Athletic : Assistons-nous à un changement dans la politique des contrats ?

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Après Iker Muniain, ce sont les défenseurs Oscar De Marcos et Mikel Balenziaga qui ont renouvelé à l’Athletic sans clause libératoire. Ce phénomène récent chez les joueurs de l’Athletic Club semble traduire un changement dans la politique des contrats liant au club basque. Mais qu’en est-il vraiment ? 

C’était l’un des objectifs de l’actuel président de l’Athletic, Josu Urrutia, augmenter au maximum les clauses libératoires des joueurs. Une réussite, qui se prouve notamment avec le cas d’Iñaki Williams. Renouvelé en janvier dernier, l’attaquant possède désormais une clause libératoire de 80 millions d’euros. Une mention supplémentaire explique que cette dernière doit augmenter progressivement sur sept ans, atteignant les 108 millions d’euros en juin 2025.

Le protectionnisme des joueurs passe par les clauses

C’est ceci qu’a toujours voulu faire Urrutia, garantir la protection de ses joueurs – face aux grosses équipes – grâce à des clauses très élevées. Dans le pire des cas, si un club veut acquérir les services d’un Leone, il doit payer la somme demandée. Des ventes qui ont rapporté beaucoup à Urrutia cette année, avec notamment celles du défenseur Aymeric Laporte et du gardien Kepa Arrizabalaga. Tandis que le transfert du Français, à Manchester City, avait nécessité un chèque de plus de 60 millions d’euros, celui de Kepa à Chelsea avait permis d’encaisser environ 80 millions.

Iñaki Williams lors de son dernier renouvellement [Crédits : Athletic Club]

C’était la politique en vigueur pendant la grande majorité de l’année 2018. Si un élément – généralement important – de l’Athletic ne souhaitait pas continuer ici, il fallait qu’il ait une clause élevée. Ainsi, si les équipes intéressées ne pouvant pas attendre jusqu’à la fin du contrat se retrouvaient contraintes de payer la clause du joueur.

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Cette politique reste la même lorsqu’un jeune joueur se fait remarquer. Cela a pu être observé en ce début de saison avec Peru Nolaskoain. Le défenseur basque s’est vu accorder du temps de jeu par l’entraineur Eduardo Berizzo et en a profité pour montrer toute l’étendue de son potentiel. Deux mois plus tard, il est renouvelé jusqu’en 2024, garni d’une clause de 60 millions d’euros.

L’amour du maillot avant les grandes sommes

Quant on est un club avec une telle philosophie, ancrée sur la fierté d’appartenir au Pays Basque, l’amour du maillot est essentiel. L’objectif n’est pas de former de jeunes joueurs prometteurs, pour qu’ils soient achetés par des plus grosses équipes et aident les finances du club, mais bien qu’ils restent longtemps à l’Athletic. C’est d’autant plus le cas depuis que Josu Urrutia est parvenu à nettement améliorer la balance économique du club bilbayen.

Pour montrer son attachement à l’Athletic, et le prouver aux supporters, un joueur devait alors renouveler pour de nombreuses années, mais aussi avoir une clause libératoire très élevée. Actuellement, la clause la plus élevée est celle de l’ancien parisien Yuri Berchiche, 100 millions d’euros.

Peru Nolaskoain lors de son dernier renouvellement [Crédits : Athletic Club]

Mais maintenant que la possibilité de signer sans avoir de clause de résiliation ait été appliquée par plusieurs joueurs, les clauses peuvent être vues différemment. En effet, pour Josu Urrutia comme pour la majorité des supporters, un renouvellement sans clause est la plus belle preuve de fidélité. Mieux vaut ne pas avoir de ‘prix’ plutôt que posséder une clause d’une centaine de millions d’euros. Il est intéressant de constater qu’il y a encore deux mois, la taille de la clause était un bon indicateur de l’attachement du joueur pour son équipe. La décision d’un joueur en particulier a fait changer ces mentalités, et pourrait désormais être prise en compte dans toutes les futures négociations de contrat.

Iker Muniain, toujours le plus fidèle

Fin novembre, coup de tonnerre à Bilbao. L’attaquant de 25 ans Iker Muniain renouvelle jusqu’en 2024 à l’Athletic, sans la moindre clause libératoire. Une pratique quasi inédite dans le football moderne espagnol, même à l’Athletic Club.

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Lors de la conférence de presse ayant suivi cette officialisation, le natif de Pampelune a expliqué qu’il s’agit de montrer sa fidélité au club. Lorsqu’un journaliste lui demande comment lui est venue l’idée de renouveler ainsi, il explique que c’est en écoutant Josu Urrutia parler à la presse. En effet, lorsque le président a annoncé publiquement démissionner de son poste, il a avoué que son idéal économique est qu’il n’y ait pas de montant pouvant annuler les liens entre les zuri-gorriak et l’Athletic. Ainsi, Iker Muniain est devenu le premier joueur de l’époque moderne du club basque à renouveler sans clause.

Iker Muniain a été le premier à renouveler sans clause [Crédits : Athletic Club]

Le capitaine ne l’a pas caché, avouant en cette fin de novembre qu’il espérait que quelques-uns de ses partenaires le suivent dans cette décision. Il n’a pas eu à attendre plus de trois semaines, puisque vendredi 14 décembre, De Marcos et Balenziaga ont renouvelé jusqu’en 2021, sans clause libératoire.

Et si l’un de ces joueurs souhaitent quitter le club, que se passe-t-il ?

D’après l’article 16 du Real Decreto, en cas d’absence de clause de résiliation, le joueur doit informer le club s’il souhaite quitter son équipe. Reste à la Direction de décider si elle accepte de le laisser partir, ou si elle attend en retour une compensation. Si c’est ce qu’elle souhaite, l’équipe doit prendre contact avec un juge, qui fixera l’indemnité à verser pour quitter le club. Mais il y a peu de chance d’en arriver à là. Si un joueur signe sans clause libératoire, c’est qu’il est théoriquement sûr de son choix.

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Des craintes pour les joueurs souhaitant conserver une clause ?

Vous l’aurez donc compris, désormais, la meilleure façon de prouver sa fidélité au club est de renouveler sans avoir de clause. Maintenant que trois joueurs, en moins d’un mois, ont adopté ce principe, les supporters y prennent goût.

Renouveler avec une clause de résiliation pourrait donc donner une mauvaise image du joueur, et d’autant plus si elle n’est pas jugée suffisamment élevée. Ils doivent donc être pleinement sûrs de ce qui est le mieux pour eux, et préparer un discours justifiant leur choix. Lors de sa conférence de presse, Muniain avait prévu tout cela. « Renouveler sans clause peut être la meilleure chose pour le club. Mais chacun doit faire ce qu’il pense être le plus convenable. S’il ne le fait pas, cela ne veut pas dire qu’il est moins engagé qu’un autre dans l’équipe » avait-il tenté d’expliquer.

De Marcos a renouvelé sans clause libératoire le 14 décembre [Crédits : Athletic Club]

Il sera donc intéressant de voir quels choix feront les prochains joueurs à renouveler à l’Athletic, et quelles conséquences ils auront auprès des fans. Avec l’arrivée au pouvoir d’Aitor Elizegi ou d’Alberto Uribe-Etxevarría le 27 décembre, les choses pourraient à nouveau prendre une tournure différente.

Jérémy Lequatre-Garat
@Euskarade

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