Pologne : Boniek, le Mondial 82 en Espagne et la 3e place devant la France

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Crédits : Oldschoolpanini

La Pologne a pu retoucher du doigt les plaisirs des épopées en compétition internationale en 2016. La dernière fois que les Aigles blancs ont fait rêver tout un pays et éblouit le monde, c’était en 1982, en Espagne. Retour sur le Mondial des Polonais, entre parties de pêche, golazos et un Boniek incandescent.

En 1966, quand la FIFA accorde l’organisation de la Coupe du Monde à l’Espagne, la Pologne n’est rien sur l’échiquier du football mondial. Mais 16 ans plus tard, à quelques jours du lancement des festivités, les Anglais blancs sont au sommet de leurs histoire, emmenés par un groupe incroyable qui ne cesse d’épater en compétition. C’est simple, la Pologne sort de deux seconds tours dans les deux dernières Coupes du Mode et a tout de l’outsider parfait pour ce Mondial 82. Et les blancs et rouges vont une nouvelle fois marquer de leur empreinte la compétition, avant de retomber dans un certain oubli.

Un groupe homogène et composé de joueurs du championnat local

Pour ce Mondial 82, la Pologne a un effectif plutôt jeune et surtout composé majoritairement de joueur évoluant encore au pays. La raison est simple : avant 30 ans il est impossible pour un Polonais de signer dans un club hors du pays. Dans ce groupe homogène et où aucune vraie star ne se démarque, il n’y en a que 2 qui sont basés à l’étranger : Szarmach à l’AJ Auxerre et Lato à Lokeren en Belgique. La Pologne n’a pas grand chose d’une sélection préparée pour un Mondial : les entraînements sont légers et les loisirs plus que prenants en Espagne. Les Aigles blancs vont passer du bon temps dans la péninsule en plus de surprendre une nouvelle fois tout le monde. Un mois de juin bien rentabilisé en somme.

Ce Mondial 82 est le premier avec un système de tirage automatisé. La machine censée composer les groupes semble sortie de l’imagination d’un savant fou. Sepp Blatter, alors tout jeune secrétaire de la FIFA ,doit mener à la baguette toute cette cérémonie. Sauf qu’à l’époque, les tirages étaient… comment dire… contrôlés. La FIFA voulait séparer au maximum les Européens des Sud-américains au premier tour. Sauf que Blatter s’emmêle les pinceaux et fait n’importe quoi. Il pose la Belgique dans le mauvais groupe, s’en rend compte, le change. Ce tirage devient mythique et rend fou les Diables Rouges…surtout que la machine s’enraye et finit pas couper une boule en deux !

Deux phases gérées plutôt facilement

Le format de la Coupe du Monde de l’époque était un peu particulier : il y avait une première phase de poule à 4 puis une deuxième à trois et enfin les 1/2 et la finale. La Pologne se retrouve dans le groupe de l’Italie, du Cameroun et du Pérou. La préparation pour ce Mondial a été plutôt bien gérée par les Aigles blancs. Malgré une défaite en amical 3-2 face à l’Espagne alors que la Pologne menait 2-1 à 10 minutes de la fin, les hommes d’Antoni Piechniczek ont enchaîné les victoires face à des clubs français de faible envergure. Avant ce Mondial, Boniek, un jeune ailier qui commence à faire de plus en plus parler de lui a eu l’autorisation de rejoindre la Juventus avant ses 30 ans et a paraphé son contrat. Un événement qui le libérera totalement.

Crédits : Storiedicalcio

Pour son premier match dans cette compétition, la Pologne est face à l’Italie, futur vainqueur du tournoi et surtout favorite numéro 1. Dans un match où les rouges et blancs ont énormément souffert, ils accrochent un bon nul 0-0 qui les rassurera pour la suite. L’équipe a un peu de mal au démarrage et accroche un deuxième 0-0 consécutif, face au Cameroun cette fois.

La Pologne doit remporter son 3e match face au Pérou pour s’assurer une place au second tour. A la mi-temps il y a une nouvelle fois 0-0. Le match est pourtant relevé et les occasions se succèdent de part et d’autre. En seconde période, le match s’enflamme littéralement. La Pologne score 5 fois dont 4 buts en 15 minutes et rejoint logiquement le deuxième tour. Ce match lance le Mondial de la Pologne et surtout celui de Boniek, qui sera irrésistible par la suite.

