Roja : David Villa est éternel

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Trois ans après son dernier match avec la Roja, David Villa vient d’être convoqué par Julen Lopetegui pour affronter l’Italie et le Liechtenstein. Une petite surprise qui doit autant à l’absence de Diego Costa, en conflit ouvert avec Chelsea, qu’à ses prestations haut de gamme en MLS.

Aujourd’hui, tous les supporters de la Roja ont le sourire. Et ce sourire porte un nom : David Villa. On pensait que cet Espagne-Australie (3-0), dernier match du catastrophique Mondial 2014, serait le dernier d’El Guaje. Quoique. Parti à la conquête de l’Amérique en 2015 après un crochet furtif par le Melbourne City FC, son nom revenait régulièrement avant chaque annonce de Vicente del Bosque et de Julen Lopetegui. Mais cette fois-ci, c’est officiel : le meilleur buteur de l’Histoire de la Selección (59 buts en 97 sélections) est convoqué pour affronter l’Italie à Santiago-Bernabéu (2 septembre) et le Liechtenstein à Vaduz (5 septembre). Une présence qui a plusieurs explications.

Les longues vacances de Diego Costa

Ce n’est un secret pour personne : Diego Costa et Antonio Conte ne peuvent pas se voir en peinture. La Bestia a allumé la mèche en provoquant son coach mais aussi Chelsea, notamment en jurant qu’il ne souhaitait qu’une seule chose : retourner à l’Atlético de Madrid. Le transfert aurait dû se faire sans l’interdiction de recrutement qui frappe les Colchoneros jusqu’en janvier. Sa dernière frasque : porter le maillot de l’Atleti lors d’une fête, poster la photo sur Instagram et écrire publiquement à Cesc Fábregas « Abrazo a Conte » (« Embrasse Conte pour moi »). Depuis jeudi, son compte est fermé.

Capture du compte Instagram de Diego Costa

Jeudi dernier, lors d’un événement organisé à Lagarto (Brésil), sa ville natale, le buteur a déclaré : « Chelsea doit décider ce qui va se passer avec moi. J’espère que tout se résoudra avant le 31 août parce que je dois jouer. Il me reste deux ans de contrat. L’entraîneur ne me veut pas pour certaines raisons mais j’ai commencé les entraînements de mon côté. Je ne vais pas rester dans un endroit où on ne me veut pas. J’ai passé un mois à la maison, avec la famille et les amis. J’ai mangé, j’ai bu, je me suis amusé mais c’est assez maintenant. Je me prépare sérieusement parce que dans le football moderne, le talent seul ne suffit pas. Je veux rejouer, c’est que j’aime faire, c’est ce que je sais faire. Je veux jouer le Mondial l’an prochain. J’ai des propositions de plusieurs équipes mais je ne dévoilerai pas les noms ».

 

Villa n’est pas venu en MLS en touriste

Crédits : thenycfcnation.com

David Villa aussi est de l’autre côté de l’Atlantique mais il est bien sur les terrains. Avec New York City FC, l’Asturien régale : 18 buts en 30 matches en 2015, 23 en 33 matches en 2016, 19 en 24 matches en 2017 série en cours. Certes, la MLS n’a pas le même lustre que la Liga ou un autre championnat majeur européen. D’ailleurs, El Mundo a qualifié ce retour de « bomba » car Villa est « retirado », mot qui peut être traduit comme « retiré », mais aussi comme « retraité ». Or à présent, les sélectionneurs n’hésitent plus à regarder ailleurs qu’en Europe. Par exemple, Tite convoque régulièrement des joueurs brésiliens évoluant en Chine et Sebastian Giovinco était revenu avec la Nazionale en octobre 2015 après une année 2015 fabuleuse à Toronto (MVP de la MLS).

Mais au-delà de ses statistiques, David Villa revient pour son expérience et son humilité. Et avant un match capital contre l’Italie, bénéficier de l’apport d’un joueur de 35 ans, 3 Coupes du monde au compteur (meilleur buteur de la Roja dans cette compétition avec 9 buts) et un palmarès long comme le bras de Pau Gasol, c’est peut-être le facteur X qui fera pencher la balance en faveur de l’Espagne. C’est d’ailleurs ce qu’a signifié Lopetegui en creux lors de la conférence de presse : « David réalise de grandes performances. Nous ne fermons les portes à personne et il a l’attitude pour être dans l’équipe ».

Une pénurie de 9 d’expérience 

Dans cette liste de 26 joueurs, Julen Lopetegui n’a convoqué que deux purs avant-centre : David Villa et Álvaro Morata, celui qui a remplacé Diego Costa à Chelsea. Ça fait un peu maigre. Début de saison oblige, il a sans doute voulu privilégier la forme du moment. De plus, le moment est peut-être mal choisi pour tenter des paris avec des novices, aussi talentueux soient-ils, les noms de Mariano (Olympique Lyonnais) et Sandro (Everton) étant régulièrement sortis dans la presse espagnole. Parmi les joueurs déjà internationaux, notons tout de même que Fernando Torres n’a pas eu droit à son comeback avec la Roja et Aritz Aduriz devra encore sortir une immense saison pour « forcer » le sélectionneur à l’emmener en Russie. Surtout, on constate que Paco Alcácer, grand artisan de la qualification pour l’Euro 2016, n’a pas été convoqué. Titulaire avec le Barça contre le Betis mais exilé sur le côté gauche (le poste qu’occupait Villa chez les Blaugranas), l’ex capitaine valencien est repoussé très loin dans la hiérarchie des buteurs espagnols. Valencia, Barça : peut-être se rêvait-il un destin comme celui de David Villa. Sauf qu’El Guaje est éternel et qu’il était écrit qu’il reporterait un jour le maillot de la Roja.

 

François Miguel Boudet
@fmboudet

Crédits photo en une : sportyou.es

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