Germán Burgos : Le singe (avec des Google Glass) qui se dresse devant Arsenal

Atlético Coupes d'Europe Découverte En avant
Crédits : Clarin.com

Il s’appelle Germán Burgos, il est Argentin, ancien gardien de but et on le surnomme El Mono, (le singe en espagnol). Il est un fidèle lieutenant du Cholo, présent à ses côtés depuis le passage de l’argentin à Catane. Face à Arsenal pour cette demi finale retour d’Europa League, c’est lui qui va être le numéro 1 sur le banc, Simeone étant en tribunes. Portrait d’un géant par la taille, l’esprit et l’histoire.

On ne joue pas encore le quart d’heure de jeu dans cette demi finale aller et pourtant le Cholo entre déjà dans une colère noire. Lui qui est connu pour user ses zones techniques à force de faire des allers retours prend feu sur son banc. Vrsaljko vient de compromettre fortement les chances de l’Atleti de réaliser un bon résultat à Londres en encaissant 2 jaunes en 10 minutes. Simeone enrage contre l’arbitre et il y mêle sa maman. La sanction est irrévocable, El Cholo est exclu et vivra l’égalisation des siens dans la douceur des loges londoniennes. Pour ne rien arranger, l’UEFA a suspendu pour 3 matchs le chien fou argentin. Ce qui le prive donc de demi finale retour et d’une hypothétique finale à Lyon. C’est logiquement son fidèle lieutenant, Germán Burgos qui va enfiler le costume de numéro un pour emmener son club jusqu’au succès. Entre gardien fantasque, chanteur de rock, cancer du rein et apôtre du Cholisme, mais qui est ce Germán Burgos ? Portrait.

Burgos, gardien atypique par la tenue et le style

Germán Burgos joueur c’est tout d’abord une dégaine : 1m90, des cheveux long, une casquette visée sur la tête, des survêtement et des maillots bariolés. L’Argentin ne laisse clairement pas indifférent et son style dans les buts encore moins. Rapidement, on le surnomme le Gorille en Argentine, ce surnom vient de l’entraîneur légendaire statufié Carlos Griguol. Ce surnom évoluera rapidement en El Mono, le singe et ne quittera plus jamais German.

En Argentine il ne connaîtra que deux clubs, le Ferro, celui de ses débuts, et River Plate, celui de son cœur, avec lequel il remportera ses premiers trophées. Germán a très vite commencé à jouer au ballon dans la rue, comme énormément d’Argentins à l’époque. C’est là que sa taille se fait pour la première fois remarquer. Il est déjà très grand pour son âge, ce qui lui permet d’être courtisé par les plus vieux de son quartier. Sauf qu’il y a un hic, lui est fan de River Plate et ce groupe n’est composé que de fans de Boca, l’ennemi juré. Mais l’appel du jeu est trop grand pour lui, Germán ne montre pas son attachement pour River et s’installe dans les buts de cette équipe.

Crédits : Fifa.com

Il jouera à peu près 200 matchs en Argentine. Rapidement, on remarque sa faculté à stopper des penalty et son aisance dans les 1 contre 1. Burgos aime les duels, aime le combat, qu’il soit mental ou physique. Cet exercice du 1vs1 est un plaisir pour lui. Il fait aussi partie de ses gardiens sud-américains qui sortent facilement de leur surface de réparation, il adore participer au jeu et dézonner.

« Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais aimé être footballeur » Burgos dans El Mundo

Les trophées commencent à s’empiler sur la table de chevet du bon Burgos. Avec le club rouge et blanc il remporte quatre Aperturas et un Clausura. Son nom, il l’exporte même sur tout le continent en remportant une Libertadores et une Supercopa Sudamericana. Clairement, l’Argentine commence à être trop petite pour lui et l’appel de l’Europe est fort. En 1999, alors qu’il approche de la trentaine il fait le grand saut et signe avec Mallorca en Espagne. Le club est en Liga et vit une de ses meilleurs périodes mais El Mono ne réussit pas à se faire une place. Il se fait pourtant remarquer pour un événement extra sportif. Lors d’un match face à l’Espanyol il est pris dans une bagarre avec Manolo Serrano. Enfin, il est dénoncé par club catalan après avoir mis un coup de poing au joueur des Pericos. Pour cet acte il sera durement sanctionné en recevant la 3e sanction la plus importante de l’histoire du football espagnol. Sur la base d’images car les arbitres n’avaient rien vu, il prend 11 matchs de suspension et 500.000 pesetas d’amende. C’est pourtant en Espagne que son deuxième coup de foudre footballistique va se produire après River.

