Où va l’Espanyol ?

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(crédits : footballvideohighlights.com)

Après une saison réussie, l’Espanyol de Barcelone ne parvient pas à redémarrer. Le club perico ne progresse pas, et ce à plusieurs niveaux. Explications.

Charles Darwin, scientifique anglais au visage bouffé par une barbe blanche mal égalisée. Quique Sánchez Flores, entraîneur espagnol au visage bronzé, à l’apparence toute étudiée. Le second a beau être contemporain du premier de 146 ans, si ce bon vieux Darwin y connaissait quelque chose au pied-balle, il ne se gênerait pas pour prodiguer quelques conseils à Quique. « Ce ne sont pas les espèces les plus fortes qui survivent, ni les plus intelligentes, mais celles les plus réactives au changement« , voilà l’idée qu’il lui aurait pu lui exprimer. Oui, car la théorie de l’évolution découverte sur des pinsons vaut aussi pour les pericos (les perruches).

Des principes clairs

Le grand dam de l’Espanyol cette saison, c’est qu’il se comporte de la même façon que la saison passée. La défense était protégée par l’entier des autres lignes. Tout le monde s’activait à défendre de façon à quadriller au mieux le terrain, d’où l’utilisation du 4-4-2. Quand l’équipe récupérait le ballon, elle s’appuyait sur la vitesse de Baptistao et Piatti. Ce dernier faisait office de figure idéale pour cette activité rectiligne qui consiste à courir plus vite que les autres, et en bout de course, délivrer soit un caviar de centre soit un but. Pour distribuer de bons ballons, il y avait Jurado et sa qualité technique. Gerard Moreno, lui, faisait ce que l’action demandait de faire. C’était d’ailleurs peut-être le seul joueur avec Jurado à briller dans plusieurs domaines. A titre d’exemple, le double-pivot composé par Fuego plus un autre, assumait exclusivement des fonctions défensives. Pour la créativité de cette paire, il faudrait repasser.

Ravalement de façade raté

Repassons alors quelques mois plus tard, à l’orée du début de cette saison. Rappelons-nous que le changement est révélateur de l’adaptabilité, selon ce scientifique de Darwin. Désormais, la plupart des autres équipe savent faire déjouer l’Espanyol. Ça, c’est une nouveauté. Pour espérer ne pas subir ce changement, l’Espanyol a pris les devants. Sergi Darder et Granero ont débarqué. A eux deux, ils sont censés modifier la façon de jouer des Blanquiazules. Ils doivent apporter la touche de contrôle du ballon qui manque encore à son équipe. S’il elle acquiert la capacité à contrôler des séquences du match à travers le ballon, elle deviendra imprévisible. Quique Sánchez Flores a donc sous la main des moyens de changer. Mais si le club de Barcelone est aujourd’hui 16ème du classement, c’est que l’adaptation n’a pas dû se passer comme prévu.

Sur le terrain, ni Granero ni Darder ne parviennent à exercer leur influence. Le principal problème de ce dernier, et il le dit lui-même, c’est que c’est davantage un gestionnaire du rythme qu’un créateur. Il faut comprendre par là que Darder a la qualité pour garder le ballon et le faire tourner, sans pour autant casser des lignes avec des passes géniales. Pour sa part, Granero est un faux bon transfert. Cela fait bien longtemps qu‘El Pirata n’est plus à son meilleur niveau. Les pensionnaires de Cornellà sont condamnés par leur entraîneur à répéter sans cesse des schémas qui ne marchent plus. Comme une blague qui ne ferait plus rire, ou un regard autrefois dévastateur qui produirait dorénavant un rictus gêné. Et des contrariétés, il y en a d’autres. Ravi de voir des jeunes formés au club (Roca, Navarro, Melendo et Martín) être lancés la saison passée, le public ne voit guère plus que Martín régulièrement. Joan Jordan, lui aussi formé au club, fait désormais les beaux jours d’Eibar… Sans parler du stade, qui à l’accoutumée déjà peu rempli, ne risque pas de faire venir de nouveaux amateurs en ces temps de bas-fonds footballistiques.

Comme une mauvaise habitude

Malheureusement pour lui, l’Espanyol a tendance à être un club de l’ombre, dont le destin préoccupe peu de monde. Ce statut était appelé à se modifier avec l’arrivée d’investisseurs chinois en 2015. Bien pensé, leur projet entendait de faire du club barcelonais un club européen dans les années à venir. Pour le moment, il n’en prend pas le chemin. On pourrait se dire que la deuxième partie de saison sera meilleure. Après tout, c’est lors du second tour que les Pericos se sont illustrés l’année passée. Cependant, cette équipe-là était encore jeune. Elle était en cours d’assimilation des idées de son entraîneur. De plus, la première partie de saison était bien moins mauvaise qu’actuellement.

Si l’Espanyol veut devenir un club qui compte, il faut qu’il suscite de l’émotion chez les gens. Or, il ne suscite qu’indifférence ces temps-ci. Du jeu, du monde au stade, des résultats, le verra-t-on avec un Sánchez Flores déjà sur la sellette ? Pour survivre dans un milieu hostile comme l’est un championnat, être adaptable au changement est l’unique solution. Personne ne veut finir comme les dinosaures.

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