PSG – Real Madrid : Comment les Merengues ont gagné le match

Analyse En avant Real Madrid

Cette saison, on pensait le PSG capable d’inquiéter le Real Madrid. Et pourtant… Au coup de sifflet final, la conclusion de cette double confrontation est claire : les Vikingos étaient 3 tons au-dessus des Parisiens qui se sont délités au Parc des Princes après un match aller frustrant pour eux. Quelles ont été les clés de ce huitième de finale de Ligue des Champions ?

Chaque club a sa propre mythologie, ses grands souvenirs invoqués pour se convaincre qu’une qualification est possible, que ce soir c’est le Grand Soir. PSG – Real Madrid, c’est « Casque d’Or Kombouaré », c’est un Parc incandescent qui renverse le géant merengue et ses deux buts d’avance. 25 ans plus tard, le parallèle était tout trouvé après une défaite frustrante à Santiago-Bernabéu subie dans les dernières minutes (3-1). Les hommes d’Unai Emery étaient au pied du mur. Ils devaient réaliser le match parfait pour détruire la Casa Blanca au bulldozer. La phrase « tarte à la crème », c’est de dire qu’en Ligue des Champions, un match se gagne sur des détails. Hier soir, le Real Madrid n’a pas fait dans le détail et le tableau d’affichage reflétait peu l’écart qui subsiste avec le Paris Saint-Germain, éternel outsider en décembre et bouquet fané en mars.

Une charnière centrale et un double pivot impeccable

C’est la maxime préférée de nos entraîneurs franchouillards : « restez bien en place et surtout solides défensivement ». Au vu de la 1re période, on se demande si Emery n’a pas repris cette antienne à son compte. Au fond, le calcul n’était aberrant. Tenir le 0-0 pour ensuite proposer l’enfer aux Merengues. C’était le soir parfait. In extremis dans le groupe, Luka Modric et Toni Kroos étaient sur le banc. Sans ses métronomes, ses masterminds comme disent les boxeurs, le Real Madrid aurait pu tanguer, d’autant que Matteo Kovacic, malgré tout son talent, peut perdre le fil de son match. S’il met plus de temps que prévu à prendre son envol, le Croate a été impeccable. Après avoir titularisé Giovani Lo Celso à l’aller, sans réussite, Emery a joué la carte Thiago Motta, sans davantage de succès. Fallait-il privilégier Lassana Diarra, malgré un débours de 2 buts ? En football, les absents ont souvent raison et le doute subsistera. Sans génie tactique, Zidane a appuyé là où le PSG souffre. Sous pression, les milieux parisiens ne sont pas parvenus à alimenter leurs attaquants. Jamais face au jeu, Edinson Cavani a d’ailleurs fait éclater plusieurs fois sa frustration. Et quand Kylian Mbappé a arraché un ballon en or, la pépite a fait le mauvais choix, celui qui a sûrement privé le Parc d’une nuit de folie.

La heatmap du milieu du PSG (orange) vs le milieu du Real (bleu)

Être bien en place sans ballon c’est bien, ça structure et ça protège. Cependant, il faut bien manier le cuir pour se créer des situations. Le comparatif est accablant pour le PSG. Hier soir, le double pivot n’a perdu qu’un seul sur les 90 minutes. En face, le trident parisien en a perdu 12. Un différentiel vertigineux, une montagne qui symbolise encore plus le mur auquel s’est confronté le PSG. Obligé de forcer les passes en raison de cette énorme pression, il a craqué à deux reprises, dans la plus grande des logiques.

Outre le fait de s’être appuyé sur le double pivot Kovacic-Casemiro, Zinedine Zidane a aussi pu compter sur une charnière impériale. Raphaël Varane et Sergio Ramos étaient toujours prêts à surgir si un ballon passait le double rempart au milieu. Quand on connait la capacité des deux centraux madrilènes à lire les trajectoires et à défendre debout, l’absence de mouvement des joueurs du PSG dans le dernier tiers du terrain, c’était du pain béni. Au final, le Real a toujours été en supériorité défensive. Concentré et tranquille, il n’a tremblé que peu de fois alors que sous pression, le binôme peut craquer, comme ça arrive régulièrement cette saison en Liga.

Les choix clairs de Zidane

Au Parc, le Real Madrid aurait pu jouer avec le feu. 3-1 à domicile, c’est une avance intéressante qui permet d’être serein. Cependant, ce petit but à l’extérieur peut rapidement faire perdre le fil. Un but encaissé et c’est l’escalade : l’adversaire croit en son destin, accélère, presse et pousse appuyé par son public pour instiller ce supplément d’âme nécessaire à toute grande soirée européenne. Bref, les Vikingos auraient pu sombrer. Intelligemment, Zidane n’a pas forcé les retours de Kroos et Modric pour aligner une équipe identique que celle proposée à l’aller avec Isco en 10. Les états de forme et le match étaient bien différent d’il y a 3 semaines et Zidane n’est pas tombé dans ce choix facile qui s’offrait à lui. Il est pragmatique. Il a fait des choix forts et clairs.

