Real Sociedad : Xabi Prieto l’institution modeste

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Vendredi soir, à l’occasion de la 2e journée de Liga, Xabi Prieto a disputé son 500e match sous le maillot de la Real Sociedad. L’anniversaire du capitaine txuri-urdin ne pouvait mieux se passer avec une victoire éclatante contre Villarreal (3-0) et un but de la légende.

Il en était presque gêné. Quelques secondes avant le coup d’envoi de Real Sociedad – Villarreal, Anoeta a rendu hommage à son capitaine, Xabi Prieto. Les écrans géants ont affiché le visage du capitaine txuri-urdin barré du numéro 500, comme de matches disputés par le natif de San Sebastían. A la 10e minute, Anoeta a applaudi et crié à tout rompre pour « son » numéro 10. Dans les tribunes, un autre Xabi, Alonso, est venu rendre hommage à celui que l’on surnomme « Institución ». Une vie avec un seul maillot, un joueur à l’ancienne comme on n’en fait plus. Moins médiatique qu’un Ryan Giggs ou un Francesco Totti, mais tout aussi emblématique. Et toujours performant à 34 ans bientôt sonnés, il les aura le 29 août.

La saison dernière, il a été le seul joueur, avec Mikel Oyarzabal, à avoir disputé tous les matches de la saison en championnat (8 buts et 5 passes décisives). Une régularité de métronome qui est devenue sa marque de fabrique : depuis 2005-2006, Xabi Prieto n’a jamais disputé moins de 30 matches de Liga par saison. Sur le côté droit, c’est lui qui imprime le rythme de son équipe, distribue et, le cas échéant, conclue comme cela a été le cas contre Villarreal (voir carte ci-dessous).

 

Dans les colonnes d’El Diario Vasco, Imanol Troyano n’a pas tari d’éloges sur le match de Prieto : « il a enchanté par sa classe infinie. Avec son exquise conduite de balle, il a offert un récital non seulement à ses coéquipiers, une fois de plus, mais aussi aux joueurs amarillos. Et ceux de Fran Escribà ne manquent pas de qualités. Mais Xabi Prieto, c’est autre chose. C’est un de ces joyaux de la Liga qui vit dans l’ombre de Messi et Ronaldo ».

L’égal des idoles des années 80

« Je ressens beaucoup de joie et d’émotion. Voir toute l’afición guipuzcoana m’applaudir et scander mon nom… Se sentir aimé est le plus beau des titres. J’ai beaucoup de bons souvenirs mais celui-ci me restera pour toute la vie » a-t-il déclaré après le match au micro de la Cadena Ser. Xabi Prieto est le cinquième joueur de la Real Sociedad à atteindre les 500 matches disputés avec la tunique bleue et blanche. Avant lui, Luis Miguel Arconada (1974-1989), Alberto Górriz (1979-1993), Jesús María Zamora (1974-1989), Juan Antonio Larrañanga (1980-1994) y étaient parvenus, tous membres de la génération double championne d’Espagne en 1981 et 1982, vainqueur de la SuperCoupe d’Espagne 1982 et la Copa del Rey 1987. Pas des demi-sels. Xabi Prieto a tout connu ou presque : la Ligue des Champions, la relégation, la remontée, la qualification en Ligue Europa. Seul lui manque un titre.

 

« Même lui n’aurait pensé jouer 500 matches avec la Real », assure Juan Domínguez dans Mundo Deportivo. Le coéquipier de Prieto au centre de formation et actuellement au Real Unión Irún complète : « à cette époque, il était techniquement supérieur aux autres. Bien sûr, on pouvait prévoir qu’il aurait la possibilité d’évoluer avec l’équipe première mais il a le mérite terrible de l’avoir réalisé ».

Convoqué pour la première fois par Roberto Olabe, Xabi Prieto entre définitivement dans le groupe professionnel avec Reynald Denoueix. Pour ne jamais en sortir. Et c’est peut-être l’un des tout derniers exemples à ne jamais changer de blason. « Aujourd’hui, c’est très difficile de rester à la Real toute sa vie, considère son ancien coéquipier Gorka Larrea, toujours dans Mundo Deportivo. Il y a de nombreuses opportunités de partir et certaines sont très attractives. Rester dépend des particularités, de l’attitude et du caractère du joueur de vouloir rester chez lui, avec ses valeurs. Ce n’est pas facile et il faut valoriser cette trajectoire. Le propre de l’homme demande de vrais changements : un nouveau championnat, un nouveau pays. Ça ne sera pas facile de le rejoindre ».

 

Dans les tribunes pour l’inauguration du nouvel Anoeta ?

Ikurrina au bras, Xabi Prieto incarne la Real Sociedad et se départit rarement de son sérieux même si, dans le privé, ce serait un fin chambreur, amateur de sucreries à l’occasion. Un joueur élégant sur et en dehors du terrain en somme : « depuis le début de ma carrière, de nombreuses choses ont changé de manières exponentielles, entre les télévisions et les millions à tort et à travers mais le jeu est resté le même. Il faut respecter le parcours de chacun. Moi je me suis toujours senti heureux chez moi. Je n’ai pas eu le besoin ou la nécessité d’aller voir ailleurs et je me sens privilégié d’avoir réalisé toute ma carrière à la Real Sociedad ».

Forcément, l’afición donostiarra se sent représentée par une telle figure tutélaire et s’identifie. Autre membre de la cantera txuri-urdin, Iosu Rivas abonde : « il porte toutes les valeurs inculquées à Zubieta (le centre d’entraînement de la Real). Xabi est nature, respectueux, impliqué, travailleur et à qui on n’a rien offert ».

La Real Sociedad rêve évidemment de voir Xabi Prieto inaugurer le stade Anoeta entièrement rénové et opérationnel en 2019. Mais lui ne s’y voit pas. « Je me sens bien et je continuerai tant que je pourrai mais à ce moment-là, je serai un aficionado más. Si je joue, ce sera avec les vétérans ». L’Institution reste toujours modeste, quoi qu’il arrive. Question de caractère.

 

François Miguel Boudet
@fmboudet

 

Crédits photo en une : 100x100fan.com

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