Liga – Paco Jemez, sauveur ou fossoyeur du Rayo Vallecano ?

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Parti presque comme un seigneur du Rayo en 2016, on prédisait un avenir plus que doré pour cet entraîneur aux idées très arrêtées. Oui mais voilà, hormis une pige mi-figue mi-raisin au Mexique, Paco Jemez enchaîne les déceptions en Espagne. Pire encore, ses deux derniers clubs sont descendus l’année où il a été nommé. À Grenada et à Las Palmas, les missions étaient suicidaires. Son retour pour sauver le Rayo Vallecano n’apporte pas plus de certitudes sportives. Et pourtant, Paco Jemez revient dans un club qui a tout changé pour lui, sauf qu’il n’est pas accueilli en sauveur, loin de là. Jemez a autant à perdre voir même plus que le Rayo. Présentation d’un mariage qui doit fonctionner, de gré ou de force.

Entraîneur dogmatique au possible, Paco Jemez ne laisse personne indifférent. C’est même pire que ça, soit on l’aime soit on le déteste. Pas de demi-mesure pour un entraîneur qui a toujours voulu que ses équipes soient dominantes avec le ballon quitte à prendre des gifles. On se souvient tous de la défaites 10-2 face à Real en 2015. Pourtant loin du Rayo, Paco Jemez ne séduit plus personne et déçoit même. À Granada, c’est le manque de patience d’une équipe dirigeante qui ne connaissait rien au football qui lui a été fatale.

Au Mexique, il a réussi sans briller mais son retour à Las Palmas a totalement écorné le personnage. En plus d’avoir fini de saccager l’effectif, il a acquis ses meilleurs résultats en se reniant tactiquement. Dans un style plus apaisé, Paco Jemez revient donc au Rayo, pour tenter encore une fois la mission sauvetage qu’il n’a encore jamais réussi loin de Vallecas. Mais la question qui brûle les lèvres de tous les suiveurs de la Liga, le Canarien a t-il les épaules pour réussir  ? Tentatives de réponses.

Paco Jemez accueilli en héros ? Pas vraiment. 

Lorsqu’il signe fin décembre 2017 à Las Palmas, son retour fait sens. Natif de l’île, Paco Jemez est en plus le seul coach d’envergure disposé à rejoindre une formation au fond du trou. Dans en endroit paisible, il fait tout d’abord le ménage puis prit des gifles sur le pré avant de sauver les meubles sans inverser radicalement la tendance. Lorsque le coup de sifflet final de l’exercice 17-18 est donné, la UD descend en D2 et Paco Jemez plie bagage. Sa réputation est au plus bas, alors qu’en 2016 il était annoncé au Sevilla FC plus personne ne lui propose de contrat à l’été 2018. Jemez attend son heure, il sait qu’il va devoir encore une fois accepté une mission suicide. Sauf que là, il n’aura plus le droit à l’erreur, sa survie sportive en dépend.

Alors quand le Rayo englué dans une crise de résultats plus que profonde licencie Michel et appel à la rescousse Paco Jemez, l’intéressé n’hésite pas une seule seconde. Pour le Canarien, le Rayo c’est le paradis, un club qu’il connaît par coeur, des joueurs qu’il a déjà entraîné et surtout un éco-système qu’il connaît plus que bien et qui lui a permis de performer. On se rappelle de la huitième acquise lors de sa première saison sur le banc du Rayo. Sauf que voilà, la situation actuelle est dramatique et le temps encore plus court que lors de sa prise de fonction à Las Palmas. Comme l’explique Santi Comesaña, l’effectif est vidé après avoir enchaîné pas moins de 7 défaites consécutives en Liga. « Avec Paco, il y a eu un changement de mentalité. Après tant de défaites consécutives, nous sommes un peu rincés mentalement. Nous avons peur. Nous devons nous améliorer « .

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Impossible idylle ?

Pourtant après une fin décembre et un mois janvier bien négocié, on pensait le Rayo et Michel capables de réussir l’impossible. Relégables depuis le coup d’envoi du championnat, les Rayistas étaient sur la pente ascendante. Un juste retour des choses pour Michel la légende en tant que joueur devenu entraîneur qui avait évité une descente en D3 puis offert une montée au Rayo. Depuis le début de saison et malgré des larges défaites, jamais le stade n’a abandonné son groupe et son entraîneur, reconnaissant pour tout ce que l’ancien milieu de terrain avait apporté au club. Son remplacement par Paco Jemez a été très mal perçu et pas moins de 7 peñas dont les médiatiques Bukaneros ont communiqué contre ce retour.

