Huesca-Villarreal : Francisco face à Luis García ou le défi comme leitmotiv

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L’entraîneur espagnol est réputé en Europe et dans le monde pour sa qualité tactique et ses connaissances du jeu. Actuellement dans la péninsule ibérique, ce sont des Místers ayant connu des situations compliquées et souvent les basses divisions espagnoles qui sont à la mode. Pour cette 16e journée de Liga, un duel entre relégables voit s’affronter deux membres de cette jeune garde. Portraits croisés entre Francisco et Luis Garcia ou comment la quête de défis peut être un projet de vie.

Souvent, les média et les « experts » fustigent les entraîneurs ou les joueurs incapables de sortir de leur zone de confort. Bloqués dans ce sas où ils se sentent bien, ils finissent par décevoir le grand public et devenir indifférents aux yeux de suiveurs. Cependant, il y a aussi d’autres protagonistes dans le football qui sont en recherche perpétuelle de défis, comme s’ils avaient toujours quelque chose à prouver. Francisco et Luis García font partie de la deuxième catégorie. N’acceptant que des postes où rien n’est acquis d’avance, ils ont eu des échecs mais aussi des réussites et même des exploits. Portrait de deux entraîneurs qui ont tout pour être les prochaines têtes de gondoles de la Liga.

2013-2014, la seule saison où Francisco et Luis Garcia se sont affronté

Francisco et Luis García se rejoignent en tant qu’entraîneurs mais ont aussi des carrières de joueurs similaires. Le premier, qui a été nommé à Huesca en remplacement de Leo Franco, est surtout connu pour être un bon joueur de Segunda et de Segunda B. Il n’a disputé réellement qu’une saison au plus haut niveau, qui fut un échec pour lui en tant qu’attaquant à Albacete. Luis García a un CV encore plus minimaliste avec aucun match de Liga ni de Segunda. Malgré un passage avec la B de l’Atleti, l’actuel entraîneur de Villarreal, qui a succédé à Javi Calleja, a dû arrêter très tôt sa carrière de joueur après une blessure au ménisque à l’âge de 27 ans. Francisco a pris la sienne relativement jeune aussi, à 32 ans.

Cette saison 2013-2014 est la première pour Francisco au plus haut niveau et la dernière pour Luis García avant son retour à Villarreal il y a une semaine. L’actuel entraîneur de Huesca n’a alors que 35 ans et est à la tête d’Almería, son club de coeur, qui vient de monter. Il a pris la suite de Javi Gracia qui a acquis une promotion mais n’a pas pu se mettre d’accord avec la direction andalouse pour un nouveau contrat. A la tête du plus petit budget de Liga, Francisco est alors face à un défi gigantesque.

« Simeone a montré que les choses peuvent être faites différemment » Luis García

De son côté, Luis Garcia qui a 6 ans de plus que Francisco est devenu un habitué de la Liga. Il a commencé sa carrière de coach très jeune, avant ses 30 ans, et a bourlingué avant de conquérir les sommets en Tercera voire plus bas avant d’arriver en Primera. Son passage à Getafe est l’apothéose de sa jeune carrière, lui qui avait acquis une légitimité avec la promotion de Levante alors dans une situation sportive très compliquée. Les Granotes ont alors une dette qui frôle les 100 millions d’euros et ont un effectif composé de briscards et de jeunes. On n’attend pas grand chose de cette année du centenaire du club mais le LUD retrouve la Liga. Lors de cet exercice 2013-2014, Luis García vit sa 3e saison sur le banc des Azulones et sa 4e en Liga.

« Getafe est une équipe très bien travaillée » Francisco sur le Getafe de Luis García en 2014.

L’Almería de Francisco est invaincu face à Getafe lors de la double confrontation, ramenant le nul du Coliseum Alfonso Pérez et en les battant à domicile. Les deux ont des styles assez différents. Luis García est un ancien défenseur, admirateur du Cholo Simeone. Ce n’est pas un entraîneur qui cherche à avoir le ballon continuellement. Ses équipes sont capables de faire plusieurs choses. En Liga, il devient un spécialiste des partidazo face aux ogres que sont le Barça et le Real Madrid avec plusieurs bons résultats à domicile. De son côté, Francisco est un ancien attaquant qui ne partage que son système préférentiel avec Luis García : le 4-2-3-1. Ses équipes sont un peu plus chantantes et les phases de jeu très souvent avec ballon dans de petits espaces. Il est connu pour être un entraîneur assez aventureux dans ses approches et son coaching, n’hésitant pas à se mettre en danger ou à sortir des sentiers battus pour obtenir des résultats.

L’appel de l’étranger pour Luis García, la recherche de continuité pour Francisco

Cette fin d’exercice 2013-2014 est vécue de façon diamétralement opposée par les deux Místers. Luis García est licencié après 12 matchs sans victoires, soit la plus mauvaise série de Getafe à ce niveau de son histoire. Francisco, lui, guide Almería à un maintien historique malgré un très mauvais départ. Les Andalous ont dû attendre 10 journées pour s’offrir leur première victoire et après une excellente fin de championnat, Francisco entre dans les coeurs de son afición et s’offre une prolongation de contrat.

