond à cette année-là. (…) Bien sûr que nous irons jusqu’au bout pour Neymar. Il s’agit d’un contrat de travail et il est déjà devant la justice compétente. (…) Je ne pense restreindre l’usage des réseaux sociaux. Cela fait partie de la manière de leur manière de faire des blagues, c’est une chose qui donne une bonne ambiance dans le vestiaire. Il faut continuer parce qu’il se sente bien ainsi et ce que nous voulons c’est qu’ils soient heureux et contents ici.
Sport : Nous parlons régulièrement avec les joueurs. Ils sont tous contents. Alba a dit qu’il y a de l’alarmisme. Je dis qu’il y a du pessimisme. Ça va bien. Il y a une bonne équipe et nous aspirons à gagner tous les titres, comme chaque année.
« Les motifs pour présenter une motion de censure ne sont pas réunis »

Mundo Deportivo : Agustí Benedito a le droit, en tant que socio, de présenter une motion de censure mais je ne suis pas d’accord, ce n’est pas une situation extraordinaire pour présenter une motion. (…) Si nous analysons les trois grands piliers qui soutiennent le club, le sportif, l’économico-patrimonial et le social, les motifs pour présenter un vote de censure ne sont pas réunis. (…) Sur le sportif, nous avons achevé un projet victorieux avec Luis Enrique qui a remporté 9 trophées sur 13 possibles et nous commençons un nouveau projet avec Valverde, un technicien qui croit en ce modèle et qui a confiance dans les jeunes, comme l’ont démontré des cas comme celui d’Ortolá et qui dispose d’un très bon effectif pour affronter les échéances. (…) Au niveau économique, on ne pourrait pas être mieux. Le club est en haut de la liste Forbes pour les rentrées d’argent, le club a de l’argent et il est dans la phase initiale d’un projet très important comme l’est l’Espai Barça (ré-urbanisation du Camp Nou et de ses environs, ndlr). Bientôt nous poserons la première pierre du stade Johann Cruyff et à la fin de l’année le projet pour la zone de Les Corts sera adopté. (…)
Au niveau social, je comprends et je vois qu’il y a une certaine critique à l’égard de la junta. C’est pour cela que je dis qu’il ne faut être pessimiste. Nous avons une bonne équipe de foot et à présent que l’effectif est bouclé, nous devons l’appuyer chaque match jusqu’au bout. (…) Je ne sais pas pourquoi Benedito présente une motion de censure. Quand les papiers signés seront remis, statutairement il devra nous expliquer les motifs de son argumentation. (…) Au niveau juridique, il est clair pour le club que le délai pour obtenir les signatures s’achève le 19 septembre à 23h30. C’est ce qu’énoncent les statuts. (…) Nous nous en tenons à ce que dit la loi sur ce point, aux processus antérieurs du club et il a toujours été considéré que le samedi est un jour ouvré. Ou alors Benedito ne pense pas récupérer des signatures samedi prochain contre l’Espanyol ? (…) La loi et les statuts sont clairs et le club doit être ferme là-dessus. Mais si au final il y a un problème de deux ou trois jours, le conseil d’administration (la Junta directiva, ndlr) sera magnanime. (…) Je n’ai pas pensé à démissionner. Il me reste 4 ans de mandat et il me reste beaucoup de force pour réaliser les promesses pour lesquelles les socios ont majoritairement voté pour moi lors des élections de 2015. (…) Il faut séparer ce qui est le sévère et la rage du quotidien du club avec ce qui est une évolution d’un projet d’une conseil d’administration. Nous sommes au début de saison et nous voulons gagner tous les matches mais il y a des fois où ce n’est pas possible. S’il y avait un mauvais résultat ponctuel, aucun doute que nous aurons un entraîneur et un effectif pour le reconduire. (…) Je ne crois pas que cela ait à voir avec la politique, mais je veux réaffirmer au socio du Barça l’indépendance que nous avons comme club auprès des pouvoirs économiques, politiques et les moyens de communication et que nous continuerons de défendre parce que le club est aux socios. Nous sommes un club catalan et catalaniste, nous voulons maintenir cette forme y continuer de travailler ainsi. (…)
Sport: Il y a des critiques ou un mécontentement plus provoqués par l’entourage que par ce que nous vivons à l’intérieur du club. Il faut leur donner confiance et qu’ils croient dans le projet d’Ernesto Valvere et Sito Alonso, avec les nouveaux joueurs. (…) Une partie de la masse sociale est mécontente, oui. Je perçois un désenchantement, du pessimisme et c’est pour ça que je dis que nous l’arrêterons. L’équipe est comme celle de l’an dernier, sans Neymar mais avec Semedo, Paulinho, Deulofeu et Dembélé. L’équipe est plus compétitive. (…) La motion de censure de Laporta était pour des motifs sportifs, deux ans sans titres, les deux dernières de Rijkaard. Cette année, nous avons remporté la SuperCoupe d’Espagne et la Coupe du Roi. Nous essayons d’avoir la gestion la plus durable et viable pour le club. Nous ne voulons pas de personnes qui veulent faire des affaires ou de la politique. (…) Nous sommes une junta directiva qui essaie d’avoir une indépendance maximale du point de vue économique, politique et médiatique. D’un autre côté, je vois qui il y a dans la motion et je ne sais pas quels intérêt ils supportent pour la faire, peut-être que ce sont des intérêts pour faire autre chose. (…) Les statuts prévoient que quiconque peut présenter une motion, tout est très bien expliqué. Je le répète, les raisons sportives, je ne les vois pas, les économiques et patrimoniales non plus et pour les sociales, il y a ce pessimisme qu’il faut inverser. En plus de jouer et gagner, il faut envoyer le message que l’équipe s’est renforcée, qu’il y a un nouvel entraîneur.
« Nous avons une feuille de route, un projet et un programme électoral que nous n’avons pas achevé. »
Mundo Deportivo : Dans quelques semaines nous présenterons des chiffres record qui dépasseront les 900M€, les bénéfices vont augmenter de manière spectaculaire et c’est un club super viable, qui a de l’argent, des recours pour réinvestir dans les projets et très sain économiquement. Celui qui veut venir ici doit venir pour travailler et améliorer le club, pas pour faire des affaires ou de la politique. (…) C’est assez récurrent dans le barcelonisme que le Barça plus d’ennemis dans sa propre maison que chez ses adversaires. L’entourage, les gens… mais j’ai toujours dit que nous devons toujours accepter les critiques et les opinions diverses car elles sont constructives. C’est ce qui grandit le club. Au cours de son histoire, le Barça a subi de constantes critiques et s’en est toujours sorti renforcé. Dans les moments de tensions ou de crise, il s’est renforcé, même si, en ce moment, il n’y a pas de crise. (…)

