Athletic Club : Berizzo sur les traces de Bielsa

Athletic Club En avant Liga Santander Non classé

Alors que le successeur idéal de Ziganda à l’Athletic semblait être Garitano, la direction basque aurai choisi Toto Berizzo. Disciple de Bielsa, il a émerveillé la Liga avec son Celta et déçu avec Seville. Fausse bonne idée ou changement nécessaire pour redonner de la vie à ce club mythique ?

Toto Berizzo est sans club depuis fin décembre, mis dehors par la direction de Seville plus par ses choix extra sportives qu’à cause de mauvais résultats. Depuis ce départ, les andalous ne font que couler, le jeu ne s’est pas amélioré et les valises encaissées sont de plus en plus régulières. Tout n’était pas parfait pour l’entraîneur argentin lors de ce début de saison, le niveau jeu était bien trop absent et le turn over trop violent pour espérer créer une synergie dans un effectif aussi pléthorique que le Sevilla FC. En Andalousie, Toto Berizzo n’a jamais confirmé tout le bien qu’on a vu de lui en Galice. Ne profitant pas du bon travail de son prédécesseur comme au Celta, on ne lui a laissé que trop peu de temps pour développer sa philosophie chez les Palanganas. À l’Athletic il découvre un club qui ne rêve plus et où la nostalgie de Bielsa est encore très présente. Sera t’il de taille pour redonner de l’espoir a tout un peuple ? Tentative de réponse.

Le lourd héritage Bielsa

L’Athletic Bilbao est un très vieux club. Membre fondateur de la Liga, présent dès la création de la Copa Del Rey, il est un historique du paysage footballistique espagnol. C’est ce club qu’on voit toujours, une formation qui n’a jamais connu la Segunda. Il véhicule aussi tout un mysticisme, à l’image du pays basque. Ce grand club qui ne recrute que des basques, qui réussit miraculeusement a garder la plupart de ses jeunes, un club encré dans sa région avec un beau stade et qui réussit malgré tout à être performant.

Sauf que ces dernières années, l’Athletic ne rêve plus beaucoup. Même sous Valverde où le jeu était plutôt bon, les coups d’éclats étaient plus que maigre. Une Supercoupe qui met fin à une disette de plus de 30 ans, mais un nom revient avec insistance ? Celui de Marcelo Bielsa. L’actuel entraîneur du Barça a réussi de très grande chose avec les Leones mais c’est toujours Bielsa qui revient, même 3 ans après son départ. Comme une brume qui ne part pas vraiment, l’ombre d’El Loco trône encore au dessus de San Mames.

« Bielsa m’a enseigné que rien n’est appris, que tout est encore à découvrir. Il a été comme un guide, quelqu’un qui m’a éduqué et m’a appris à diriger »

Pourtant avec les Leones le légendaire Marcelo Bielsa n’a rien gagné. Il a disputé 2 finales au terme d’une année 2012 pourtant aboutie en matière de jeu. Deux défaites sèches face à l’Atleti et le Barça deux fois sur le score de 3-0. Aucun titre, mais une entente parfaite avec une aficion qui ne demandait qu’à s’enflammer. C’est là que Bielsa a marqué tout une région. Dans cette capacité à créer de l’émotion, à fédérer autour de lui pour permettre au club de se surpasser. L’équipe de Bielsa collait parfaitement aux attentes des supporteurs, c’était de vrais Leones et ça plaisait à l’aficion. Depuis l’Athletic est comme dans un sas de décompression qui n’en finit plus. Le règne de Valverde a été fructueux en termes de résultats mais la passion n’était plus là. Comme un drogué en manque, les Zuri-gorriak sont en quête d’émotions, enfermés dans un passé glorieux qui ne demande qu’à vivre de nouveau.

« Bielsa m’a montré que les choses se construisent grâce au travail, la préoccupation d’être toujours meilleur, d’être perfectionniste  »

Berizzo arrive donc comme le fils spirituel de Bielsa. Un des seuls à l’avoir connu en étant joueur et en étant adjoint, à Newell’s et avec le Chili. Toto a tout appris de son mentor et il ne s’en cache pas. Il est un Bieliste, il prône un jeu ambitieux fait de pressing et de relance à terre. Ce football anxieux qui essaye d’être patient. Avoir le ballon mais verticaliser et être à la recherche d’un homme libre constamment et se comporter comme une meute traquant un gibier à la perte. Il veut que son équipe provoque les erreurs au lieu de les attendre, c’est un football d’action qu’il promeut et non un football de réaction. Cette pression va être compliqué à porter, il est déjà catalogué comme le nouveau Bielsa alors qu’il n’a toujours pas été officiellement présenté: une pression nouvelle pour lui qui s’ajoute à des attentes très importantes. En prenant les rênes de ce club, il sait aussi qu’il va être jugé sur sa faculté à générer des émotions, pas seulement sur son niveau de jeu et ses résultats.

« Si vous voyez notre entraînement, vous verrez que c’est très exigeant et très intense. L’année dernière, nous avons eu l’intensité d’essayer de récupérer la balle rapidement, mais je pense que nous le faisons avec plus d’agression maintenant sous Berizzo. « – Cabral ancien défenseur de Berizzo au Celta

À Seville son jeu a implosé sous la pression des résultats. Sans repère et sans temps pour mettre en place sa méthode il a sabordé sa philosophie pour permettre à Seville d’engranger des points. Son équipe ne suscitait aucune émotion, au contraire de son Celta qui était emballant et qui a réussi à faire de joli coup. En Andalousie il est aussi rentré dans la star N’Zonzi, la mettant de côté et le poussant presque au départ. C’est ce qui a conduit à son éviction, la direction du club nervion a choisi le milieu français au coach argentin.

Eduardo Berizzo, trahi par son style

Berizzo va donc s’asseoir sur le banc de l’Athletic club. Il prendra en main un effectif qui n’a jamais eu de ligne directive sous Ziganda cette saison. Une formation bourrée de talents comme Munian, Iñaki ou encore Yeray et Inigo Martinez. De petits jeunes qui ne demandent qu’à passer un cap comme Unai ou Cordoba. L’Athletic a un effectif plutôt bien construit qui a certes besoin de quelques retouches mais qui peut être redoutable si il est mis dans de bonnes conditions. Berizzo devra tout reprendre, recréer un collectif solide pour permettre aux joueurs de progresser ensemble. Il sera moins pressé par l’obligation de résultats comme à Seville mais aura la pression de devoir faire aussi bien ou mieux que Bielsa.

Crédits : mondedufoot

L’Athletic fait le choix d’un pari risqué. La logique aurait que ce soit Asier Garitano, un coach de très bon niveau mais qui n’est pas aussi fédérateur et ambitieux que Berizzo. Avec l’ancien de l’OM, l’explosion peut être réel, son passage peut relever le club comme finir de l’achever. La prise de risque est réel mais c’est comme ça qu’on avance et qu’on grandit, en quittant sa zone de confort. L’Athletic et Berizzo n’ont pas choisi la facilité en se mariant, mais la finalité peut être de très bonne facture. On a déjà hâte de voir ce que ça va donner. Certains y verront une culture du passé, une nostalgie qui rassure et qui fait plaisir aux supporteurs, d’autres une prise de risque quand Garitano aurait apporté une stabilité contraire à la philosophie de Berizzo. Le choix de le faire signer une saison avec une en option montre bien que le risque est réel et que l’Athletic cherche à se protéger. Une chose est sûre, l’institution basque va une nouvelle fois être chamboulée, comme avec Bielsa.  Avec autant de succès ?

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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