Crédits : Diario AS

Alors qu’on attend beaucoup d’Almería en 2014-2015 les débuts sont très difficiles. Les dirigeants ne patientent pas et mettent Francisco à la porte après une série de 9 matchs sans victoires. De son côté, Luis Garcia prend le contre-pied et signe pour Baniyas un club instable des Emirats Arabes Unis qui a consommé 8 coachs lors deux dernières années. L’Espagnol réussit à rester près de 2 saisons au Moyen-orient sans atteindre les objectifs annoncés. Son intégration a été d’ailleurs été difficile aux Emirats : « Dans la rue, ils me demandent pourquoi je n’ai que deux enfants et une femme. Je leur dis que j’ai 41 ans et qu’une femme… Ils pensent que j’ai un problème ».

En 2016, quand Luis García pointe au chômage, Francisco retrouve un poste. Il signe chez le nouveau promu l’UCAM Murcia en Segunda. Un défi qui semble perdu d’avance. Pourtant, comme avec Almería, la saison est bonne et à 4 journées de la fin du championnat, l’UCAM croit pouvoir s’offrir son maintien. Mais contrairement à Almería, la fin de saison est très mauvaise pour l’UCAM qui perd ses 4 derniers matchs et est relégué en Segunda B. Francisco quitte le club la tête haute mais sans gloire.

Retour en Liga pour reprendre le fil

Luis García retrouve un club en 2017, en Chine à Renhe. Le club est en D2 mais il profite de l’appel d’air créé par la Roja qui est très appréciée en Chine. Il reste un peu plus d’un an et fait monter son équipe en D1. Mieux encore : sous ses ordres aucune équipe ne fait mieux que la sienne en D2. En première division, son équipe se maintient facilement, ce qui lui permet de redorer quelque peu son blason. Il tient notamment un cahier de bord pour Diario AS sur son expérience en Chine qu’il remplit régulièrement.

Francisco quant à lui avait mis du temps à retrouver un poste après son licenciement par Almería. Il reste en Segunda, signe à Lugo qui est un habitué de la Segunda et cherche à retrouver les sommets tutoyés avec Quique Setién. Il ne reste qu’une saison et place le club galicien dans la première partie de tableau. En 2018, il signe à Cordoba qui s’est maintenu avec une deuxième partie de saison historique. Sauf que le club est dans une situation financière très compliquée et les renforts demandés n’arrivent pas. A peine un mois après son arrivée, Francisco démissionne. Actuellement 21e de Segunda, Córdoba en est déjà à son 3e entraîneur de la saison…

Quels changements à prévoir des deux cotés pour cette confrontation ?

Francisco et Luis Garcia se retrouvent en Liga. Leurs situations sont différentes, malgré la proximité de Huesca et Villarreal au classement. Villarreal est 17e et premier non relégable. Le sous-marin jaune doit retrouver son lustre. L’objectif n’est pas annoncé publiquement mais une place en Europe est toujours envisagée, surtout dans cette Liga si serrée. Côté Huesca, Francisco a déjà dirigé le club lors de 7 journées de Liga, sans réussir à inverser la tendance et retrouver la victoire.

Il est encore compliqué de savoir vers quel style Francisco veut emmener son équipe. Il a changé plusieurs fois de système, oscillant entre le 4-3-3, le 3-5-2, le 3-6-1 et le 4-2-3-1. Les hommes ont aussi tourné, : Rubén Semedo, un des meilleurs joueurs de Huesca en début de championnat, n’a plus voix au chapitre et ne joue simplement plus. Pablo Insua ou encore David Ferreiro ont été relancés Les résultats sont encore très insuffisants pour Francisco mais comme on l’a vu avec Almería, sa méthode prend un certain temps à se mettre en place. De quoi espérer un réveil avant la trêve hivernale ?

Crédits : Twitter

A Villarreal, les zones de floues sont encore plus grandes. Luis García n’a mené qu’un match à la tête du Submarino Amarillo, en Europa League, avec à la clé une victoire déterminante sur le Spartak et une qualification pour les 1/16. Celui qui était appelé le caméléon par la presse espagnole lors de son passage à Getafe devrait logiquement mettre en place son 4-2-3-1 fétiche. Le style devrait devenir aussi plus prudent et fondé sur la contre-attaque, même s’il sait faire autre chose quand le match devient plus serré pour les siens.

Luis García, le vétéran, compte déjà près de 20 ans de coaching au compteur et 11 clubs différents. Francisco, 40 ans, est encore un jeune qui n’a jamais fait 2 saisons dans le même club et n’en a entraîné que 5. Le défi qui les attend est immense et cette confrontation direct s’annonce déjà déterminant pour la suite de la saison des deux formations. La tension est à son comble mais c’est justement le genre de duel qui leur plaît. Devoir se surpasser perpétuellement pour déjouer les pronostics les plus pessimistes.

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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