Nous négocions avec plusieurs entreprises qui sont intéressées pour devenir sponsor du maillot d’entraînement. (…) Nous travaillons aussi pour le maillot de la section féminine. Il faut prendre en compte que le football féminin est une projet très important que contempla aussi une équipe jouera dans la ligue américaines dans les prochains mois ou dans un an. (…) Pour le moment, rien n’est planifié quant au poste de vice-président économique. Il faut prendre en compte qu’il n’y a pas de vice-président économique mais bien un trésorier. C’est Enric Tombas et il est statutairement le troisième poste le plus important du club, juste en-dessous du président et du vice-président. C’est lui qui contrôle réellement la gestion économique. (…) Je ne crois pas que le pessimisme puisse affecter les résultats. Quand on voit comment jouent nos footballeurs… ils sont en dehors de cette controverse et de ce débat externe des entourages. Ils sont très motivés et enthousiasmé pour aller de l’avant et rien ne les affectera.
Sport : Cette année, nous présenteront un budget soumis à approbation de plus de 800M€ avec des investissements très importants, le premier club au monde en termes de rentrées et de bénéfices. (…) Je ne sais pas ce que fera le socio du Barça. (…) Je dirais que ce pessimisme n’est pas réel. Il est clair pour le socio du Barça qu’il faut améliorer certaines choses, mais le club va très bien, le travail de cette junta lors de ces sept années a placé le club dans une situation très bonne. (…) Les socios sont libres de s’exprimer et de dire ce qu’ils croient approprié. C’est un espace ouvert avec une liberté d’expression. Il est possible que nous écoutions davantage, ou non. Nous avons une feuille de route, un projet et un programme électoral que nous n’avons pas achevé. Il reste encore beaucoup à faire. (…) Le Camp Nou ne m’a pas demandé de manière ostensible ma démission. (…) Il y a une épidémie dans ce sens ces derniers jours mais nous savons que tout n’est pas toujours parfait comme on le voudrait. Nous savons qu’il y a toujours des difficultés dans toute gestion d’une entité sportive ou de n’importe quelle organisation. Il y a de bons et mauvais moments. Il s’agit d’avoir les idées claires et de persister dans nos idées. Le projet que nous avons est très clair : nous voulons que le Barça grandisse. (…) Les socios ont voté pour que le programme électoral devienne une réalité et je veux le faire parce que je pense que c’est le meilleur pour le Barça (…).

Si un jour je vois que mon action n’est pas bonne pour le Barça alors… mais pour le moment tout ce que nous sommes en train de faire améliore le Barça. (…) Je partirais si notre gestion rendait le Barça pire. J’ai déjà expliqué un jour que l’objectif basique des dirigeants et des présidents est de prendre le Barça dans un certain état et de le rendre en meilleur état quand on part. Je suis arrivé au club en 2003 avec Laporta et quand Laporta est parti, le club s’était amélioré. Je suis devenu président et le club s’est amélioré. C’est le cas, c’est déjà bien. Ce n’est pas moi qui le dis, les media de communication le disent, que ce soit la presse sportive, économique, mondiale. Il y a toutefois certains problèmes mais le plus important c’est que nous voulons les résoudre et nous savons comment les résoudre.
Pour Mundo Deportivo, interview réalisée par Fernando Polo et Ángel Pérez
Pour Sport, interview réalisée par Ernest Folch et Albert Masnou
Propos traduits par François Miguel Boudet