Ce retour réveille de vieilles rancoeurs comme le montre le communiqué publié sur le compte twitter des Bukenaros. On peut y lire notamment : »(..) Il nous fait maintenant regarder avec mécontentement la personne qui va occuper notre banc, et nous ne le faisons pas pour son programme sportif (avec trois descentes dans ses trois derniers entraîneurs en Liga), mais pour ses gaffes et son manque de respect envers les supporters du Rayo Vallecano  » ou encore : « contrairement à beaucoup de personnes de notre club, nous avons de la mémoire ».

En plus de ses tacles les deux pieds décollés, les Bukaneros ont publié une série de tweets pour rendre hommage à Michel, sacrifié sur l’autel des résultats par Presa. Malgré que la légende destituée ait adoubé le retour de Paco Jemez, il n’a pas refermé la porte à un retour comme s’il savait que l’idylle avec le Canarien ne pouvait pas se reproduire.

Quels changements sportifs avec Paco Jemez ? 

Dans cette atmosphère qui sent le souffre, Paco Jemez et le Rayo sont engagés dans une course contre la montre. Les Madrilènes sont 19e, à 6 points du premier non relégable et ils restent seulement 10 journées. Mais qu’est-ce qui a conduit les Rayistas dans cette situation ? La réponse : la faillite mentale face à Leganes, le concurrent direct lors de ce match début février. Le Rayo va perdre ce match 2-1 à domicile et jamais plus les joueurs ne réussiront à se remettre au travail. Sur quoi peut donc s’appuyer Paco Jemez pour relancer la machine ? Pas grand chose à première vue.

Depuis sa nomination, qu’il prend comme une bénédiction, il le dit lui même : « Partir a été l’une des pires décisions de ma vie et c’est pour cela que cela ne m’a pas coûté de rentrer. Je me soucie également de ce que cela représente pour moi et pour ma carrière sportive, c’est là où j’ai le plus travaillé. Je me suis très bien identifié et c’est un plaisir d’être de retour pour défendre ce bouclier « . Il appuie sur un point : le mental. Le coach est certain que quand un effectif reste sur 7 défaites de rang, il est touché mentalement. Paco Jemez va devoir trouver des soldats et un schéma, et au vu des derniers entraînements, on a quelques éléments de réponses.

Crédits : Diario AS

Créer une formation solide 

Tout d’abord un 4-2-3-1, le même avec lequel il avait fini à Las Palmas. Une formation solide, qui a fait ses preuves et qui permet de bien quadriller le terrain même si elle ne permet pas de créer beaucoup offensivement. De plus, ce schéma est bien connu du groupe puisque c’était l’organisation de base de Michel la saison dernière en Segunda. Les bases mises en place, Jemez va surtout retrouver des garçons qu’il connaît bien.

Deux sortes du lot, tout d’abord Kakuta. Le Français blacklisté par Michel pour son rendement faible et ses envies de départs est un des chouchous de Jemez qui a toujours réussi à en tirer le maximum. Le deuxième est aussi un joueur peu utilisé par Michel : Galvez. Le central connaît bien Jemez et était notamment une de ses demandes lors de sa signature à Las Palmas la saison dernière. Il est certain que les deux auront une place plus qu’importante dans le Rayo de Jemez.

Une descente et un départ, toujours la même rengaine avec Paco Jemez ? 

Depuis maintenant près de 3 ans, Jemez se traîne l’étiquette d’un garçon surcôté doté d’une méthode suicidaire qui cause du mal à ses clubs. Son retour au Rayo doit montrer au monde que sa philosophie peut fonctionner mais aussi prouver à la Liga qu’il a mûri, grandement. À Las Palmas la saison dernière on avait le pire de ce que peut proposer le Canarien. Entre formation incompréhensible et déclarations à la hache dans les médias, ce passage sur son l’île a fini de la détruire médiatiquement.

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Pour rassurer tout le monde, il a annoncé très vite qu’il avait signé pour un bail assez long et qu’il serait là la saison prochaine, que le Rayo soit en Liga ou en Segunda. Ses mots étaient clairs en conférence de presse : « Quand j’ai parlé avec Raúl Martín Presa, je lui ai dit que mon idée était d’être ici la saison prochaine. Quoi qu’il arrive, je ne participerai pas qu’à dix matchs, cela en dit long sur mon engagement envers le club. Je veux rester ici et faire de grandes choses. Ce retour était une opportunité que ni mon esprit ni mon cœur ne m’auraient pardonné « .

Cependant ce retour inquiète, la relation Presa-Jemez a toujours été explosive et cette fois, il n’a pas le stade avec lui. Rien ne semble simple pour Paco, mais qui a dit qu’il aimait la facilité ? Mais encore une fois, il a tout à prouver, comme à ses débuts. De quoi espérer un final haletant dans cette Liga des retrouvailles ? On l’espère, au moins pour le spectacle.

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

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