Un an après son arrivée au Real Madrid, Marco Asensio s’affirme comme la grande promesse du football espagnol. D’espoir à véritable tireur d’élite, retour sur le parcours du phénomène majorquin.

Dans la vie, il y a des évolutions, des suites d’événements qui forgent parfois de vrais phénomènes. Et l’un de ces phénomènes porte le nom de Marco Asensio. L’évolution du jeu du prodige des Baléares, prénommé Marco en hommage à Van Basten (sa mère Maria était néerlandaise), naît d’un garçon qui a très tôt cédé aux sirènes du football. A peine âgé de 7 ans, Marco se fait remarquer sur le terrain de futsal d’El Son Ferrer. Trois ans plus tard son père, Gilberto Asensio, le dépose chaque matin sur le parking du centre de formation du RCD Majorque où son fils cadet enchaîne les jongles avant l’ouverture des portes de sa seconde maison. Mais Marco Asensio caresse un rêve, celui d’enfiler l’uniforme du Real Madrid. Un rêve que partage son père. En 2006, alors que son fils n’a que dix ans, il aborde Florentino Pérez de passage aux Balérares et lui assure, prophétique : « C’est mon fils Marco et un jour il sera joueur du Real Madrid ».
Dès son entrée dans les équipes juveniles du club baléare, Asensio fait preuve d’une grande maîtrise mais surtout d’une volonté de fer. Frappé par le décès prématuré de sa mère à 15 ans et d’un problème de croissance dû à de nombreuses blessures aux genoux et aux talons, le jeune Marco, avec le ballon rond comme exutoire, entame un parcours du combattant pour espérer devenir, un jour, l’un des meilleurs joueurs du monde. Avec un goût prononcé pour l’effort qu’il tient de sa figure maternelle, généreux avec ses coéquipiers, il fait preuve d’une grande maturité. Car plus que son mental à toute épreuve, le natif de Palma de Majorque détient un talent rare qui fera peut-être de lui un futur Ballon d’Or.
Des débuts tonitruants
Il y a des joueurs qui tentent de maîtriser le ballon et d’autres qui maîtrisent tellement la chose qu’on a envie de croire que c’est inné. Carlos Sureda, ancien directeur technique au RCD Mallorca, a détecté très tôt les facultés d’Asensio. Il avait à peine 8-9 ans, ses spécialités étaient le gol olímpico (corner direct) et la roulette de Zinedine Zidane : « C’était atypique, 90% de son talent est inné, racontait le formateur dans les colonnes du Diario AS en août 2016. On n’enseigne pas tout ça à cet âge, c’était son empreinte génétique. De la même manière qu’il y a des enfants capables de distinguer les notes de musique, Marco possédait déjà un contrôle du jeu hors du commun ».
Marco Asensio n’est vraiment pas un joueur ordinaire. Tout juste âgé de 17 ans, il entame son parcours professionnel et devient rapidement l’un des leaders de Mallorca, à l’époque en Segunda. Une croissance fulgurante en club due à une dextérité technique hors norme. Sur le flanc gauche comme sur le côté droit, en soutien de l’attaquant, Asensio fait très tôt tourner la tête des défenseurs. Face à Lugo, sur la pelouse râpée de l’Iberostar Estadio, il entame une course folle de 65 mètres, durant laquelle il déborde quatre de ses adversaires après avoir effectué pas moins de quatorze touches de balle (à 1’48 de la vidéo). Une prouesse qui l’a, entre autres gestes de classe, propulsé vers l’élite.
A la conquête du Bernabéu et de l’Espagne
Ses performances attirent l’œil du Real Madrid et, dix ans après la promesse de son père, il atteint son rêve d’enfant et signe en 2015 à la Maison Blanche. Pour l’anecdote, tandis que le Barça le suivait également de près, Asensio a eu un attaché de presse de luxe en la présence de… Rafael Nadal, Majorquin comme lui et grand supporter madridiste. L’affaire s’est bouclée en à peine une journée. Attaquant très en vue lors de son prêt à l’Espanyol de Barcelone, Marco Asensio a explosé aux yeux de la planète football. Avec un total de 4 buts et 13 passes décisives avec les Pericos, le joueur devient LE talent à suivre ces prochaines années.

Et ses premiers pas avec les Vikingos sont fracassants. Il marque en SuperCoupe d’Europe contre Séville un but d’anthologie, pour ses débuts en Liga contre la Real Sociedad, en finale de la Ligue des Champions contre la Juventus. Dès septembre 2016, il fait partie du groupe de Julen Lopetegui avec la Roja. Asensio est tout simplement insatiable.
Dribbles effrénés, frappes à couper le sifflet, une seule touche de balle suffit à ce que le jeu du jeune prodige de 21 ans reste déjà dans les annales du football. Il n’a déjà pas perdu de temps : lors de la Supercoupe d’Espagne face au FC Barcelone (3-1; 2-0), Asensio a laissé béat Marc-André Ter Stegen avec deux frappes lointaines prodigieuses. Le football aura fait d’un petit Espagnol endeuillé un modèle de travail et un symbole de courage. Il transforme aujourd’hui un espoir en une nouvelle étoile du football mondial. Parce qu’il n’aura suffi que d’un ballon.
Soledad Arque Vazquez
@solearquev
Crédit photo en une : telemadrid.es