Crédits : Cuatro.com

Asensio plutôt qu’Isco ? Logique. L’ancien de l’Espanyol s’intègre plus dans un collectif, bosse plus défensivement. Isco est un chien fou, qui dézone, bouge, propose, mais perd aussi des ballons en raison de son jeu à hauts risques. Pour ce second acte, ZZ avait besoin d’avoir le jeu le plus propre possible et surtout pas de gestes superflus. Il fallait piquer très vite à la récupération. Le Isco de l’aller avait été très utile. Le Real était à domicile et devait proposer du jeu. Le meneur de jeu avait d’ailleurs sorti une de ses meilleures partitions, tant sur le plan offensif que défensif. Disponible, propre, volontaire et appliqué Isco était redevenu le Isco du début de saison. Au Parc, il aurait pu devenir un poids. Zidane voulait avant tout de la vitesse sur les côtés pour appuyer sur Yuri Berchiche et Dani Alves, d’où les titularisations d’Asensio et du besogneux Lucas Vázquez.

« C’était important d’avoir deux lignes de quatre et de bien défendre sur les joueurs de côté. Lucas est dans une bonne forme et Marco également. Nous le sommes tous, mais eux particulièrement. Les deux ont joué et ont été très bons. Je dois faire un onze tous les trois jours et ce soir c’était le plan de départ » Zinedine Zidane

Lucas Vázquez plutôt que Gareth Bale ? Evident. Comme pour son pendant offensif, le Galicien était qui coulait de source pour Zidane. Bale est un soldat, on le sait, mais il n’est pas au mieux. Le Gallois était revenu très fort en décembre-janvier et avait permis au Real d’éviter une crise plus profonde. Sauf que depuis, il est de plus en plus discret, son physique semble encore être un poids pour lui et il semble toujours aussi peu adapté au jeu espagnol. Lucas Vázquez est un peu le chouchou du double Z. Excellent joueur du foot, il a une mentalité qui plaît énormément à l’entraîneur français. Discret, ne se plaignant jamais de sa situation, il accepte son rôle de joker, croquent toutes les minutes qui lui sont offertes comme un cadeau des Reyes Magos et ne revendique jamais plus. Toujours au niveau, sa titularisation était attendue par beaucoup. Il n’a pas déçu et son niveau n’a surpris personne. Une nouvelle fois excellent, il fait beaucoup de choses que Bale ne fait pas ou tout simplement ne sait pas faire. En plus d’être en forme et d’être un remarquable contre-attaquant il est performant dans la conservation de balle, il `propose énormément sans ballon. Ses déplacements ont ouvert des espaces pour Cristiano Ronaldo qui s’est régalé. Le 1er but merengue a été la conjonction de l’intelligence tactique madrilène, de la récupération d’Asensio dans les pieds de Dani Alves à la tête victorieuse du quintuple Ballon d’Or, sans oublier l’appel de Lucas Vázquez et la passe laser d’Asensio entre les jambes d’Alves.

Côté PSG, Unai Emery n’a rien changé tactiquement à l’équipe qui avait pris l’eau à Madrid. Lo Celso est sorti du XI et le vétéran Motta a retrouvé la pointe basse du trident au milieu. Présent pour sécuriser un milieu qui a du mal à gérer entièrement ses matches, l’Italien n’a été là que par intermittence. Utile avec un ballon, il n’a plus le physique pour assurer la récupération à lui tout seul. De plus, il n’a pas permis à Rabiot et Verratti de rester dans leur match. L’ancien du Barça a été le symbole d’un PSG qui se repli esur lui au lieu de tenter des choses. Symptomatique de tout ce qui n’allait pas dans le club de la capitale parisienne. Et quand Rabiot marche et que Verratti fond un fusible, il devient impossible de réaliser un exploit de cette taille.

Le Real a joué un match de Ligue des Champions, pas le PSG

La faiblesse du PSG était-elle dû à l’absence de Neymar ? Dans le même temps le Real a commencé le match avec Bale, Isco, Kroos et Modric sur le banc. Cette perte qualitative a été compensée par des jeunes joueurs qui connaissaient leur rôle sur le bout des crampons. Même au niveau de l’expérience, sur les 3 nouveaux entrants, ZZ seul Lucas Vázquez avait déjà débuté un match à élimination directe de Champion’s. Une jeunesse qui aurait pu craquer sous le poids de la pression. Au lieu de ça, ils ont été au niveau de l’événement.

C’est dur à dire pour le club parisien qui joue régulièrement les phases éliminatoires de Champion’s depuis plusieurs années mais les protégés de Nasser sont toujours incapables de se faire violence face à l’adversité et quand il s’agit d’écrire son destin. Le Real Madrid a été meilleur sans être à fond. A l’aller, les Vikingos avaient la bave aux lèvres. Ils ont su élever leur niveau apr rapport à ce qu’ils proposent en Liga. Le PSG quant à lui n’a fait que jouer un match de football. Sans révolte, sans envie supplémentaire, sans rien de plus et c’est dramatique. C’est un vrai constat d’échec.

Crédits : lexpress.fr

Cette supériorité mentale a apporté de la confiance et de l’assurance. Et quand on met d’excellents joueurs de foot dans un contexte aussi favorable, ils sont obligés d’être au niveau et de réussir quasiment tout ce qu’ils entreprennent. C’est là aussi que le PSG a aussi perdu le match. Hier Verratti, Alves, Mbappé ou Rabiot étaient dépassés par le jeu et l’enjeu, par le rythme, par beaucoup trop de choses en définitive. Une impression incroyable quand on sait que c’est LE grand objectif du club. Zidane est déjà un grand entraîneur quand Emery a du mal à passer ce gap du très haut niveau. Ça a tout changé. Le Real Madrid rêve toujours de triplé. Le PSG veut sortir du cauchemar.

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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