Mais pourquoi la Roja est menacée d’être privée de Coupe du Monde par la FIFA ?

En avant Histoires La Roja

L’annonce a fait l’effet d’une bombe en Espagne, la FIFA menace la Roja d’une suspension de compétition internationale si l’ingérence du gouvernement dans le processus d’élection de la RFEF est avérée. Mais c’est quoi cette histoire ?

Dans la matinée, plusieurs journaux espagnols ont titré sur la possible suspension de toute compétition internationale qui pourrait frapper le pays. On est clairement encore très loin de ce scénario catastrophe, mais oui, le football espagnol est empêtré dans une série de scandales et une période de trouble. FuriaLiga tente de vous éclaircir cette histoire.

Le commencement : La chute du baron Villar

Pour qu’une histoire tienne la route, il faut un personnage central complexe. Ángel Maria Villar Llona est de la trempe des meilleurs héros de série. Tout d’abord footballeur au poste de milieu de terrain, il aura ensuite une reconversion similaire à celle de notre bon Michel Platini. Le bon Villar ne quitte pas le football après sa retraite en 1981. Tout d’abord consultant, Ángel devient président de la fédération de football espagnole en 88. Il enchaînera les mandants et deviendra ensuite vice président de l’UEFA, avant d’entrer dans le dernier cercle de la FIFA. Chapreon de Blatter avec qui il apprendra toutes les ficelles du métier du dirigeant corrompu, il reproduira en Espagne le système féodal du Suisse pour s’assurer une réélection sans encombre à la tête de l’institution espagnole. Mais voilà, avec la chute du Suisse et des autres barons de la FIFA, Villar est aussi destitué, mis en examen et même incarcéré pendant un court moment. Cependant le Basque ne démissionnera pas de son mandant de roi de la fédération. Il sera quand même suspendu pour une durée d’un an durant l’été 2017.

Credits : Realfrance.fr

Le déroulement : Une fédération dans le brouillard

Le bon Villar conserve donc son mandat si aucune mesure de destitution n’est prise par le gouvernement ou les institutions en charge du dossier. Et le dossier de l’ancien milieu de terrain connu pour son coup de coude sur Cruyff est lourd : détournement de fonds, abus de confiance et on en passe. Avec ce coup de filet, c’est tout un système qui tremble et une fédération qui entre dans le brouillard. Mais voila, ce système a du mal à disparaître, tant il est dans les gènes de la gouvernance de la RFEF (Real Federacion Española de Futbol, laf édé quoi, NDLR) depuis maintenant près de 30 ans, et le président intérimaire, Jean Luis Larrea n’est pas pressé d’organiser des élections et se voit bien finir tranquillement le mandat du bon Ángel.

Le dénouement : Le gouvernement s’en mêle et fait enrager la FIFA

Credits;Matthias Hangst/Getty Images

Le CSD (Consejo Superior del Deporte – Conseil Supérieur du Sport, NDLR) est une institution gouvernementale espagnole dont la mission reste le contrôle du monde du sport, et qui a donc un pouvoir juridique sur les différentes fédérations du sport de l’autre côté des Pyrénées. Et la situation à la tête de la RFEF ne lui plaît pas des masses. Voyant que le processus pour la mise en place de nouvelles élections n’était pas la priorité du patron intérimaire de la fédé, le comité a saisi le tribunal du sport espagnol pour « forcer » la main à Jean Luis. Et c’est ce point qui a déplu au plus haut point à la FIFA (oui parce que la corruption c’est pas trop grave, mais presser pour de nouvelles élections c’est vraiment pas bien), elle même informée de ce processus entamé par le CSD par la fédération. Car l’organe qui régit le foot mondial a toujours voulu une séparation claire du monde du football et du monde politique, sanctionnant -presque- toutes les ingérences. C’est même dans son règlement. Et pour l’organisation présidée par Gianni Infantino, cette démarche du CSD est une ingérence, d’où la mise en garde dévoilée ce matin. En plus de cette mise en garde, la FIFA a demandé une entrevue avec le président de la RFEF et le ministre des sports espagnol pour éclaircir la situation.

Mais la Roja risque-t-elle vraiment d’être suspendue ?

Pour la rédaction de FuriaLiga, on est encore très loin de cela, et on pense même que ce n’est qu’un feu de paille. Déjà parce qu’on ne voit pas trop la FIFA se priver d’une nation aussi importante que l’Espagne pour une compétition si importante pour eux et surtout parce que la FIFA ferme facilement les yeux quand les ingérences se passent dans des pays majeurs (coucou l’Argentine). Mais la situation à la RFEF est problématique pour le foot espagnol, c’est un fait. Pour finir sur un point plus léger, la dernière fois que la Roja a connu une situation similaire c’était en 2008, et l’Espagne a fini par remporter l’Euro cette même année…

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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