L’Athletic, le leader de la réussite basque

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Depuis quelques années, le football basque confirme son évolution au plus haut niveau. La saison passée a été l’apothéose de cette ascension voyant quatre équipes basques terminer dans les 10 premiers de la Liga, un record pour un football qui ne cesse de grandir. Retour sur son symbole, l’Athletic Bilbao, un club aussi important pour son peuple que différent pour le monde du football.

Crédit : Marca

Le football basque au sommet

En plus de ce record avec quatre équipes dans la première partie de tableau (Real Sociedad, Athletic, Alavés et Éibar), le football basque a explosé son meilleur total de points en Liga. 236 unités en cumulé soit 70 de plus que le meilleur bilan basque en 2002/03, la fameuse année de la deuxième place de la Real de Reynald Denoueix, même si à l’époque Eibar n’était pas encore présent. On peut ajouter les 22 points d’Osasuna qui est cependant descendu en terminant avant-dernier. Après 20 derbies disputés en Liga la saison dernière, l’Athletic a confirmé son statut en terminant en tête du classement du football basque avec 17 points. En août, le club de Bilbao aurait pu maintenir sa domination grâce au tout nouveau tournoi amical, l’Euskal Herriko Txapelketa, qui voulait couronner le meilleur club basque mais qui a terminé en fiasco total. Athletic et Deportivo Alavés s’affrontait à Lasesarre dans un match qui restera sans vainqueur (2-2) après sa suspension par l’arbitre basque Palencia Caballero suite à quelques tacles appuyés et bagarres dont deux expulsions côté Babazorros, sans oublier le geste d’humeur d’Alexis Ruano à l’égard de l’homme en noir. La remise de la txapela attendra…

Même si la Real Sociedad (6e) a coiffé l’Athletic (7e) d’un point sur le poteau la saison passée au classement de Liga, ce dernier reste l’emblème du football basque aux yeux du monde. Los Leones portent l’étendard d’une philosophie locale admirée par une grande partie des amateurs de ce sport. Un choix qui ne laisse personne indifférent et qui gagne en crédibilité saison après saison.

Une philosophie qui ne s’achète pas

Depuis quelques temps maintenant il est bien connu que les Bilbaínos ne s’appuient que sur des joueurs provenant

Crédit : Bizkaia Talents

de l’Euskal Herria qui regroupe sept provinces basques : le Labourd, la Soule et la Basse-Navarre côté français ainsi que la Navarre, la Biscaye, l’Alava et le Guipuscoa en Espagne. « L’Athletic Club, comme institution, ainsi que l’ensemble de ses supporters, se caractérisent par leur défense de valeurs qui sont chaque fois de moins en moins fréquentes dans le football et dans le sport du XXIe siècle » ainsi se décrit le club sur son site officiel. Une description qui colle à la perfection à ce que l’on voit depuis des années à Bilbao. Le natif de Portugalete Ander Capa, qui va débarquer d’Éibar en juillet 2018 contre 3 millions d’euros, sera la première recrue de l’Athletic Bilbao depuis… Raúl García le 30 août 2015 ! Quasiment 3 ans sans recrue pour l’équipe première qui a réussi à arracher l’Europe pour la quatrième saison consécutive.

L’importance de la formation à Bilbao est bien plus forte que celle de dépenser de grosses sommes sur un marché des transferts qui devient de plus en plus fou. Comme le confirme le club lui-même, le sentiment de l’Athletic s’inculque dès le plus jeune âge à Lezama : « Le sentiment de fierté, reflété à sa plus haute expression par sa politique de formation, devient un élément d’union au-delà de quelque divergence que ce soit dans de la vie quotidienne et marque la différence avec quelle qu’autre philosophie ou manière de comprendre le football qui puisse exister dans le monde ».

Un Malien relance le débat 

Crédit : PlayGround

Alors que le club met toujours en avant cette philosophie, plusieurs cas ont beaucoup fait parler, le dernier en date celui de Youssouf Diarra cet été. Le jeune milieu de terrain qui va souffler ses 19 bougies dans quelques jours débarque depuis Txantrea, club de Navarre d’où sont notamment arrivés Muniain, San José ou Iraizoz, pour rejoindre la filiale de l’Athletic, le CD Basconia. Mais voilà, alors que pour défendre cette action le président Urrutia a rappelé que son club recrutait des joueur nés ou formés au sein de l’Euskal Herria, certains journalistes et supporters se sont posés des questions sachant que Diarra est arrivé en Navarre à 17 ans. Le président a également déclaré qu’aujourd’hui près de 10% des habitants d’Euskadi proviennent d’autres pays. Cependant cela n’a pas empêché la polémique de revenir vers San Mamés après d’autres cas, certes moins douteux, comme ceux du Français Aymeric Laporte ou du Catalan Enric Saborit.

Les critiques avaient déjà fusé lors de l’arrivée du premier, né à Agen et repéré lors d’un amical avec l’Aviron Bayonnais à 15 ans. À cause d’une règle de l’UEFA interdisant aux clubs européens de prendre des jeunes de moins de 16 ans depuis d’autres pays, le club a décidé de le faire s’entrainer à Lezama pendant la semaine avant de jouer avec les moins de 15 ans de l’Aviron les week ends. Enric Saborit a lui rejoint le club de Bilbao depuis le centre de formation de l’Espanyol de Barcelone après le déménagement de sa maman vers Vitoria. Une philosophie toujours louable mais qui parait se modeler depuis l’arrêt Bosman pour répondre aux besoins des Lions.

Le soutien de tout un peuple 

Crédit : AS.com

Malgré ces doutes, cette identité reste intacte au sein d’une ville qui devient de plus en plus cosmopolite de par ses nombreuses attractions touristiques. Le club a réussi à créer un sentiment d’appartenance tellement fort au sein des habitants de la ville qu’ils préfèrent se dévouer à leurs couleurs plutôt qu’à celles du Real Madrid ou du FC Barcelone comme on peut le voir dans beaucoup de villes espagnoles. « À Bilbao, même si tu n’aimes pas le football tu supportes l’Athletic » a déclaré Ander Herrera, natif de Bilbao, à la chaine officielle de son club actuel Manchester United.

La tradition de l’Athletic est née en 1912 après une Coupe du Roi remportée par les Leones l’année précédente. L’édition de 1911 avait été entachée par des critiques notamment venues du côté de la Real Sociedad sur la présence de joueurs anglais au sein de l’équipe de Bilbao, pratique courante à cette époque. Malgré un deuxième titre en deux ans, la polémique aura été de trop pour les dirigeants de l’Athletic qui ont depuis décidé de ne plus jamais faire jouer de joueur étranger. En près d’un siècle, le club présidé aujourd’hui par Josu Urrutia a également vécu des moments plus difficiles mais cela n’a jamais changé la mentalité des siens. Lors d’un sondage en 2010, 93% des socios se sont montrés favorable à continuer avec la philosophie qui a mené aujourd’hui le club basque sur le devant de la scène footballistique.

Nicolas Faure
@Nicommentator

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