Au deuxième tour, la Pologne est accompagné de la Belgique et de l’URSS. Face à la Belgique, Boniek est en feu et marque un triplé pour le 3-0 final. Exceptionnel, l’ailier montre toute sa classe et son talent face à une Belgique diminuée. Vainqueur de leur premier tour, notamment devant l’Argentine, le plat pays était privée d’un certain Eric Gerets en défense et de son gardien titulaire. Les Diables Rouges n’ont rien pu faire face à cette Pologne virevoltante. Le dernier match de cette deuxième phase n’est qu’une formalité pour la Pologne. Dans cette confrontation politique face à l’URSS, les Aigles blancs n’ont besoin que d’un nul pour se qualifier, chose qu’ils rapporteront facilement du Camp Nou. Seul bémol : le carton jaune reçu en toute fin de match par Boniek qui le prive de la demi-finale. Une absence qui va compter.

3e place en apothéose

Qualifiée pour les demi-finales, la Pologne défie une nouvelle fois l’Italie d’Enzo Bearzot. Comme lors du premier match de la compétition, les Polonais sont rapidement dominés et sous pression. L’absence de Gentile ne se fait pas remarquer côté italien au contraire de celle de Boniek côté polonais. Incapable sde construire des situations intéressantes sans leur ailier, les Aigles blancs bafouent leur football et sont vulnérables. A la 22e minute, Paolo Rossi ne se fait pas prier pour catapulter au fond des filets un coup franc qui plane dans la surface des rouge et blanc. La suite du match est équilibrée mais les Polonais ne sont pas assez précis. A la 73e, Rossi fait le break et envoie la Nazionale en finale. Les Aigles disputeront donc la petite finale pour conclure ce Mondial sur une note positive.

« On était un vrai groupe, il n’y avait pas de place pour l’individualisme » Szarmach.

C’est une France encore sous le choc qui se dresse devant la Pologne. Les hommes de Michel Hidalgo n’y sont plus, encore sonnés par leur élimination au bout du suspense par la RFA 48 heures auparavant. Le sélectionneur français exerce une large revue d’effectif quand la Pologne retrouve Boniek et aligne un XI de gala. Pourtant, ce sont bien les coiffeurs français qui commencent le match tambour battant et réussissent même à ouvrir le score par René Girard. Durant 20 minutes, la France fait douter la Pologne. Puis la bande à Boniek se remet la tête à l’endroit. A la 40e minute, c’est le futur ailier de la Juve qui lance Szarmach pour l’égalisation. Ensuite c’est la débandade tricolore. Quatre minutes après, la Pologne prend les devants. Les Français rentrent têtes basses aux vestiaires. Surtout que dès la reprise du match, les Aigles enfoncent le clou. 3-1, c’est plié. Malgré la réduction de l’écart, la Pologne réédite l’exploit du Mondial 74 et finit sur la 3e marche du podium.

La période dorée se referme brutalement

La Pologne finit donc 3e du Mondial 82 avec une seule petite défaite, face à l’Italie futur vainqueur. Boniek s’envole à la Juventus pour devenir une idole. Rapidement son entente avec Platini fait des merveilles et le rouquin moustachu étale son talent en Serie A. Passeur, buteur, dribbleur, dynamiteur, Boniek est intenable. Lors de son départ de la Juve pour la Roma en 1985, Platini assure « que le futur meilleur buteur du championnat évoluera dans l’équipe de Boniek ». Lui qui avait profité des offrandes du Polonais durant 3 saisons a eu raison. En 1986, c’est le Romanista Pruzzo qui termine meilleur buteur de Serie A.

Cependant, la Pologne tombe petit à petit dans l’oubli. La génération dorée éclate et la sélection en paie les frais. Entre 1982 et 2018, les Aigles blancs n’ont participé qu’à 3 coupes du monde et disputé seulement un huitième de finale. Cependant, le quart de finale de l’Euro 2016, une place jamais atteinte par la grande Pologne laisse présager d’une Coupe du Monde où la Pologne aura sûrement son mot à dire. Mais qui sera son Boniek de 2018 ?

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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