Burgos, idole de l’Atlético

Germán est un passionné du football, il ne vit simplement que pour ça. En Espagne, ça ne se passe pas super bien aux Baléares, il s’intéresse donc à ce qu’il se passe dans la péninsule niveau football. À cette période là, l’Atleti n’est pas au mieux et végète en D2. Lors d’un Derby à Butarque face à Leganés, l’Atleti rempli le stade de rouge. Burgos est devant sa télé et voit ça, il tombe littéralement amoureux de ce club et fera tout pour le rejoindre. Chose qui arrivera en 2001.

Crédits : Pesmitidescalcio

Avec l’Atleti il ne remporte qu’un trophée, celui de champion de Segunda en 2002, qui fait remonter le club rouge et blanc en Liga. Les scènes de liesse sont incroyable : les Colchoneros sont libérés après deux ans de purgatoire en Segunda. Il côtoie Torres avant qu’il ne devienne la légende actuelle et le Cholo notamment. Sa légende, El Mono l’écrit avec ses arrêts toujours plus incroyables. Il est le genre de gardien qui arrête des frappes molles de la poitrine ou qui ne se jette pas sur des 1vs1 pour arrêter le ballon de la tête.

La performance qui restera gravée dans les mémoires arrive lors d’un derby face au Real. Le match est accroché et l’Atleti est mené 2-1. Le Real peut faire le break par l’intermédiaire de Figo sur pénalty… Sauf que Burgos en décidera autrement. Il se jette et arrête le ballon avec le visage. Résultat, il finira le match avec un nez cassé et un visage ensanglanté. Par la suite l’Atleti réussira à égaliser. Burgos devient une légende. Il prêtera même son visage à une campagne d’abonnement du club après la remontée. Il a été choisi pour son physique comme il l’explique bien : « Ils m’ont choisi, parce que tu sais comment sont les agences de communication, ils ont besoin d’un moche. »

À côté de ça, Burgos est un bon vivant. C’est un chanteur de rock à succès, il sortira même 3 albums et il est un amateur de cigares. En 2003 on lui détecte un cancer du rein qui nécessite une opération. La réponse de l’intéressé résume bien la pensée du gardien de but : «les médecins sont venus un jour et m’ont dit : « On doit t’opérer. » Je devais jouer le weekend contre Majorque, alors je leur ai dit : « C’est mieux lundi. » Mais les médecins et Luis (Aragonés, ndlr) m’ont dit qu’il fallait le faire maintenant. » Une cicatrice de 35 points plus tard, Germán est remis sur pied mais sa carrière de footballeur prend fin. Il n’aura connu que 4 clubs dans sa vie de sportif dont 2 dont il est amoureux, une vie plutôt paisible.

Crédits : Marca

L’autre moitié du Cholisme

Retraite sportive ne veut pas dire arrêt complet des activités, Burgos est un hyper actif. Il sera par exemple juré pour une émission de télé réalité. Mais le foot n’est jamais très loin d’El Mono, puisqu’il devient entraîneur des gardiens d’Alcorcon. En 2010 il est nommé entraîneur du légendaire RCD Carabanchel, club amateur de Madrid qui a vu passé quelques stars et qui jouit d’une assez bonne réputation. Lors de sa première saison il accroche la promotion, avant de démissionner à la suite de mauvais résultats. Cela sera sa seule expérience en tant que numéro 1, mais il se fait remarquer par sa science tactique et sa volonté de tout contrôler. Il ne laisse rien au hasard.

« Nous nous sommes entendus à merveille. Nous n’avions jamais travaillé ensemble, mais nous nous sommes côtoyés pendant huit ans en sélection et deux ans à l’Atlético de Madrid. En dix ans, j’ai donc pris plus de repas avec lui qu’avec ma famille !«  Burgos sur Simeone.

En 2010 quand Simeone est nommé entraîneur de Catane pour sauver le club d’une descente, il se met en quête d’un adjoint. Logiquement, il se tourne vers ses anciens compagnons en sélection et en club. Le choix de Burgos paraît évidemment surtout qu’El Mono aspire à devenir numéro 1 par la suite. En 4 mois à Catane, le duo sauve le club de la relégation et surtout, il fige la collaboration de deux loustics. Après un retour en Argentine plutôt court, les voilà qui débarquent ensemble à l’Atleti en 2011.

« Si l’un d’entre nous perd son sang-froid, l’autre le tolérera jusqu’à ce qu’il s’éteigne », a déclaré Burgos à Papel . « Vous savez, nous avons tous les deux des caractères très forts, mais mon travail consiste à m’assurer qu’il reste équilibré, s’il a des doutes ou des angoisses, j’essaie de le libérer, je ne doute jamais, jamais »

Ensemble, ils forment un tandem qui s’équilibre. Burgos est la moitié calme du couple (oui oui) et Cholo celui qui s’emporte et qui a bien besoin d’être tempéré. Durant les matchs, quand Simeone use le gazon avec des aller-retours et hurle des consignes, Burgos reste plongé dans ses notes et regarde le match sans quitter son siège. Ensemble, ce duo équilibré au possible va stabiliser le club le plus instable d’Espagne. Sans refaire l’histoire 100 fois, faire 2 finales de LDC, remporter une Liga et une Europa League ou encore une Copa del Rey c’est un bilan plus que convenable. L’Atleti est littéralement sorti de l’ombre sous le duo argentin, devenant l’égal du Barça et du rival Real.

« Quand on vous présente la vérité, il n’y a pas besoin de douter et mon rôle est de toujours lui dire la vérité – celui-ci peut jouer, il peut jouer et il peut jouer et il fait confiance à mon jugement. assistants est un peu comme ces doubles actes dans les films classiques – comme Robert De Niro et Joe Pesci .  » Burgos sur son rôle dans le duo.

Quand le prof Ortega est le monsieur préparation physique de Simeone, Burgos est son monsieur tactique. C’est un expert des coups francs qu’ils soient offensifs ou défensifs. Il est toujours là deux heures avant les horaires d’entraînements, il prépare des fiches et des vidéos sur les adversaires de l’Atleti. Il fait des compte-rendus régulièrement durant les matchs pour réorganiser l’Atleti et appuyer là où l’adversaire est en infériorité. Que ce soit une zone de centre, ou simplement un endroit au milieu, dans le football choliste rien n’est laissé au hasard. Burgos est littéralement un méticuleux qui recherche constamment à s’améliorer et améliorer l’Atleti. En 2015 il a été le premier à porter des Google Glass lors d’un match face à Getafe. Un outil qui lui a plu mais l’expérience n’a pas été retentée.

Cette saison il a été plusieurs fois en position de numéro un. Lorsque Simeone a été suspendu 3 matchs après l’élimination face à Séville en Copa, il a mené l’Atleti à 3 victoire nettes face à Las Palmas, Malaga et Valence. Burgos a tout d’un numéro un, et il aspire vraiment à l’être. Sauf que le tandem avec le Cholo marche tellement bien que les deux ont du mal à se séparer.

« Germán est capable de diriger l’équipe, nous nous connaissons très bien, c’est pourquoi je ne suis pas inquiet de sa présence sur le banc« , a affirmé El Cholo

Cependant ce match retour face à l’Atleti est un des chocs les plus importants qu’il va diriger sans son mentor et ami. Il va se dresser seul, au milieu du Wanda pour mener son club de cœur vers une finale européenne. Dans cette saison où rien n’a été facile pour les Colchoneros, ce droit de jouer une finale à a rassemblé un effectif très maigre vers un but commun et lui a permis de se sublimer. Même si Burgos est la partie calme du couple, il lui arrive de prendre ses nerfs comme lors du derby face au Real où il a voulu en venir aux mains avec l’arbitre. Ou bien quand il voulait « arracher la tête » du Mou, El Mono est agressif aussi par moments.

Burgos est une bête, un monstre physique qui est doté d’un cerveau et d’une science du jeu incroyable. Tout laisse à croire qu’il va un jour prendre son envol pour exploiter ce talent inné et exporter le Cholisme comme le Bielsisme en son temps. Ce soir c’est lui qui va guider l’Atleti pour l’assaut final contre Arsenal. En plus d’avoir les qualités pour le faire il en a le caractère. Pour finir, une petite phrase de Burgos sur Burgos : « J’ai joué, je me suis amusé, j’ai été champion. J’ai un groupe de musique, je suis devenu entraîneur, je fais des apparitions à la radio et à la télévision, j’écris pour Marca… Tout ce que je fais ne m’empêche pas de faire partie d’un groupe et d’entraîner.   »

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

Commentaires